Ce jour là

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Un jour, j'étais assise sur la première marche de l'escalier, il faisait beau même très chaud.
A 4 ans, je n'étais pas cette petite fille qui jouait dehors, non.
Je regardais mon petit frère de 1 an qui pleurait dans son trotteur, au milieu des colères de mon père.

Je connaissais ce mode de vie infernal, seule, sans avoir cette joie de vivre comme les filles de mon âge.
Je n'avais pas école pourtant j'aurais aimé y être, je me sentais bien avec la maitresse, elle m'aimait bien. Évidemment je n'avais pas de copines, elle disait que je ne rigolait jamais alors les voir jouer et rire dans mon coin faisait passer ma journée. Elles étaient toutes brillantes et pleines de vie alors que moi je faisais pitié avec mon visage pâle. Je n'aimais pas manger à la cantine, c'était jamais bon et les dames de cantine étaient assez bizarres et manger sur une petite table toute seule c'était pas amusant.

Ma maman ne pouvait pas venir me chercher à l'école, elle travaillait toute la journée et mon papa aussi alors c'était la voisine qui me prenait en gardant mon petit frère. Elle était tellement belle, elle s'appelait Aurélie, son mari était très gentil aussi mais trop prétentieux, malgré ça j'étais bien chez eux contrairement à chez moi. Je mangeais à ma faim, je pouvais jouer à ce que je voulais et même prendre mon petit frère dans les bras, ce que je n'avais pas l'habitude de faire. Pour faire court, j'étais heureuse, mais seulement de 16h30 à 20h.

Le soir était le moment de la journée le plus horrible, ma mère qui est fatiguée par son travail s'énervait très facilement et mon père... N'en parlons pas. J'évitais d'être proche de lui, enfin je l'étais avant...
Il est très grand, brun, typé italien; il faisait peur au regard des étrangers y compris sa propre fille et sa femme.
Je ne faisais pas de préférence mais je ressentais plus d'amour de la part de ma maman que de mon papa, je dirais même que je ressentais le contraire. Il me donnait plus de souffrance qu'autre chose, les bleus sur le corps me le faisaient comprendre, je voyais toute sa haine en lui à travers les marques et les quelques gouttes de sang qui venaient de mon visage. Ma maman ne pouvait rien dire, sinon elle allait autant souffrir que moi et je ne voulais pas... J'entendais les mêmes paroles sortir de sa bouche tous les soirs "Arrêtes! C'est ta fille!" Mais comment lui faire comprendre que je ne comptais pas pour lui, en étant un enfant non désiré je ne pouvais pas le prendre autrement.

La nuit j'avais énormément de mal à m'endormir, les coups me faisait mal et les pleures de mon frère devenait insupportable mais c'était mon quotidien.

Le lendemain matin, il était environ 5h du matin, ma maman était prête à partir mais où? Elle m'a réveillé avec mon petit frère dans les bras et m'a demandé de m'habiller, je l'obéissais sans avoir compris tout de suite qu'on allait partir mais à trois...
Mon papa dormait encore, elle a eu le temps de préparer nos valises en quelques minutes. En mettant mon petit frère dans la voiture, j'avais réalisé qu'il me manquait quelque chose, alors je suis monté pour aller dans ma chambre et prit mon ours en peluche que mon papa m'avait offert bébé..
Je fermais ma porte et passa devant sa chambre, je le regardais dormir quelques instants en me disant dans ma tête de petite fille que peut être je ne le reverrai plus jamais et qu'il sera toujours mon papa, j'ai eu le temps de lui chuchoter dans son oreille "Je t'aime papa." Je suis parti de sa chambre en serrant très fort ma peluche, et regarda une dernière fois notre photo de famille qui se trouvait à l'entrée.

Un jour, j'étais une fille battue puis une fille de parents séparés. Malheureusement, c'était mon destin.

L'innocenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant