Elle est là sans être là, présente de corps mais pas d'esprit, elle regarde l'horizon, les yeux mis clos à cause du soleil qui se lève, la bouche sèche, entrouverte, un léger nuage de buée s'échappant de temps en temps, l'encre indélébile de la fatigue et du mal être sous les yeux, si on s'approche, on peut voir des traînés humides sur ses joues sèches, elle a ses cheveux blonds ondulés qui flotte dans la légère brise du vent, elle est fine, trop fine et elle est pale, trop pale. Elle écoute une mélodie que son esprit lui joue, elle entend des pépiements d'oiseaux, de la pluie qui coule, le déchaînement du vent dans les feuilles, le grondement du tonnerre, le craquement d'un éclair, elle a toujours aimé l'orage... Elle n'entend pas les sirènes des voitures qui se rapprochent, les cris des femmes, des enfants qui la voient sur le bord du toit, les personnes qui essayent du lui parler... Non, elle n'entend rien de tout ça. Soudain, elle inspire profondément, ferme ses yeux, écarte ses bras, puis, avec une larme qui roule sur sa joue, lâche prise, plus de sons, plus d'images, plus de voix... Plus rien... Enfin libre...