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@Gävle, Suède

11/01/2013

11:31pm

Je me sens prête.

Je suis sûre de moi. Je mettrai fin à ses jours de mes propres mains avant de mettre fin aux miens.

C'est ce que j'ai moi-même convenu.

C'est le moment, mon regard balaye une dernière fois la salle et remarque les innombrables bouteilles vides jonchées sur la table basse.

Il semblerait que j'aie trouvé l'arme de mon crime.

Quoi de plus ironique en effet pour le meurtre d'un ivrogne de son espèce ?

J'attrape l'une des bouteilles. Je n'ai que l'embarras du choix.

Les idées défilent dans ma tête, de même que mes perspectives d'action. Un véritable musée du crime.

Changement de programme.

Je comptais privilégier la rapidité et l'efficacité... Je préfère désormais opter pour mon plaisir et sa souffrance.

Je fais le calme dans ma tête et prend une grande inspiration.

Ce qui va suivre devra être orchestré de manière précise, sans temps morts ni fausses notes.

C'est parti

Je pose calmement ma main gauche sur sa bouche tout en lui bouchant le nez, de manière à le réveiller en lui coupant toute respiration.

Il se réveille en sursaut et ouvre les yeux. Il n'a pas le temps de comprendre ce qui lui arrive que la bouteille s'abat violemment sur son crâne.

Je vois un mince fil de sang s'échapper de l'entaille provoquée par l'impact de la bouteille.

Je glisse mon doigt le long de la traînée sanguinolente.

Jouissif.

Le contact du liquide chaud me plaît, j'en veux plus encore.

Je brise mon arme de fortune sur la table, elle m'offre alors des extrémités tranchantes et affutées.

Je teste son efficacité une première fois en lui plongeant dans la poitrine.

Des flots de sang s'en découlent.

Efficacité prouvée.

Mais ce n'est pas suffisant, je réitère l'opération.

1fois, 2fois, 5fois, 8fois, je ne compte plus, incapable de m'arrêter.

Galvanisée par l'adrénaline, les bruits émanants du téléviseur me paraissent de plus en plus forts. Je prends le temps d'attraper la télécommande et de presser le bouton mute, coupant définitivement le son.

Seuls les bruits que je produis doivent être entendus. Rien ne doit me perturber ni me distraire.

Éclats de verres brisés.

Cris de bonheur et gémissements de plaisir.

Chair transpercée.

Éclaboussures de sang.

Rire et joie incontrôlé.

Je continue mes coups effrénés, recherchant l'endroit susceptible de rendre le flot sanguin le plus conséquent après coup.

Ce n'est plus un corps que j'ai face à moi, mais un amas de chair en lambeaux.

La force de mes coups s'intensifie, guidée par une force mystifiée.

Je peine à distinguer et identifier ce sur quoi j'abats ma haine avec véhémence. Des éclaboussures de sang accompagnées de chair m'obstruent la vue. J'en suis entièrement recouverte. Ce qui, étonnement, ne semble pas me poser un quelconque problème.

Je me sens enfin moi-même. Je dois achever le travail de mes mains.

Je jette au sol la bouteille, qui se brise, dispersant dans son sillage des éclats de verre.

J'empoigne de mes deux mains ce qui me semble être la trachée. Et je serre. De toutes les forces qu'il me reste. Puis je la brise d'un coup sec.

Je relâche et respire l'air empli de l'odeur métallique du sang.

Avant qu'un énième accès de rage surgisse.

Je griffe, brise, arrache tout au passage destructeur de mes mains.

Au final, je ne sais même pas lequel de mes coups lui fut fatal.

Je tremble de joie, et un rire rauque emplit l'atmosphère.

Est-ce malsain de se complaire de la mort ? Quelque chose de si bon, de si euphorisant, de si puissant, ne devrait pas être condamnable.

Je recule de quelques pas pour observer mon œuvre d'une vision d'ensemble.

C'est si beau, et j'en suis la seule et unique auteure. Je suis satisfaite de mon travail.

Je m'allonge à même le sol, dans une mare de sang, sur des brisures de verre. J'ai besoin de réfléchir à la suite.

Selon la logique que j'avais établie, je devrais maintenant mettre fin à mes jours.

Je ne peux pas. Je ne veux pas. Pas après avoir goûté pour la première fois au breuvage divin du péché.

Pour la première fois de ma futile existence, j'ai découvert toute la passion qui s'anime en moi et qui me galvanise.

J'ai enfin trouvé un sens à ma misérable vie. Je suis née pour tuer. Le meurtre est mon moteur et le sang est mon essence.

Je ne m'arrêterai pas là, je poursuivrai ce chemin sinueux mais ô combien glorieux.

Vous n'avez pas fini d'entendre parler de moi.

La Bouchère des Neiges me surnommeront-ils.

Mais vous pouvez m'appeler Alaïa.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 02, 2017 ⏰

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