Prologue

598 25 0
                                    

Jeudi 8 février - Noé


Aimer. Un mot qui n'avait jamais eu de sens pour moi, ni pour beaucoup d'autres personnes. Ce que je cherchais n'était pas compliqué : du sexe, et rien que cela. Je n'avais jamais connu qui que ce soit qui m'avait touché de par sa personnalité, qui m'avait ému au point que j'en tombe dans ses bras. Les femmes, tout ce qu'elles étaient pour moi, c'était des ombres mouvantes. Je n'arrivais pas à voir en elle des personnes charmantes et adorables. On les admirait de la même manière que les hommes, ou on les haïssait autant qu'eux. C'était simple. Bon, je ne pouvais guère dire pour autant que je détestais les femmes, je les traitais comme des égales. C'était ce qu'elles étaient. Je ne voyais pas pourquoi on les considérait comme inférieures, ou comme moins fortes. Certaines femmes étaient capables de mettre des hommes au tapis, alors que ces derniers faisaient trois fois leur poids.

Je ne connaissais pas beaucoup de personnes de genre féminin. Bien sûr, il y avait les actrices que je fréquentais, et avec lesquelles je devais être d'une prudence sans faille. Elles savaient toutes jouer un rôle, elles savaient toutes faire semblant, et c'était bien les personnes les plus dangereuses. On ne pouvait pas dire que je ne m'en méfiais pas. Evidemment, j'étais un homme, et j'avais fréquenté des filles, très naturellement, et j'avais été en couple plusieurs fois, sans pour autant obéir à aux règles sentimentales. C'était juste du sexe, et rien d'autre. Je ne pouvais pas dire que j'avais aimé l'une d'elle. Pris d'affection, à la rigueur, mais je n'avais jamais connu les pleurs ou la peine lorsque je m'étais séparé d'elles. Bien évidemment, ce n'avait pas été aussi simple dans leur cas. Beaucoup m'avait reproché de m'être servi d'elles, de les avoir manipulées. C'était faux. Dès le début, j'établissais un contrat comme mon emploi me l'obligeait. Une sorte de charte qui leur interdisait de nous afficher publiquement, de parler de moi et notre relation, car cette dernière serait purement dénuée d'intérêt. Toutes l'avaient respecté, et il n'y avait jamais eu la moindre fuite. Mais plusieurs étaient revenues me voir pour me demander de leur accorder du temps. Je les avais toutes rejetées. Dans les studios, certains m'appelaient le briseur de cœurs. Quelle ironie ! Si j'avais vraiment voulu briser ces filles, j'aurais pu y aller bien plus durement que ce que j'avais fait.

Mon frère m'arrêta dans ma rêverie, me mettant les mains devant les yeux comme il adorait le faire, et je me retournai sans lui répondre. Son sourire m'indiqua clairement qu'il était fier de son coup. Si je n'avais pas su qu'il avait à ce temps déjà trente-huit ans, je lui en aurais donné seize, quoi que son physique ne fût pas vraiment en adéquation avec l'adolescence. J'haussai les épaules et fit les gros yeux pour qu'il m'explique sa venue dans mon bureau. Avec mon salaire, je louais un assez grand appartement, que je partageai avec mon frère, qui travaillait dans le domaine hôtelier. Il avait arrêté de se produire sur scène avec Lucas et moi lorsque nous étions encore en début d'adolescence, pour se lancer dans des études d'économie, ce que mon père avait eu beaucoup de mal à accepter, d'ailleurs. Mais il était parvenu à ses fins. Et moi j'avais continué à me produire avec mon cadet dans le casino de mon père à Las Vegas.

Là, je n'avais qu'une envie, c'était de travailler rapidement, terminer ce que je devais faire le plus vite possible. Malheureusement, c'était presque impossible avec mon aîné sur le dos. Comment pouvais-je écrire un scénario avec cet énergumène qui vivait dans la même maison que moi ? J'en étais venu à une réponse bien rapide : c'était impossible. Miles me menait la vie dure, à un tel point que je me demandais souvent qui était le plus mature de nous deux. En fait, la question ne se posait même pas. J'étais certain de la réponse. Malgré tout, Miles était un adulte et rien ne pouvait le nier. Chaque semaine, il ramenait une femme, et j'avais cru l'entendre, un jour comme un autre, dire qu'il devait peut-être enfin penser à se trouver quelqu'un avec qui se marier et fonder une famille, et qu'il avait déjà une idée sur la personne. Depuis, je le taquinais gentiment à propos de cela. J'aimais beaucoup m'imposer dans sa vie pour tout savoir sur lui, et il me le rendait bien, au final.

Dangereusement Engagés [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant