Samedi 10 février - Nute
La première chose que je fis lorsque j'entrai dans cette chambre juste ridiculement petite, ce fut m'empierger dans un sac qui trainait et me ramasser lamentablement sur le parquet, devant un Alexy hilare qui me regardait dans l'embrasure de la porte, derrière moi. D'un bond, je me redressai, et époussetai mes vêtements. C'était bien beau d'être militaire et de ne pas savoir éviter un malheureux sac ! Mon fiancé se posta derrière moi, enjambant évidemment la valise que je n'avais malheureusement pas vue, et entoura son ventre de ses bras fins. C'était un homme bien, et avec un cœur immense. Personne ne pourrait jamais lui reprocher d'avoir fait preuve d'égoïsme : il pensait toujours à autrui avant lui-même.
-Tu vas partir trop loin de moi pendant trop longtemps. Je vais m'ennuyer sans vous.
-On ne part que deux semaines, Alex, tu vas survivre, ris-je.
Je me retournai et lui pris les hanches entre les mains avant de me pencher légèrement pour m'emparer de ses lèvres. Il était plus petit que moi, mais j'aimais beaucoup me sentir grand du haut de mon mètre quatre-vingt-dix. Je ne croisais pas beaucoup d'hommes aussi petits qu'Alexy, mais il paraissait que celui que j'allais voir n'était pas bien grand. Cela me fit sourire. Je traitais souvent mon fiancé de nain, j'allais peut-être pouvoir lui dire que j'avais trouvé pire que lui ? Enfin, pour l'instant je n'en savais rien, je n'avais jamais vu monsieur Trusbell, celui qui devait m'accueillir, et je ne me fiais jamais aux rumeurs. La dernière fois qu'on m'avait dit « cette mission sera un jeu d'enfant », j'ai perdu Harrison, l'un de mes fidèles soldats, l'un de mes amis et compagnon de longue date.
Je laissai une lignée de baisers sur la clavicule de mon homme, avant de m'écarter, le laissant presque frustré, avant de hurler à travers l'appartement, me moquant royalement de si les voisins m'entendaient ou non. Après tout, ils n'avaient pas leur mot à dire. C'était un couple de jeunes qui venaient juste d'emménager, et ils ne savaient pas ce que c'était que d'élever deux adolescents qui ne s'entendaient absolument pas.
-Anna, Aaron ! Vos bagages sont prêts ? On part dans cinq minutes !
J'entendis un « oui » retentir à travers les murs, bien féminin, mais aucune nouvelle du frère. Bon, il ne parlait plus beaucoup depuis le décès de ses parents, je ne lui en voulais pas. Il était encore très perturbé de cette énorme tragédie qui s'était abattue sur sa famille. Une mère assassinée, une tante, une sœur... Un père qui soit disant ce serait suicidé.... Il y avait de quoi retourner le cerveau de n'importe qui. Moi-même j'étais encore complètement sous le choc. J'avais eu beaucoup de mal à m'en remettre. Mon frère et ma sœur avaient été ce que j'avais eu de plus cher, ma belle-sœur aussi, malgré tout, et ma nièce, bien sûr. Bon, j'avais hérité d'un nouveau bambin Nothingost quelques mois après l'accident, mais tout de même.
Alexy me tira de ma rêverie en se dressant sur la pointe des pieds pour m'embrasser, et m'indiquer qu'il nous restait peut-être encore cinq minutes d'intimité. Seulement, je ne pouvais rien faire avec ces deux monstres au visage humain qui trônaient chez moi. Oh, bien sûr, ils m'obéissaient, et ils avaient bien intérêt à le faire. Cependant, entre eux, c'étaient les pires énergumènes que la planète comportait en sa surface. Même les yétis, à côté, semblaient absolument inoffensifs... Enfin, en admettant qu'ils existaient évidemment !
C'était dans ce genre de moments que j'adorais me remémorer le passé. Je regrettais l'harmonie qui régnait entre ces deux enfants à l'époque où leurs parents étaient encore là, je regrettais le temps où ils se protégeaient mutuellement contre tout assaut extérieur. Mais bien sûr, toute période avait sa fin. L'âge d'or avait cédé sa place à l'âge d'argent qui avait lui-même cédé à l'âge de bronze. Maintenant tout c'était que guerres infantiles et insupportables. Parfois, j'avais envie de prendre Aaron par la peau des fesses et le balancer par la fenêtre. Il n'avait que quatorze ans... S'il me vouait un respect sans faille, parfois, il n'en était pas forcément de même avec Alexy qui subissait son courroux en mon absence. C'était sa période « je m'en fous de tout et je fais ce qu'il me plait ». Sauf qu'il n'avait pas compris qu'Alexy était étroitement en contact avec moi et que tout ce qu'il lui faisait subir, il le regretterait. Ce n'était pas faute de lui montrer que mon fiancé n'était pas son complice mais l'une des personnes qui avait participé à son éducation. Bon, je ne disais rien parce que malgré tout, ce dernier adorait les gamins. Je me demandais même s'il n'était pas un petit peu masochiste par moments.
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Dangereusement Engagés [Boy x Boy]
RomanceL'un est acteur, ce genre de personne populaire qui aime beaucoup se montrer en public, et très proche de sa famille, avec un fils débarqué de nulle part... L'autre est un militaire appelé pour faire un documentaire sur son métier, qui évite de mont...