Chapitre 4: Partie 3

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Bonne Lecture ~♡

Je fais quelques pas dans la rue, malgré le temps relativement doux en cette période les nuits restent fraîches. Je gonfle mes poumons d'air et expire longuement.

Nous avançons dans la rue, le pas long, le silence lourd. Les lumières chaleureuses des bars illuminent les trottoirs, les musiques raisonnent et je sens le calme reprendre le dessus dans mon esprit brouillé.

Nous avançons vers Washington square park sans mot dire. Une fois devant, une bonne trentaine de minutes plus tard, nous nous asseyons sur le bord de l'immense fontaine. Je sers ma veste autour de moi.

- Alors ? demande-t-il apparemment totalement perdu.

- J'ai paniqué, soupirai-je en fixant obstinément le sol.

- Papa et maman t'ont proposé de parler à une psychologue, ça pourrait t'aider tu ne penses pas, suggéra-t-il.

- A quoi ça me servirait, avançai-je comme à moi même.

- A vider ton sac ? évoque-t-il en s'étirant.

- Je n'ai pas envie de me mettre à nue devant qui que cela soit, affirmai-je en fixant mes poings serrés sur mes genou.

- Parle-moi.

- Non.

- Scarlett, tu es en train de te rendre malade, regarde toi, combien de kilos as-tu perdu depuis l'hôpital ? questionna-t-il brusque.

Je réfléchis. Quatre. Je suis passée de cinquante six à cinquante deux.

- J'ai un peu moins faim, supposai-je.

- Oui, ou alors tu te laisses mourir à petit feu, insiste-t-il en se levant et s'accroupissant devant moi. T'es paumée et je peux pas te conseiller parce que je suis dans la même merde, mais il faut à tout prix que tu te sortes de cette passe.

- Je sais, mais comment ?! questionnai-je en sentant le calme céder à la peur du lendemain. J'ai fait du mal à beaucoup de gens et je suis en train de payer les pots cassés.

- Bats-toi, encaisse et avance. Tu as fait des conneries et c'est le cas de tout un tas de personnes, alors avance et essaie de rattraper tes bêtises, me lâche-t-il en attrapant mes mains. Maman m'a dit que j'allais aller dans un centre de désintox, ça va plus, avoue-t-il d'un coup.

Je le fixe les yeux écarquillés, c'est impossible, pas maintenant. Je serre ses grandes mains chaudes dans les miennes...

- Sors t'en pour nous deux, quand je reviendrais, tu auras ton diplôme et tu t'en seras sortie plus forte que jamaus, énumère-t-il ses yeux couleurs ciel d'été vitreux. S'ils te marchent sur les pieds fais les bien galérer, c'est pas si facile que ça d'abattre un Foster.

- D'accord... Tu reviendras vite pas vrai ? demandai-je sentant doucement mes yeux briller à nouveau.

- T'inquiète pas pour moi.

Ce soir là, j'ai décidé que j'allais lutter. Il était hors de question que je me perde de nouveau, Sean m'avait ouvert le chemin a parcourir, il ne me restait plus qu'à avancer qu'importe le nombre d'obstacles.

Il fallait que j'arrête de me conforter dans mon insignifiance. Il fallait que j'ouvre les yeux à toutes ces personnes qui acceptaient de perpétuer ce jeu horrible. Nous étions tous dans le faux et le malsain...

Le lendemain dans un état épouvantable, je me rendis une heure avant tout le monde au lycée. Ou plutôt dans la rue adjacente. J'étais assise là, le dos contre le mur, je savais que j'allais être sous tension toute la matinée et la simple idée me donna envie de dégobiller.

Je respire fort, prends une grande bouffée d'air et me dis que je dois y aller. Je dois changer et maintenant, pas demain, pas après-demain, maintenant.

Je me lève et d'un coup, je sens qu'on tire la hanse de mon sac et recule d'un pas en arrière. Je me retourne brusquement pour faire lâcher prise, à je ne sais qui, et prête à lâcher un grand coup de pied constate que c'est juste Tobias, en train de fumer une sèche.

- Mais qu'est-ce que tu fiches, j'ai failli t'émasculer, m'exaspérai-je en le fixant.

- Ahah, laisse mon entre-jambe tranquille, ricane-t-il en soufflant sa fumée dans un coin.

- Arrête avec ça, m'agaçai-je en attrapant sa cigarette que je jetai par terre avant de la piétiner.

- Espèce de dictatrice, s'amuse-t-il en fixant mes pieds.

- Ouais, bah tu sais quoi ?

- Non mais tu vas me le dire, je suppose, répond il en me regardant droit dans les yeux.

- Je suis désolée pour ce que j'ai fait, je sais que ça risque certainement pas de changer mes actes, mais je veux que tu saches que je regrette sincèrement les affres que je t'ai fait vivre, dis-je à toute vitesse me demandant où j'étais sensée regarder lorsque je m'excusais.

Je sentis la gêne monter, pourquoi ne répondait-il rien... Il pourrait m'envoyer bouler, ou rire, ou je sais pas juste faire quelque chose non ? Je sentis mes joues picoter, réponds quelque chose, alleeeez...

- Ok.

Je ne pus m'empêcher de le regarder éberluée... C'est tout ?! C'est ça sa réaction... C'était sensé être aussi simple des excuses...? Cela m'a demandé des efforts surhumains, alors que les choses sont aussi simples que ça.

- Il fait froid, on peut bouger, demande-t-il en frottant ses bras à l'air.

Je ne réponds rien et le suis.

- Tu m'as excusé là ? demandai-je curieuse.

- Je sais pas, j'imagine, dit-il en se grattant le crâne.

- Ah.

On va en classe, je pose mon sac sur ma table et lorsque je me retourne, je le vois en train de soulever la sienne. Incrédule, je le regarde pousser d'un coup de hanche la celle à côté de la mienne et poser sa table comme si ce fut une plume.

Il attrape l'autre, la met à son ancienne place et vient finalement s'asseoir.

- Tu déménages ? ris-je en le fixant.

- Ouaip, on m'a dit que le coin et sympa et je pense savoir que le voisinage a besoin d'un coup de main.

Je lui souris, il me sourit. 

On a l'air de deux cons mais qu'est-ce que c'est bon.

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant