Chapitre 6: Partie 2

2.2K 248 44
                                    

Bonne Lecture ~♡

Tobias atteint le bar où se trouve Kyle. Il est de dos, debout, le coude sur une table haute, une consommation au bord de celle-ci.

Je trotte derrière Tobias, redoutant le moment où il va atteindre le grand Irlandais et d'un coup le drame commence. Tobias tape deux fois sur l'épaule de Kyle qui se retourne et en un instant, il se prend un coup de poing dans le faciès.

- Ça, c'est pour que tu réfléchisses à deux fois avant d'aider ton pauvre con de pote, lui crache-t-il au visage alors que Kyle est par terre le nez en sang, et ça, ajoute-t-il en lui donnant un énorme coup de pied dans le ventre, c'est parce que t'es une sale merde.

Je fixe la scène abasourdie et alors que je pense que tout est fini, je vois Stanislas se frayer un chemin dans la foule. Tobias le regarde arriver, il se craque les mains et je crains le pire.

Stan regarde Kyle au sol puis Tobias et je vois dans son regard, qu'il comprend ce qui se passe. Tobias de dos semble à cran... Non, hors de lui. Je ne l'ai jamais vu dans cet état et je ne sais absolument pas quoi faire pour le calmer. Les gens autour d'eux n'avancent pas mais observent la scène désabusés.

- Tobby, qu'est-ce que tu fous, rit Stan en posant sa bière sur la table, il semble notablement éméché et attrape son pote à terre. On t'a pas appris les bonnes manières en prison ?

- Ferme ta putain de gueule Stan, souffle Tobias.

- Retourne avec ta salope, insulte-t-il un sourire suffisant au visage.

Je me dépêche de parcourir les pas qui me séparent de Tobias, mais j'ai à peine le temps d'agripper son dos, qu'il a déjà fichu une gifle à Stan. Il atterrit à côté de son ami en mettant la main sur sa joue.

- Stop Tobias ! Hurlai-je, c'est un abruti, rentrons ! Ajoutai-je en me m'interposant entre lui et Stan à terre.

- Pousse-toi Scarlett, m'ordonne-t-il en essayant de me décaler. Recule, il n'a que ce qu'il mérite. File ton portable, commande-t-il en tendant sa main vers Stan.

Je fixe le visage crispé de Tobias, il a l'air complètement différent. Diamétralement opposé au Tobias que j'aime tant. Il finit par réussir à me pousser et attraper Stan par le col. Malgré la carrure imposante de Stan, j'ai l'impression qu'il n'est pas à la hauteur face à Tobias.

- T'es sourd ?! Demande-t-il avec hargne, donne ton portable maintenant. Tu sais de quoi je suis capable, donc bouge-toi avant que je te casse une ou deux côtes sale con, injure-t-il.

Stanislas crache sur le visage de Tobias en lui mettant son téléphone dans la main. Tout en allumant le portable et en lui faisant signe de mettre le code, Tobias s'essuie de la manche le visage, dégoûté.

Stan continue de faire le dandy, refusant de mettre son code et se prend un nouveau coup dans le ventre, qui le fait tousser. J'abandonne l'idée de les séparer et vois Tobias faire quelques manipulations, retirer la carte SD et écraser de sa botte le téléphone de Stanislas en mettant la carte dans sa poche.

- J'espère que ça te servira d'avertissement salop, lui jette-t-il avant de m'attraper par le bras et de partir.

Il est tendu, très tendu. Et je sens qu'il s'est retenu de ne pas exploser le joli minois de Stan sur le sol. Pourtant je n'ai pas peur, Tobias a beau me sembler très violent, j'ai l'impression qu'il ne frappe jamais que pour défendre les autres.

Après tout il s'est laissé frapper par le club de football au premier trimestre, mais il n'a pas hésité un instant à fracasser ces deux idiots pour me défendre. Bien que je sache que répondre à la violence par la violence est loin d'être intelligent, cela me réchauffe le cœur de savoir qu'il est à mes côtés.

- Tobias, tu sers trop fort mon bras, l'avertis-je, et tu marches un peu vite, continuai-je.

- Je... commença-t-il apparemment désorienté, je sais... articula-t-il difficilement lâchant mon bras et respirant bruyamment.

Nous arrivons à Zucotti Park et j'empoigne sa main pour le tirer sur un banc. Il se laisse faire comme un pantin, muet et malléable.

- Je suis désolé, s'excuse-t-il, tu n'as vraiment pas à t'en faire, je ne lèverai jamais la main sur toi, avance-t-il un peu paniqué en levant les yeux sur les miens. Je ne sais vraiment pas ce qui m'a pris mais lorsque je l'ai aperçu après t'avoir sentie si frêle, j'ai vu rouge, m'explique-t-il. Je... Ne conçois pas qu'on puisse faire du mal à quelqu'un qui ne peut pas riposter, ajoute-t-il rapidement, je... Vraiment, désolé, s'excuse-t-il encore. Je ne recommencerais plus...

- Arrête de t'excuser, lui demandai-je en attrapant son poing tout abîmé. Disons que c'est notre petite vengeance, il faut juste espérer que Stan ne riposte pas encore une fois.

- Du moment qu'ils ne te font rien, s'inquiète-t-il.

Je le détaille quelques minutes du regard, ça a dû le traumatiser. Voir sa mère se faire frapper a dû lui laisser des séquelles. Lui qui est si doux, perd le contrôle de lui même lorsqu'il voit une femme se faire abuser.

Je caresse sa main. Il a de longs doigts fins.

- Ne t'en fais pas, le rassurai-je à voix basse. Je n'aurais jamais peur de toi Tobias.

On se regarde dans le blanc des yeux, on est de sacrés handicapés dans cette société.

Facilement hors-service, difficilement réparables mais indéniablement aimants.

On rentre chez lui, la maison est vide, on grimpe sur le toit.

- J'en ai foutument marre de tout ça, me lâche-t-il.

- Et c'est pas fini, conjecturai-je désabusée.

Allongée à même le sol, je crois ne jamais avoir été aussi bien. On regarde le ciel, la tête bourrée des horreurs de la journée.

Mais quand on travaille à deux, on résout les problèmes à deux et ça, c'est rassurant.

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant