Un manoir dans les bois

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Nouvelle que j'ai écrite il y a presque un an. J'espère qu'elle vous plaira =)

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Je m'accroche désespérément, je ne veux pas y aller ! Mes pleurs redoublent lorsque Maman appelle Papa au secours. Celui-ci m'arrache du poteau auquel je m'accroche de toute la force de mes frêles bras et me pousse dans la voiture en m'obligeant à attacher ma ceinture. Je ne peux pas m'arrêter de pleurer et j'ai trop mal à la tête. Papy monte devant, tandis que Lise, ma grande sœur, conduit. Lise a seize ans, elle est tellement grande que je la considère plus comme une deuxième maman que comme une sœur. En même temps on a neuf ans d'écart, ça fait beaucoup.

Le bruit du moteur arrête mes larmes, mais ma terreur ne cesse d'augmenter. On roule pendant des heures sur l'autoroute, j'essaye de dormir, mais mon sommeil est peuplé de cauchemars alors je me contente de regarder le paysage. 

Ma peur vient de l'été dernier, on allait découvrir la nouvelle demeure de Papy et de Mamy, et on était allées se coucher avec Lise et Mamy, car on partageait une même grande chambre dotée de trois lits doubles. J'entendis vite Mamy et Lise ronfler, mais moi j'avais ma 3DS et j'y jouais la tête sous ma couverture. La lumière était éteinte. Et tard, le soir, j'entendis des bruits de pas dans la chambre, je n'osais pas enlever la couette pour regarder qui c'était avec la lumière de ma console, et écoutais donc le bruit pour voir si je ne pouvais pas identifier la personne. Mes sens aiguisés entendirent des soupirs rauques, puis un petit cri de terreur, un peu étouffé, qui venait du lit de Mamy. En tremblant, j'éteignis ma 3DS et attendis. Je crus entendre les pas partir dans l'autre sens. J'étais trempée de sueur, le cœur battant à tout allure. J'avais tellement peur que le soupir et les pas reviennent que je suis restée entièrement sous la couette, mais malgré ma peur, je tombais vite de fatigue. Le lendemain, je me levais, j'avais oublié l'histoire ou je pensais que c'était un cauchemar. Donc, bien joyeuse, j'ouvris les rideaux de la chambre et descendis en courant pour prendre mon petit déjeuner. Lorsque je vis Papy et Lise qui avaient l'air triste, résignés peut-être, dans la cuisine, je m'arrêtais, un peu inquiète. Ils me regardaient. Papy prit la parole :

"- Clémence, Mamy est décédée. Elle a été retrouvée morte dans son lit, ce matin."

Me rappelant des bruits de la veille, je fondis en larmes. Ils crurent que je pleurais uniquement à cause de Mamy, mais c'était faux. C'était des sanglots de terreur. Lise et moi repartirent le jour même chez nous. Et je décidais d'en faire part à Lise, le soir, des bruits que j'avais entendus. Elle ne me croyait pas, elle disait que j'avais sûrement rêvé. Qu'il ne fallait pas en faire un drame. Elle est toujours trop raisonnable, Lise. Mais moi je m'en rappelais très bien, j'étais sûre de ce que j'avais entendu. J'y repensais souvent.

On quitte l'autoroute pour une nationale, puis une petite route et enfin, on ne voyage plus que sur des petits chemins sinueux dans le bois. Il est sensé être midi et il fait noir, il y a pas même un peu de soleil qui entre dans les branches. Enfin, le manoir apparaît. Je faillis re-pleurer, mais je ravale mes larmes, décidant qu'il fallait que je garde le peu de dignité qu'il me reste. Mes mains tremblent.

Je descends de la voiture, la gorge nouée. J'ai l'impression que le manoir de Papy fait encore plus peur qu'avant. On entre donc. Et tandis que Papy cuisine des haricots verts en conserve et que Lise fait de la viande avec une bonne sauce, je reste à table, tout près d'eux. Je regarde partout, cherchant des indices. Je n'entends rien à part la discussion de Papy et Lise sur comment on cuit le mieux la viande. Je mets la table et Papy et Lise me rejoignent avec les plats. Je m'incruste dans le discussion. On parle de tout mais surtout de Mamy. 

