Chapitre 1 : Une missive importante

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Elle se baissa pour ramasser des baies. Ses longs cheveux noirs cascadaient dans son dos comme une rivière ondulante. Le jus coloré des fruits coula dans sa main, la tachant de pourpre. Elle se releva alors et ferma les yeux. La douce odeur du bois humide lui emplissait les narines tandis que le feuillage bruissait dans le vent. Elle aimait cet endroit où elle pouvait rêver à sa guise et se sentir libre. Cette nature si calme et si vive à la fois avait le don de l'apaiser, de la faire revivre d'un souffle nouveau. Aussi s'y réfugiait-elle souvent, s'asseyant tantôt à l'ombre d'un arbre, tantôt courant sur l'herbe fraiche, se désaltérant à une rivière... Oui, c'est vrai, elle était un peu sauvage. Mais pas inintelligente pour autant, loin de là ! Simplement jeune et ardente, avide d'espace, aimant s'évader...

Brusquement, un bruit la fit tressaillir. Un bruit de branches craquées. Elle se releva vivement, craignant un animal sauvage qui, sans regarder où il allait, foncerait sur elle. L'origine du bruit se précisait, il s'agissait bien d'un animal qui galopait. Le claquement des ses sabots était net. Mais quelque chose clochait... Elle ne reconnaissait pas le pas lourd d'un sanglier chargeant, ni celui d'un bœuf échappé... Mue par un réflexe, elle s'écarta en se baissant, accroupie au sol, les mains effleurant la terre. Effectivement, il ne s'agissait pas d'une bête féroce. Un superbe cheval à la robe bai avait sauté au-dessus d'elle, effectuant une courbe parfaite avant que son cavalier ne s'aperçoive de la présence d'une jeune fille et n'arrête soudainement son bel étalon.

Se relevant, elle croisa le regard envoutant d'un jeune homme à l'allure fière et goguenarde. Il ne manquait d'ailleurs pas de prestance avec son visage viril, ses cheveux d'un blond presque doré et sa haute stature. Le souffle court, la bouche encore teintée du suc vermeil, elle le fixait, ébahie. Toujours à cheval, il la toisa, mi-rieur, mi-sérieux.

- Eh bien ! lança-t-il avec un sourire radieux Quel est donc votre nom ?

Hypnotisée par ces pupilles au bleu limpide, elle répondit machinalement :

- Elora. Mon nom est Elora.

L'homme restait songeur, fasciné lui aussi par la beauté raffinée de la jeune fille, contrastant avec ses vêtements de paysanne et son air de sauvageonne.

- C'est un bien joli nom. Voudriez-vous venir me voir tantôt ?

Ayant repris ses esprits, la jeune elfe s'était redressée et se tenait fièrement face à cet inconnu. Elle haussa un sourcil.

- Pardonnez-moi mais qui êtes-vous ? Vous avez faillit me tuer avec votre monture et vous voulez désormais que je vienne avec vous ? Vous ne manquez pas d'orgueil. Ou alors n'avez-vous aucun raisonnement ?

D'abord surpris par la répartie de cette "Elora", l'homme éclata de rire. Encore plus choquée qu'avant, son interlocutrice commençait sérieusement à se demander s'il avait toute sa tête. N'était-elle pas face à un fou ? Mais un fou aurait-il cette élégance, cette tenue ? Et puis ces habits luxueux dénotaient un goût sûr. Non, sincèrement, elle ne comprenait pas sa réaction.

- Excusez-moi pour mon cheval. Guerrios et moi chassions un cerf. Nous étions loin de nous douter que cette forêt était habitée. reprit finalement le blond
- Habitée ? Mais je ne vis pas ici ! En tout cas vous me paraissez bien étrange.
- Étrange ? Mais vous, que faites-vous donc avec cet accoutrement ?

Là, Elora était totalement perdue. Elle regarda ses vêtements. Une robe beige, resserrée à la taille par une ceinture de coton coloré et des chaussures beiges également. Certes, ils ne payaient pas de mine, mais il s'agissait de l'habit traditionnel des paysans. Pour qui donc ce cavalier la prenait-elle ? Une duchesse ? Soudain, elle s'aperçut du soleil qui se couchait à l'horizon. Elle allait devoir rentrer.

Elora Tome 1 : La Marque (réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant