Chapitre 14

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Il semblait à Hortense qu'elle pleurait depuis une éternité. Un instant, elle eut même envie de partir, puisqu'elle semblait tant incommoder Lysandre, mais elle se rappela avec désespoir qu'elle n'avait nulle part où aller. Alors, elle se pelotonna dans les draps, avant de les repousser d'un geste impatient. Elle se fichait totalement de bien dormir, si Lysandre la repoussait. Son cœur se serra douloureusement, et elle prit son visage dans ses mains en sanglotant. Elle avait fait tout ce chemin avec tellement d'espoir, et voilà qu'il la repoussait après lui avoir fait croire qu'il était heureux de sa venue... Il ne l'aimait donc pas... Elle avait beau essayer d'être en colère contre lui, de lui en vouloir pour son comportement, elle n'y arrivait pas. Les seuls sentiments qu'elle ressentait étaient une profonde tristesse et une impression poignante d'abandon.

Sans réfléchir, elle se leva, et, pieds nus, elle se dirigea vers la porte. Mais lorsqu'elle voulut l'ouvrir, Lysandre poussa le battant. Surpris de la voir dans cet état, il s'arrêta, et ils restèrent face à face sans bouger. Puis, doucement, il voulut lui caressa la joue pour la calmer, mais elle s'écarta et essuya ses larmes. Elle le vit froncer les sourcils, et il demanda d'une voix douce :

« - Qu'avez-vous, Hortense ? »

Elle remua la mâchoire, outrée qu'il ose lui demander cela, et secoua la tête, signifiant qu'elle ne lui dirait rien. Il soupira, et elle détailla du coin de l'œil sa tenue. Il avait passé une chemise propre, ainsi qu'une sorte de culotte, qui s'arrêtait au-dessus des genoux. Il se rapprocha d'elle :

« - Votre village vous manque ? »

A ces mots, elle manqua s'étouffer de colère. Comment pouvait-il oser formuler cette hypothèse ? Il savait très bien qu'elle ne regrettait rien de sa vie d'avant, alors pourquoi s'obstinait-il à penser le contraire ? Elle se rapprocha de lui et frappa de ses poings sur son torse, furieuse, en criant :

« - Non ! Vous... Vous n'avez fait que me mentir depuis le début !

- Hortense, écoutez...

- Taisez-vous ! le coupa-t-elle. Vous ne m'avez pas dit que vous étiez marié, et vous avez aussi évité de me dire que vous ne m'aimiez pas ! Je vous déteste ! »

Des larmes coulaient de nouveau sur ses joues, et brouillaient le visage de Lysandre. Il attrapa délicatement ses poignets, et essaya de la contenir. Mais, sans se contrôler, elle se dégagea et, inconsciemment, le gifla. Dans sa rage, elle déversait sur lui tout le dégoût qu'elle avait pour les hommes :

« - Vous n'êtes qu'un menteur ! Comment avez-vous pu fait ça ?! Je vous faisais confiance, et vous n'avez pas été meilleur que Dakota ! »

Elle hurlait à présent, ne se souciant peu du raffut qu'elle pouvait faire. Il tenta de lui attraper l'épaule, mais elle se dégagea et sortit en courant de la pièce. Elle se détestait tellement. Jamais elle n'aurait dû croire que Lysandre pouvait l'aimer. Qu'avait-elle, elle, la pauvre paysanne de province, pour rivaliser avec toutes les femmes qu'elle avait vues au bal ? Elle parcourut les pièces presque vides sans s'arrêter, et tourna brutalement à gauche pour dévaler les marches de l'escalier. La rousse entendit Lysandre s'exclamer :

« - Hortense ! Attendez ! Bon sang, arrêtez-vous ! »

Mais elle ne l'écouta pas, et sauta les dernières marches pour aller plus vite. Elle glissa sur le marbre, se rattrapa sur un meuble, et courut dans la direction la plus proche. Elle repensait au comportement du noble lorsqu'ils s'étaient retrouvés, et pleura de plus belle sans cesser sa course folle. Il l'avait bien manipulée, et elle était tombée dans son piège la tête la première.

Son âge? Quelle importance puisque je l'aime... (Amour Sucré) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant