L'initiation ( Sous contrat d'édition )

chapitre 11

Leila

— Je te promets c'est l'homme de ma vie ce mec! dit Nicolas avec enthousiasme en toisant Raphael le serveur, de haut en bas.
Je souris à sa remarque.
— Nicolas! Il n'est pas gay! Lâche l'affaire.
— Ah ouais et comment tu sais ça toi? Miss Virgin. T'as niqué avec?
— Je le sais c'est tout!
Nous sommes vendredi et c'est le jour où Nicolas et moi nous nous retrouvons pour le déjeuner. Le bureau, café du coin est notre quartier général. Aujourd'hui Nicolas a catégoriquement refusé de me voir sortir mon sandwich maison et a proposé de m'offrir le repas à la place.
— Alors quoi de neuf Leila?
J'hésite à lui parler d'Edward, mais que lui dire? De toute façon je ne suis pas sûre d'avoir envie de le revoir après sa confession d'hier soir. Il me prend pour quoi? Une pauvre meuf de banlieue avec qui il peut s'éclater, en attendant d'épouser sa petite princesse de bonne famille.
— Mmmh ... Mon père veut me taxer de 800 euros tous les mois.
Nicolas ouvre de grands yeux surpris par ma déclaration.
—Quoi? Mais il est dingue ou quoi? C'est du racket chérie !
Je ris à l'exagération des propos de Nicolas. Il a l'art et la manière de toujours faire son marseillais, quelque soit les circonstances et c'est un trait que j'adore chez lui.
— Je suis sérieux ! C'est quoi ça ? Il ne te reste que 400 euros pour vivre. Il essaye de te contrôler Leila!
—Tu crois? Capitaine de l'évidence.
Je lève un sourcil moqueur.
— Oui! Enfin ok, il est strict et ne vous laisse rien faire. Mais là ! Il ne veut pas que tu puisses prendre ton indépendance Leila. Il a peur que tu réalises que tu n'as pas besoin de lui et que tu claques la porte.
— Je n'avais pas vu ça comme ça! Tu as peut être raison.
— J'ai carrément raison tu veux dire!
Raphael arrive avec l'addition et me fait un grand sourire. Il s'installe sur la chaise à côté de moi à califourchon. Nicolas est littéralement en train de baver. C'est vrai que Raphael est plutôt beau garçon: grand, bien foutu, des yeux bleus azur et une série de tatouages, un look sympa plutôt hypster et décontracté.
—T'es pas venu hier déjeuner ici? Ce n'est pas moi qui t'ai fait fuir avec ma proposition.
— Non! Non! ...j'avais trop de choses à faire au magasin c'est tout.
— Ah Ouais? Ça me rassure alors! J'ai cru que tu essayais de m'éviter.
Il replace une mèche de mes cheveux derrière mon oreille et humidifie ses lèvres en même temps.
— Ok alors dans ce cas, je ne peux pas t'en vouloir.
Il se redresse et me fait un clin d'œil. A ce stade La bouche de Nicolas est arrivée au sol.
— Leilaaaa! Mais il te drague ouvertement! Salope! Tu me prends tous mes mecs avec ton air de vierge effarouchée!
Je ris de sa mine boudeuse et secoue la tête.
— Oui je crois bien qu'il m'aime bien.
— Il t'aime bien? Il te baise littéralement du regard, s'il n'y avait personne autour, il t'aurait déjà sauté dessus.
—Tu fais encore ton marseillais à ce que je vois?
Nous riions de concert finissons notre déjeuner avant de retourner à nos activités respectifs.
Au moment où j'arrive au niveau du magasin, j'aperçois Edward qui m'attend adossé au mur. Il est concentré sur son téléphone et ne regarde pas dans ma direction. J'inspire profondément et accélère le pas. J'arrive à son niveau, bien déterminée à l'ignorer et à entrer directement sans lui parler. Il attrape mon bras pour m'arrêter et je me retire violemment de sa prise.
— Ne me touche pas!
Son regard s'assombrit.
—Leila! Laisse-moi au moins t'expliquer!
— Non il n'y a rien à expliquer! Tu as une meuf! Tu te sers de moi et c'est tout!
—Je me sers de toi? ricane-t-il, pour  me servir de toi il faudrait déjà que j'obtienne quelque chose en retour. On n'a pas baisé à ce que je sache!
Aïe ! Ces mots me heurtent comme une tonne de briques et je ne peux plus retenir mes larmes. Son visage s'adoucit il s'approche de moi à nouveau.
— Désolée bébé ! Ce n'est pas ce que je voulais dire.
Il prend mes mains dans les siennes je sursaute et m'en dégage brusquement.
—Ne m'appelle pas comme ça! Laisse-moi passer ou je hurle.
Ce dernier semble réellement affecté par ma cruauté. Ses yeux sont tristes et sa bouche tombe. Le voir ainsi me fait presque oublier ma haine, et je lutte contre l'envie de le prendre dans mes bras. Il finit par me laisser passer après un long instant d'hésitation. J'ouvre la porte du magasin et l'entend soupirer profondément derrière moi.

Je le regretterai sûrement plus tard, mais pour l'instant je suis trop blessée pour y penser.

.......

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