Chapitre V : (2) Confrontation inopinée, justifications révoquées

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La même sensation que j'avais eue dans la salle de sport me parcourut l'échine. Puis...

Incroyable. Je n'en revins pas ! Une boule d'air, de la taille de mon poing, flottait au-dessus de ma paume. Exactement comme la dernière fois. Puis, sans savoir comment, une chose changea. Dans mes veines, je sentis une force inconnue. Comme si cette force était restée cachée depuis longtemps en moi, et qu'elle ne se réveillait que maintenant. Mais comment est-ce possible ? Est-ce vraiment moi qui ai fait ça ? Je bougeai légèrement ma main. Mais la boule flottait toujours au-dessus, suivant le mouvement. Je n'en revins toujours pas. C'est...impossible ! Je restai là quelques instants, regardant avec stupéfaction, la sphère qui flottait au-dessus de ma paume.

Mais d'un coup, je me sentis faiblir. Et la boule d'air disparut, ne laissant aucune trace de son passage. C'est à ce moment-là que les questions –que j'aurais dû me poser dès le départ- se bousculèrent dans ma tête. Que m'arrive-t-il ? Pourquoi ? Comment je peux faire une telle chose ? Que suis-je ? Devenais-je folle ? Je ne comprends pas...

Je respirai calmement, essayant de ralentir les battements de mon cœur. Il faut que je fasse des recherches lundi. Si ça se trouve, je ne suis pas la seule dans ce cas. Je ramassai mes affaires et quittai la clairière. Décidément, il se passe d'étranges choses dans ce lieu.


Je marchai à présent depuis quelques minutes. C'est étrange, j'aurais dû sortir de la forêt depuis quelques temps déjà. Je ne reconnaissais plus le chemin, les arbres m'étaient différents. J'émergeai bientôt dans un espace plus vaste. Un vieux bâtiment s'élevai devant moi. Il me sembla abandonné. Que peut bien faire ce genre de construction dans une forêt telle que celle-ci ? Je montai les escaliers en pierre recouverte de mousse. Deux immenses portes se dressèrent devant moi. Je poussai celle de droite, qui s'ouvrit en un grincement strident, et pénétrai dans le bâtiment.

A peine fus-je entrée que ce fut le choc. Ce bâtiment est le théâtre dans mon rêve ! Les murs étaient couverts de végétation, des objets en tout genre jonchaient le sol et des affiches déchirées trônaient dans des cadres noirs corbeaux. Je m'avançai doucement, regardant où je mettais les pieds. Tout est exactement comme dans ma vision onirique. Je pénétrai dans une pièce que je reconnus aussitôt. La salle où je m'étais réveillée, celle où j'avais vu Iris.

Je décidai donc de retourner dans la salle de spectacle, celle où le félin m'avait emmené. Je parcourus diverses salles, toutes différentes les unes des autres. Je trouvai enfin la bonne, qui était exactement comme dans mon rêve. Je descendis les marches quatre à quatre et arrivai devant la scène. Le socle était là, ainsi que le coussin. Mais le plus extraordinaire, c'est que la boule de cristal multicolore y était, elle aussi. Elle reposait bien sagement sur le coussin vermeil. Comment une chose comme celle-ci peut-elle faire ici ? Devrais-je faire comme dans mon rêve ? J'hésitai. Qu'allait-il se passer ? Je ne saurais pas tant que je n'aurais pas essayé. J'approchai ma main de la sphère en cristal. Mes doigts l'effleurèrent.

Une vision traversa mon esprit. Les deux personnes de la dernière fois y étaient. Mais il y avait une chose en plus. La femme tenait dans ses bras un bébé, il semblait n'avoir qu'un an. La magnifique dame, était aussi là, et elle tenait elle aussi un bébé, âgé de deux ans peut-être. Ils avaient tous le sourire aux lèvres. Ils riaient et parlaient ensemble.

Puis, sans prévenir, leurs mines s'assombrirent.

Et la vision disparut.

Je reculai, effrayée. Je ne comprends toujours pas ces visions. Quels liens ont-elles avec moi ? Pourquoi vois-je ceci ? J'ai la vague impression de connaître les deux personnes, l'homme et la femme. Et pourtant, je ne vois pas qui cela peut-être. Tout cela est trop pour moi !

Je dois rentrer. Cette histoire est vraiment étrange. Ma vie prend une toute autre tournure. D'abord, un garçon qui ne m'inspirait rien de bon emménage chez moi, puis des choses étranges se passent entre le vent et moi, et pour finir, ces visions ! A croire que je deviens vraiment folle !


Je sortis du théâtre en courant et m'engouffrai dans la forêt. Je trouvai enfin le bon chemin et le suivis jusqu'à sortir d'entre les arbres. Je courus jusqu'à mon domicile et entrai en reprenant mon souffle. Aaron vint me voir peu après et nous décidâmes de finir l'exposé. Cela me changera les idées.

Une fois finit, je m'affalai dans le canapé, épuisée après les récents évènements. Aaron s'installa à côté de moi, Iris dans ses bras. Mais je ne le remarquai pas. J'étais beaucoup trop perdu dans mes pensées. Tout était allé trop vite. J'avais l'impression de ne plus être maître de moi-même. De ne plus savoir qui j'étais. Mais ce dont je suis sûr, c'est que la boule d'air vient de moi. Je ne saurais l'expliquer. J'ai créé deux sphères, j'ai su en refaire une, sans compter que j'avais dansé avec le vent. J'étais en train de réfléchir quand une voix me sortit de mes pensées.

-Madeline, tu es sûre que ça va ? Tu as l'air perdu.

-Hum ? Oh oui, je vais bien, c'est juste que je suis exténuée.

Ne voulant pas devoir l'affronter, je me réfugiai dans ma chambre. Devrais-je lui dire pour les boules d'airs ? Et les visions ? Non, il risque de me prendre pour une folle. Je ne veux pas avoir plus d'ennuis que je n'en ai déjà, et pourtant...


The LastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant