Adversité à double tranchant (Eldarya) (Nevra)

1.

Ce matin là, je me réveillais de bonne humeur. J'ouvrais les yeux sur ma chambre au style baroque, entièrement stylisée  par Nevra qui - bien que forcé - avait achevé hier, un sublime travail. Je m'obligeais à le reconnaître tout en rejetant la couverture par dessus mon corps.

Entre nous deux régnait une atmosphère quelque peu tendue, liée à l'adversité entre nos gardes respectives. Même si tout bien réfléchi, nous n'avions pas besoin d'aide pour cela. La cause en était que nous tenions chacun à voir notre garde obtenir la première place du classement tous les mois. Nevra, comme chacun le savait à Eldarya, était fervemment accroché à cette petite victoire qu'il s'octroyait et qui venait doucement flatter son ego de dirigeant de la Garde de l'Ombre.

Quant à moi, j'avais intégré la Garde Obsidienne, fit de mon état d'esprit plus fonceur que discret, vis à vis des obstacles. Je tenais à cœur de me démener pour prouver la valeur de celle-ci. Valkyon était un professeur exceptionnel pendant son temps libre. Talentueux et doué de patience, on ne le soupçonnait pas ainsi la première fois que l'on parcourait des yeux ce corps à la masse musculaire imposante. De plus, la Garde et ses membres fournissaient un travail monstrueux sans jamais chercher une quelconque reconnaissance.

La plupart, dont Valkyon, disposaient d'un tempérament sage, façonné par l'expérience. Pour ma part, j'étais encore très impulsive et ma fierté venait souvent me titiller, me poussant à m'investir- parfois trop -, à provoquer, et dieu sait quoi d'autres, quand je me laissais submerger par mes sentiments.

Je ressassais tout ceci en m'habillant, pour me convaincre que je pouvais bien, pour une fois, mettre cette fierté futile de côté et aller remercier Nevra.

Je m'observais une dernière fois dans le miroir histoire de ne pas avoir oublié un détails qui finirait par devenir embarrassant. Nevra ne manquerait pas de s'en moquer si mes remerciements tournaient au vinaigre. Je filais à toute vitesse vers mon destin, ce qui hantait mon esprit depuis que j'avais ouvert les yeux: le petit déjeuner.

Quand je mis un pied dans la cantine il y régnait un calme typique des matinées d'entraînement de la Garde Obsidienne. Il était très tôt et nous étions peu. J'aperçus Valkyon au loin en discussion avec une jeune recrue qui, semblait-il, était si motivée qu'elle avait à cœur de parler des techniques de combat au corps à corps, dès le petit déjeuner, en prévision de la séance qui suivrait.
Je passais à côté d'eux pour aller me servir dans le garde-manger en saluant d'un mouvement de tête discret, notre chef de Garde, pour ne pas l'interrompre.

-Tu veux t'asseoir? m'interpella-t il en retour.

Je sautais sur l'occasion car j'avais rarement la chance de manger avec lui. Il m'intimidait un poil, même si je tenais à ne pas le montrer, et surtout je l'admirais pour autant de qualités qu'il avait.

- Ah, oui j'arrive je vais me chercher à manger. 

Je lui souriais et parti d'un pas un peu précipité. La journée s'annonçait plus excitante que prévue.

Après avoir mangé (light pour survivre à ce qui allait suivre), et s'être échauffés au fur et à mesure des discutions tactiques et techniques, vint l'heure de se diriger vers la forêt, à quelques mètres de l'extérieur du Q.G. Nous étions parti pour un petit footing qui, je l'avoue, ne transcendait pas les foules de si bon matin.

Ma condition physique était toujours un poids pour moi. De ce fait, m'entraîner me fatiguait vite mais pour améliorer celle-ci... Il fallait que je m'entraîne. Un cercle sans fin que je tachais de briser. Cela faisait dix minutes que nous étions partis et une douleur venait déjà mordre mon côté droit. Je posais ma main sur ma hanche tout en continuant ma route. Alors que je croyais être seule à l'arrière, une voix s'éleva dans mon dos, au loin.