Chapitre 5 : Midori

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    Cela fait maintenant deux semaines que Ji Hee et moi échangeons des lettres avec son frère et Takeru. Mon plan a vraiment marché comme sur des roulettes. Et je dois dire que la performance de pimbêche a été très impressionnante. Rien que pour son jeu d'actrice hors-norme, il vaut mieux l'avoir dans son camp.

    J'ai été soulagée d'apprendre que Takeru allait bien. Apparemment, ses nerfs sont mis à rude épreuve. Il est tombé dans la même cellule que le frère de l'autre, qui est pire qu'une grand-mère lancée en mode ragot, selon lui. Cette famille devrait être enfermée à double tour dans un asile. Entre le mec pipelette comme pas deux complètement bisounours, et la fille pimbêche au caractère de Grincheux des sept nains, il y a de quoi se tirer une balle !

    À choisir, je préfère tout de même l'option pimbêche. Ou alors, il aurait fallu me fournir en aspirine. Et peut-être un professeur de yoga très compétent. Quoiqu'il en soit, je recommence à m'ennuyer ferme. J'ai l'impression de tourner en rond dans ma cellule et dans la cour de promenade, comme si je n'avais rien à faire, ce qui est plus ou moins le cas. Je déteste rester l'esprit inoccupé. Ça me fait penser à des choses que je préfère ne pas avoir à affronter. Dans ces moments-là, mes émotions deviennent instables, incontrôlables. Seul Takeru sait me contenir et m'apaiser.

    Malheureusement pour moi, il n'est pas là. Je vais devoir me débrouiller seule, avant que je ne fasse une bêtise. Surtout que pimbêche semble avoir remarqué, durant le déjeuner, que quelque chose cloche dans mon comportement. Elle ne m'a fait aucune remarque pour le moment, mais son regard est insistant. Peut-être espère-t-elle que je vienne à elle de moi-même, lorsque je me sentirai prête. Je ne serai jamais prête.

    Je suis en train de faire les cent pas dans ma cellule, à la recherche d'un nouveau plan d'action qui ferait disparaître l'ennui, lorsqu'une gardienne fait son apparition.

« Chan, quelqu'un pour toi au parloir » me dit-elle. Je la suis à travers les couloirs. Je sais bien que le moment où j'allais devoir lui faire face arriverait tôt ou tard. Mais c'est toujours trop tôt.

    La gardienne m'ouvre la porte donnant sur la salle des parloirs et m'annonce que j'ai vingt minutes avec mon visiteur. C'est alors que je l'aperçois. Ses traits semblent fatigués, mais en particulier inquiets et soulagés de me savoir en forme. Sauf que cela ne dure pas longtemps. Une fraction de seconde plus tard, son regard devient aussi noir que le plumage d'un corbeau. Ce regard qui m'informe que s'il n'y avait pas le double vitrage nous séparant, il me botterait bien les fesses, jusqu'à ce que je ne puisse plus m'asseoir pendant les deux prochains mois. Mon oncle est assez effrayant.

    Je prends place en face de lui, et nous décrochons, sans nous quitter du regard, le téléphone permettant de communiquer. J'attends qu'il entame la conversation, ne sachant trop que dire sans me faire incendier de reproches.

« Chan Midori ! Sais-tu dans quel pétrin tu t'es fourré ? souffle-t-il sur un ton sévère.

- Je suis désolée » murmuré-je sans briser le contact visuel.

    Il soupire et masse ses tempes avec ses doigts. Il a brisé le contact, ce qui veut dire que sa colère s'évapore, mais que je l'ai extrêmement déçu. Il faudra du temps pour que je remonte dans son estime et qu'il me pardonne.

« J'ai une solution pour te faire sortir, toi et Takeru, mais cela risque de prendre un peu de temps. Peut-être deux semaines, reprend-il.

- Quelle solution ?

- Cela fait un bon moment que je travaille sur la mise en place d'un projet de rééducation des jeunes délinquants par le biais du karaté. À la base, je n'étais pas censé l'inaugurer avec ma propre nièce. On m'a donné l'accord en début de semaine. Je n'ai l'autorisation de réaliser cette première expérience qu'avec quatre jeunes. Pour le moment, j'ai Takeru et toi, reste à trouver deux autres. Je dois étudier certains dossiers proposés par le gouvernement avec attention et sélectionner deux autres profils pour que le projet soit complet » m'explique-t-il.

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