Vendredi 16 février – Noé
Parfois, les rêves étaient plus vraisemblables que la réalité elle-même. C'était ce que m'avait enseigné ma nuit. Les rêves étaient agités, et on y ressentait souvent bien plus de choses que dans le côté morne de la vie quotidienne. Les sentiments eux-mêmes étaient souvent plus vrais dans les songes. Souvent, les gens me disaient que je faisais un métier de rêve, mais à force de le pratiquer, je ne pensais plus la même chose. Je n'étais pas célèbre et ne connaissais pas les méfaits de la célébrité. Cependant, produire des documentaires, jouer des rôles pour des films, c'était plus stressant que ludique. Je m'ennuyais plus qu'autre chose. Je n'avais plus ces fourmillements dans le corps quand je chantais devant un public, ou que je faisais du théâtre. J'étais devenu monotone et je faisais juste un métier. Il n'en était plus rien de l'amusement.
Je savais que j'allais retrouver, aujourd'hui, Monsieur Nothingost. Et je savais, malgré tout, ce que cela représenterait. Je ne lui avais pas vraiment parlé depuis le lundi précédent, mais je n'avais pas cessé de me tourmenter avec son image. Elle me trottait dans la tête, malgré ce que j'en voulais. Mon esprit n'écoutait pas ma volonté, il n'écoutait que mon cœur. Et ce dernier hurlait le désir qu'il éprouvait. Néanmoins, ma raison n'avait pas son mot à dire. Je n'avais pas besoin d'éprouver cela pour un homme. Je n'avais pas besoin de m'ajouter des tourments supplémentaires. J'avais appris qu'il était homosexuel. J'avais appris qu'il était marié –ou fiancé, je ne savais plus. Et pourtant, son image ne s'estompait pas. J'avais l'impression de commettre un délit moral, tant envers lui qu'envers moi-même. A quoi bon se torturer dans un but inaccessible ?
Cependant, ma joie n'était pas du tout feinte, et j'avais vraiment envie de revoir celui qui allait travailler avec moi. Il était désormais accompagné de tous ses camarades, que j'avais rencontrés les uns après les autres dans mon bureau -celui des studios, cette fois- pour leur faire signer les papiers. Tous m'avaient parus excessivement ravis des chambres qui leur avaient été attribuées, et j'en étais pas mal flatté. Miles avait fait en sorte de vraiment les gâter, comme il le faisait toujours, mais pour la première fois, ces remerciements m'avaient touché. Peut-être parce que j'étais attiré par Nute ? Peut-être parce qu'il me rendait vulnérable ? Etait-ce vraiment pour cela que je me sentais obligé d'être heureux pour tous ceux qu'il fréquentait ?
En marchant vers les studios, seul cette fois, puisque je n'emmenais plus mon fils avec moi là-bas, je laissai mon esprit vaguer où il voulait, et je faillis en percuter une femme dans la rue. Cette femme, bien sûr, n'était autre que cette fameuse Macy, la petite serveuse, sûrement étudiante, du bar dans lequel j'avais été avec Nash. Elle remit une mèche de cheveux derrière ses oreilles avant de me fixer d'abord méchamment, et s'attendrir. Elle se souvenait de moi, autant que je me souvenais d'elle. Il était inutile de la prétendre laide, elle ne l'était pas. Elle avait toujours ce sourire charmeur, et étrangement, mes idées divaguèrent. J'eus soudainement ressenti ce besoin de fonder ma propre famille, avec une femme aimante et aimée et un enfant qui ne serait, cette fois, rien qu'à moi.
-Bonjour, Noé. Je ne m'attendais pas à vous rencontrer ici, et de la sorte ! Comment allez-vous ? Vous ne m'avez pas contactée, je me suis dit que vous aviez perdu mon numéro, ou que je ne vous intéressais pas. Mais après tout, vous êtes libre, n'est-ce pas ?
Je réfléchis un instant pour être certain que je ne me tromperais pas de prénom, mais je me souvenais du visage doux et paisible de Nash me tendant ce morceau de papier en me disant que j'avais oublié de la recontacter. Or, j'avais appris que ce gamin avait une excellente mémoire !
-Macy, si je me souviens bien ?
-Oui, c'est bien ça ! J'allais travailler, vous voulez un café ? Je vous l'offrirai.
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Dangereusement Engagés [Boy x Boy]
Любовные романыL'un est acteur, ce genre de personne populaire qui aime beaucoup se montrer en public, et très proche de sa famille, avec un fils débarqué de nulle part... L'autre est un militaire appelé pour faire un documentaire sur son métier, qui évite de mont...