Le Corbeau

Chapitre 1

J'étais assise dans le lit, à ses côtés. Je me sentais bien comme jamais auparavant. C'était l'homme de ma vie, je le sentais. Il me faisait sentir comme la plus belle fille au monde. On était le matin environ vers six heures. Les oiseaux chantaient et il dormait encore. J'étais couchée sur le dos, lui sur le coté. Une de ses jambes était par-dessus moi, et une de ces mains sur mon ventre. Pour la première fois de ma vie, je n'avais pas de complexes, plus je réfléchissais et plus je trouvais que le vie était belle. L'homme que j'aimais depuis quelques temps venait depuis hier de me démontrer que son amour était réciproque, bien que je ne lui aie jamais avoué ce que je ressentais pour lui.
La maison était vide. Le silence régnait. Le silence par contre me rendait de plus en plus anxieuse. Comment allais-je vivre désormais? Je ne voulais pas me cacher. Mais je savais que ce n'était pas bien. Je savais que personne ne serait d'accord. C'était évidant. Allait-il se réveiller et faire comme si rien n'étais? Je voulais le crier sur tous les toits. J'étais amoureuse. Vraiment beaucoup. Mais lui m'aimait-il autant qu'il le disait? Je le souhaitais. Il était quand même toute ma vie.
J'étais nue et lui aussi. Dans le même lit. Il me semblait que ça voulait tout dire.
L'angoisse était plus immense. Je regardais la chambre dans laquelle je me trouvais. Les murs blancs, le lit blanc, les meubles gris. Il y avait mes vêtements de la veille un peu partout. Moi qui était si bien un instant, devenait soudainement faible et mal en point. Il y avait peu de lumière dans la pièce. La fenêtre était ouverte et laissait entrer l'air glaciale d'octobre. Je me levai donc pour aller la refermer. J'étais toujours pieds nus et le sol en bois était plutôt froid. Je m'installai devant la fenêtre et regardai le beau paysage d'automne. Les feuilles de toutes les couleurs étaient sur le terrain. Les branches d'arbres dansaient entre elles. La brume était présente. Peu d'automobiles passaient, il était encore trop tôt pour un samedi.
Quinze minutes plus tard, comme il n'était toujours pas réveillé, je descendis en bas pour essayer de changer mes esprits. Mais avant, j'enfilai ma chemise bleu pâle et ma petite culotte. Au rez-de-chaussée, la maison était propre et bien rangée. Comme la chambre, elle était blanche, partout. C'était une de ces maisons modernes fraîchement construites. Les meubles étaient comme celle-ci. Je m'asseyais sur le divan en cuir noir. Genoux contre le menton, je ne cessais de réfléchir à hier, à aujourd'hui et à demain. J'ai toujours été du genre à m'en faire trop pour hier. Je n'étais pas contrôlante mais j'aimais maîtriser la situation et je détestais lorsque celle-ci m'échappais. J'avais le besoin de parler avec quelqu'un, mais je savais que c'était impossible. Cette situation était particulière et je devais la vivre seule ou avec lui. Mais je ne pouvais savoir ce que lui en pensais. Même que parfois, je me disais que, c'était mieux de ne pas savoir. Je ne voulais pas souffrir. Du moins pas encore. Du plus loin que je me souvienne, je l'avais aimé. Et cela me faisait plus de bien que de mal. Je l'aimais depuis trop longtemps. Je devais lui parler où bien attendre de voir son attitude face à cette situation.
Mes cheveux bruns libres cachaient mon visage. Lorsqu'il descendit des marches brunes collé au mur.
-Salut beauté, entama t''il d'une voix chaude.
Je n'osais pas répondre, mais je le scrutai du regard.

Il avait enfilé un sous-vêtement qui mettait tout son corps en valeur. Ses cheveux blonds cachaient son front, sa peau un peu bronzée et son ventre remplis d'abdominaux, me laissait sans mot. Totalement. Il se dirigea ensuite vers la cuisine. Comme tout l'étage était à aire ouverte, je pouvais le regarder discrètement. Mon cœur, lui, battait la chamade. Depuis mon réveil, je ne cessais de me répéter les mêmes choses. Plus ça avançait et plus je m'empêtrais et ne croyais ne pas m'en sortir. Seulement, dès qu'il m'appela beauté, une partie en moi, cessa d'angoisser.
Je savais désormais, que j'avais besoin de lui, peu importe la situation.
- Ça va? Me demanda t'il.
-Oui, oui. Et toi?
-Ouais pas mal. J'ai adoré cette nuit. Wow!

J'étais mal à l'aise et gênée, pour moi c'était la première fois, ma première fois, mais lui sûrement pas. J'avais décidé de ne pas le faire avec n'importe qui. Je voulais que la personne avec qui j'allais partager ce genre d'intimité, m'aime vraiment. Sur ce point j'étais heureuse, vraiment. Depuis le moment où j'ai commencé à grandir et découvrir le monde de la sexualité, j'avais secrètement rêvé et espéré irrationnellement de faire l'amour avec lui. Comme par magie, mon rêve s'était réalisé hier soir et maintenant, alors, mon moral était au plus bas. Comme d'habitude, il sut quoi faire faire pour m'aider à aller mieux. Il me connaissait si bien et moi aussi. Lui et moi, ça faisait trop longtemps que nous vivions ensemble sans vraiment s'avouer amoureux. Ça nous rendait malheureux.