Viatortem -en pause-

Le temps d'une danse

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Ça y est, je l'avoue, Mykyel me fait peur par moments. Sa façon de dire les choses directement et parfois même, brusquement, est un peu particulière et effrayante.

Je ne suis pas totalement convaincue de la pertinence de ce cours de «décorum et bien-séance du XVI siècle», mais je vais tout de même me prêter au jeu, puisqu'il semblerait que Mykyel va aborder également la culture et les loisirs bourgeois les plus dinstigués de l'époque. Mykyel déblatère sur les événements récents que je me dois garder à l'esprit lorsque je serai avec la société non-voyageuse du temps. Leur façon d'aborder la situation avec confiance et leur calme olympien me perturbent encore plus que l'état des choses lui-même. Liam et Mykyel semble vouloir à tout prix nous préparer, Viviane, Emery et moi, à vivre à cette époque-ci, comme si elle était la notre. Je commence à me demander combien de temps nous passerons ici. Je devrais en discuter avec Kholym un de ces quatre.

Mykyel et moi, rentrons dans une grande salle, qui semble être une salle de bal. Celle-ci est bordée d'immenses fenêtres qui assistent les grands chandeliers dorés qui pendent du plafond également doré. Les murs sont épurés et donne une allure de prestance à l'endroit. Le plancher, ciré à la perfection, glisse suffisamment pour bien danser, mais pas assez pour nous donner l'impression que nous allons tomber. En dessous des fenêtres, près des murs, se trouvent des tables élégantes, recouvertes de nappes ivoires brodées or. Le décor est festif et raffiné.

Assis à l'une des tables, Emery et Viviane discutent à voix basse, mais avec colère. Les yeux d'Emery lancent des éclairs alors que ceux de Viviane sont perlés d'eau. Je vois le poing de mon âme soeur se lever dans les airs, puis s'abattre violemment sur la table. Il se laisse avec puissance et, voulant partir de la pièce, me remarque. Son regard s'adoucit et un sourire triste s'étire sur son visage. Il m'est évident qu'Emery était anxieux pour moi, mais surtout que la présente situation ne l'enchante point. Je vois du coin de l'oeil que Mykyel a placé sa main gauche sur le pommeau de son épée, qui est entre nous. Il est près à la dégainer. Je passe ma main sur la sienne, lui fais un petit sourire qui se voulait rassurant, puis m'approche d'Emery et prends ce dernier dans mes bras. Il ne réagit pas vraiment au début, puis, il accote sa tête sur le côté de la mienne et encercle ma taille avec ses bras. Je ferme mes yeux pour mieux profiter de notre étreinte et tous mes autres sens se décuplent. L'odeur d'Emery, du caramel, de la cannelle et des noix, selon moi, m'apaise et ses doigts, qui se sont glissés dans mes cheveux, ramènent ma tête sur son épaule. Ayant également besoin de réconfort, je fais fit de la présence d'un quasi étranger, Mykyel et de celle de Viviane et m'éloigne de quelques centimètres de mon amour, pour aller délicatement poser mes lèvres sur les siennes. Nos âmes se mêlent, dansent et nos sensations nous transportent dans un autre monde. La salle tournoie autour de moi et Emery devient la seule chose qui compte pour moi, pendant les quelques secondes qu'a duré notre baiser.

Je me détache avec regret de mon amoureux chéri, pour remarquer que Mykyel est maintenant assis face à Viviane et que ces deux jeunes gens semblent avoir une fort intéressante discussion... Sans même nous consulter, Emery et moi marchons d'un seul homme vers nos deux amis et prenons place près d'eux.

Mykyel nous demande de porter attention et surtout, d'attendre qu'il ait terminé avant de lui poser des questions. J'ai l'impression de revivre mes cours d'histoire de deuxième secondaire, ceux qui portaient sur l'humanisme et la Renaissance, mais la leçon de Mykyel est beaucoup plus divertissante, puisque Mykyel a vécu la majorité des événements qu'il nous relate et parce qu'il peut réellement nous expliquer ce que c'est de vivre dans le «passé», car après tout, c'est son quotidien. Après ce qui me semble être une bonne heure de discussion sur la politique, la géographie, la religion et la conversation, Mykyel nous demande de nous lever. Intrigués, nous nous exécutons tous, avec sans doute des points d'interrogation dans nos yeux. Notre jeune professeur, nous demande de nous mettre face à face, Emery et moi. Je laisse involontairement sortit un léger rire nerveux. Tournant ma tête, je vois que Viviane et Mykyel sont placés dans la même position que moi et mon dulcinée désormais. De la douce musique classique s'élève dans les airs, Jayd ainsi qu'un autre serviteur sont entrés dans la pièce sans même que je m'en aperçoive et jouent présentement de la musique. Jayd joue du piano. Elle joue très bien et je suis bien placée pour le savoir, ayant moi-même joué de cet instrument pendant longtemps.

Mykyel place l'une des mains à Viviane, puis l'autre et se met à la guider dans une élégante danse à trois temps. Tentant de suivre les mouvements effectués par Viviane, je réalise que je réussi plutôt bien à exécuter les pas, mais pas grâce à mon talent, non, grâce à Emery, qui est à ma grande surprise, un excellent danseur et un partenaire hors-pair. Mykyel laisse Viviane improviser seule sur la musique pendant quelques minutes, le temps qu'il nous montre un peu plus comment nous devrions nous placer. Il me corrige beaucoup plus qu'il ne corrige Emery, puisque j'ai beaucoup plus de lacunes dans ce domaine artistique que mon partenaire. Alors que Mykyel retourne auprès de ma meilleure amie pour les derniers temps de la danse, Emery me glisse à l'oreille la raison de son talent. Il a une formation en danse classique et a déjà pris quelques cours de "ballroom". Faisant beaucoup plus confiance à son talent qu'au mien, je le laisse complètement me guider et m'imprègne du crescendo fulgurant que le violoniste exécute. Je m'enivre des magnifiques sensations qui me parcourent, de ma proximité avec Emery, de l'attraction qui règne entre nous alors que nous tournoyons dans la salle, que nos mains se touchent presque, sans pour autant s'atteindre. Son regard est plongé dans le mien et étincelle d'amour et de passion extrême. J'ai les joues brûlantes et je les sens devenir cramoisies. Je détourne les yeux, essayant de calmer mes désirs, sans pour autant y arriver. Présentement, je n'ai qu'une seule envie, embrasser Emery, le câliner, rester près de lui et ne jamais m'en séparer. J'aimerais tout simplement être tranquille avec lui, loin des prophéties et des histoires de roi, de reine et d'élus que je ne comprends qu'à moitié.

Malheureusement, nous avons terminer la leçon d'aujourd'hui avec Mykyel. Selon celui-ci, nous devons aller voir un tailleur, puisque nos vêtements nous feraient repérer immédiatement. Je n'ai pas envie d'y aller. Je n'ai pas envie de me séparer de mes vêtements et surtout, je n'ai pas vraiment le goût de me faire dépossédé de mes pantalons pour subir ensuite le supplice que consiste le port de robes et/ou de jupes. Emery m'envoyant un regard désolé ainsi qu'un baiser soufflé, je retrouve un peu de ma vigueur et me décide à partir chez la couturière avec Viviane et Jayd, qui sera notre guide.