La dernière bougie

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Je n'ai jamais été d'un naturel confiant. J'ai toujours eu peur de l'autre. Alors, quand il a fallu ce trouvé un travail, c'était l'horreur. Par chance, j'ai été prise dans une maison de retraite. L'une des règles principales étaient de ne pas s'attacher au patient. Avoir le minium syndical au niveau des rapports vocaux. C'est ce que j'ai fait. C'est ce que j'ai fait, même un peu trop bien. Rapidement, je suis devenue l'aide-soignante surnommé : la reine du givre. Peu importe, cela me convenait. Un jour, je reçu un cadeau très spécial de la part d'un vieux monsieur. Alors que je lui apportais ses médicaments, il me saisit ma blouse. Tirant dessus comme un enfant. Avec sa voix roque mais, un peu fluette, il me dit :

-Mademoiselle venez-vous asseoir ... j'aimerais vous parler.

-Je ne peut pas. Et puis-je suis la reine du givre. Lui lançais-je avec cynisme.

-Ne dite pas ça, allez. De plus, je sais que je suis votre dernière visite. S'il vous plaît mademoiselle.

Face à cette candeur, j'ai cédé. Je me suis assise sur le bord du lit. Il m'a regardé, sourit et dit :

-Vous devez souvent l'entendre dans cet endroit mais, vous ressemblez beaucoup à ma fille.

Oui cette phrase a été entendue par beaucoup de monde mais, pas moi. J'ai baissé les yeux pour regard le sol fade et vide de sa couleur. Il posa sa main rugueuse sur la mienne. Puis me murmura :

-De toute celle et ceux qui travaillent ici vous êtes celle qui êtes la plus chaleureuse.

-Je ne trouve pas ...

-Parce que vous êtes jeune et que vous pensez qu'il vous faut des mots pour parler mais, ce n'est pas toujours vrai. Vous, vous arrivez à parler avec les gestes et votre regard. A mon époque, c'était un gage de qualité. Prenez la petite boite dans ma commode.

J'ai hésité et je l'ai fait. J'ai ouvert le tiroir dedans ce trouvais un lot de 100 chandelle nouée par un ruban rouge. Le tout posé dans une petite boite. Je les ais prises. J'ai regardé Monsieur Novembre de manière interrogative. Il s'empressa de me donner une réponse.

-Nous n'aimons pas le noir. Cela nous rappelle trop souvent ce qui nous attend à la fin. S'il vous plait parler à cent d'entre nous. Posez une chandelle dans nos chambres, cela nous rassura.

-Monsieur Novembre, je n'ai pas le droit.

-Fichez-vous des interdis mon enfant. Allez de l'avant, ouvrer votre cœur.

-Je ...

-Vous trouverez des petites cloches à chandelle dans la droguerie en bas de la rue. Vous n'avez plus aucune raison d'avoir peur que la maison de retraite brûle. S'il vous plait.

-D'accord.

J'ai salué Monsieur Novembre et je suis sortis.

Les jours ont passée tranquillement depuis. Je n'ai pas osé me servir tout de suite des bougies. C'est quand j'ai commencé à parler aux autres résidents que j'ai posés les bâtons de cires. Au début, rien n'était flagrant ni changé mais, je me suis vite rendu compte du poids que je venais de m'assigner. Les bougies allumées j'ai fini par rapidement les éteindre. Bougies après bougies je fais mes adieux aux personnes avec qui j'avais discuté en soufflant sur la flamme. Le temps me semblait accélérer et mon cœur, lui, semblait désemparée. Celui à qui j'ai porté le plus d'attache était Monsieur Novembre. Sa bougie était la dernière. Plus les jours passaient plus je le voyais disparaître. Un soir d'automne, il me tint des mots que jamais je n'oublierai.   

-Ma petite, je vais vous apprendre une chose. Sachez que la véritable chandelle, la vraie lumière qui nous empêchait d'avoir peur du noir ... c'était vous.

Monsieur Novembre mourût quelque minute après. J'ai soufflé la dernière bougie. Mon cœur implosa dans ma poitrine. Ce travail m'avait appris mais, à quel prix ... J'ai démissionné le lendemain. J'ai grandi, mûrit et vieilli.

Viendra le temps ou moi aussi je soufflerai ma bougie.

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La dernière bougieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant