L'Histoire de ma Vie. Tome 1 : L'Héritière.

Chapitre 10-1 : Un aller simple en prison.

Partie 1 : Raconte-moi mon histoire.

5 Novembre 1841. Fin d'après-midi, 17H56.

Après avoir passé un long moment plongée dans un apaisement total, je réalisai sans surprise que le temps avait filé. La nuit enveloppait désormais le paysage et laissait danser ses aurores pour m'offrir ce merveilleux spectacle. Je me retrouvai captivée par ce spectacle d'une beauté saisissante, trônant au sommet du monde, ou du moins, du Royaume. D'ici, j'avais la meilleure vue pour observer le ciel s'éveiller et danser, mais au fond de moi, je savais qu'Arendelle m'attendait. J'étais partie depuis des heures, et je pouvais déjà imaginer l'inquiétude des Souverains. Même si ce lieu me comblait de sérénité et que rester ici ne m'aurait pas dérangé, je compris qu'il était temps de redescendre. Les nuits Arendelliennes, imprévisibles et dangereuses, ajoutaient un poids à ma décision. Rejoindre le château à travers la forêt, seule, me faisait regretter ma fuite impulsive.

Avec un poids dans la poitrine, je me redressai, jetant un dernier regard nostalgique vers le ciel. Les aurores continuaient leur danse gracieuse, mais je savais qu'il était temps de rentrer. Un soupir m'échappa en songeant à ce qui m'attendait : il faudrait que je m'excuse auprès d'Elsa. Malgré les révélations que cette escapade m'avait apportées, j'avais été imprudente. Et m'excuser devant une Reine n'était pas une tâche facile, d'autant plus quand on savait qu'on avait complètement fauté. Je m'attendais à une réception froide et, plus que tout, à sa déception, ce qui me pesait le plus. Mais au fond, Elsa avait raison depuis le début : ce n'était pas d'action dont j'avais besoin, mais de repos et de temps pour harmoniser mes pouvoirs. Me fier à elle et à son expérience me semblait désormais être la seule voie à suivre.

Cette escapade m'avait enseigné et fait ouvrir les yeux sur ce que je ne voulais voir, sur le monde qui m'entourait et les révélations qu'il abritait. Bien que je ne l'eus accepté, j'étais la fille des Souverains d'Arendelle et mon rôle serait de protéger ce Pays, que je le veuille ou non. Elsa avait été claire sur ce point : je ne pouvais plus me dérober. J'étais liée à ce destin et je ne pourrai y échapper. Pour appuyer mon choix, je connaissais à présent ce Royaume, j'en avais vu la beauté et la prospérité, et je ne voulais qu'une seule chose : le défendre. Je ne connaissais pas réellement la raison d'un tel engagement, surtout si soudain, pourtant, je savais que je ferai tout pour le sauvegarder. Après tout, Jack était bien revenu dans l'unique but que je leur apporte mon aide, du moins, c'était ce pour quoi Elsa et le Conseil l'avaient missionné. Peut-être serai-je capable de faire la différence.

Soudain, des bruits de pas dans la neige, des respirations lourdes et des voix inconnues me figèrent. Affolée, je me précipitai vers le balcon. En contrebas, une dizaine de soldats, en uniforme prune, avançaient en formation serrée. Ils n'étaient pas d'Arendelle. Instinctivement, je compris qu'ils ne venaient pas par hasard. Impossible de fuir, les montagnes m'enfermaient. Je me réfugiai à l'intérieur, espérant que les murs de glace me protégeraient. Mon cœur battait à tout rompre. Le palais trembla sous les coups d'un bélier. Puis, dans un fracas assourdissant, la porte céda. Ils étaient là, et je n'avais aucune issue.

Mon souffle se fit court, mes pensées s'embrouillèrent tandis que le fracas des pas résonnait dans tout le palais. Chaque écho semblait rapprocher la menace qui pesait sur moi, un pas après l'autre. J'essayai de me ressaisir, de calmer la glace qui commençait à envahir mes paumes et à geler mes doigts, mais la peur paralysait tout en moi. Je me sentais piégée, coincée dans ce palais qui, quelques instants plus tôt, m'avait paru si apaisant, presque protecteur. Maintenant, il n'était qu'une prison de glace, fragile face à la brutalité des assaillants.

Je me cachai derrière une colonne, espérant que son ombre dissimulerait ma présence, mais c'était peine perdue. Les soldats avançaient rapidement, avec une précision alarmante. Ils étaient venus pour moi, je n'en doutais plus. Une vague de désespoir me submergea, mes pensées dérivèrent vers Elsa et Jack. Où étaient-ils ? Est-ce qu'ils savaient ce qui se passait ici ? Est-ce que j'allais jamais les revoir ?