On finit de manger et je prends mon courage à deux mains pour monter à l'étage, dans la chambre pour voir s'il y a pas d'indice. Je suis passée de l'apeurée à l'enquêteuse. J'ai besoin de démentir ce qui m'est arrivé. En même temps, j'ai toujours très peur. Je m'arrête à l'entrée de la chambre et regarde partout. A droite, le mur. Derrière, les escaliers. A gauche un long couloir plongé dans la pénombre. J'y suis déjà allée mais il n'y avait rien à part des vieux bouquins de Mamy. Je décide de m'y enfoncer, pour voir s'il n'y a pas de passage secret ou autre. Je commence par allumer mais l'ampoule est grillée, j'avance donc dans le noir, le cœur battant à tout rompre. Mais un bruit venant du haut me fiche la trouille de ma vie et je détale comme un lapin.

Je veux y retourner, mais pas toute seule, j'ai vraiment trop peur. Je redescends donc chercher ma grande sœur penchée sur son ordinateur portable, très concentrée, sûrement en train de lire des histoires sur facebook... sur le comment ça s'appelle déjà ? Ah oui, le FBW.

"- Lise ! Lise ! On a pas encore entièrement visité le haut du manoir, tu viens le visiter avec moi ?

- Hmm...

- Allez ! l'implorais-je.

- Oui, oui, ça va, marmonna-t-elle. Mais après tu me laisses tranquille !"

Je lui prends donc la main et l'entraîne à l'étage car nous avons déjà vu les salles du bas-étage dont la cave. Mes mains tremblent un peu lorsque nous nous engageons dans le couloir. On reste silencieuse, elle a l'air de s'ennuyer. Moi, je tremble de peur et d'excitation. Je la dirige jusqu'au bout mais il n'y a rien, juste un cul-de-sac, les bouquins de Mamy ont disparus. Ma déception est immense. Alors que ma sœur fait demi-tour pour visiter autre chose, je regarde en haut. Bingo ! Une trappe !

"- Attends, Lise ! En haut, il y a une trappe.

- J'aime pas jouer les casse-cou, Clémence. S'il n'y a pas d'échelle quand tu ouvres la trappe, on s'en va."

J'ouvre la trappe tandis que Lise revient près de moi. Une échelle se déroule. Lise et moi soupirons de concert. Moi de soulagement et elle d'agacement. Une légère odeur de pourriture se répand, je plisse le nez, mais ma sœur ne fait pas de commentaire, elle doit avoir le nez bouché. Je la priais de s'engager la première. Elle monte.

"- Il fait noi..."

Un cri déchirant se fit entendre. Mon coeur bat à toute allure. M'enfuir ? Rester ? Monter ? Elle me fait marcher, à tous les coups. Je monte. Doucement, d'abord, puis vite. Je suis dans le grenier, il fait totalement noir, je ne vois rien. 

"- Lise ?"

Je fais un pas en avant, le plancher grince. J'entends un ricanement qui me glace le sang.

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05/01/2013

LE CADAVRE DE DEUX JEUNES FILLES RETROUVÉ DANS UN MANOIR

Alberto Dorian Girold a téléphoné la police, hier après avoir retrouvé ses deux petites filles découpées en de nombreux morceaux avec un couteau retrouvé près des corps, dans le grenier. Clémence et Lise Girold avaient 7 et 16 ans. Leur famille est terriblement triste. La police s'est chargée de fouiller le manoir de fond en comble, mais aucun indice menant à une quelconque piste n'a été trouvé. Elle fouille donc à présent la forêt environnante. Alberto décide de déménager, nous confiant que sa femme est également décédée dans une chambre de ce manoir. Nous vous préviendrons de l'avancement de cette enquête.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 28, 2013 ⏰

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