one-shot

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J'ai toujours pensé qu'à un certain âge la vie ne nous réserve plus aucun secret. Que tout ce qui nous entoure est un acquis, quelque chose qu'on a vécu et qui ne nous surprend plus. Ma vie se résumait entre études, boulots, échecs amoureux, histoires de famille. J'avais déjà tout vu, j'étais passé par tout les stades, du moins c'est ce que je pensais. Je pensais que l'amour n'était plus pour moi. À trente ans, toujours pas casé, toujours pas d'enfant, j'étais un homme solitaire et heureux comme ça. Je n'avais plus besoin de l'amour, cela n'avait plus de sens pour moi. Je n'avais pas besoin de relation charnel non plus. Le sexe n'a jamais été quelque chose qui m'a attiré ou plu. D'ailleurs c'était sûrement car je n'avais jamais eu de rapport sans être saoule. Allez savoir pourquoi, j'avais besoin de boire pour me laisser aller. J'avais besoin de boire pour assouvir mes obligations en tant que conjoint. Jamais d'amour, jamais de réel plaisir, une simple routine. Et ce, avec tout mes partenaires. Mais vous savez, j'étais arrivé à un moment de ma vie ou la lassitude de mon quotidien prenait le dessus sur tout, ou mon mode de vie devenait déprimant. Je n'avais plus envie d'aller bosser, ni de voir ma mère les weekends. Je n'avais plus envie d'être un robot. Une limace. Quelque chose de mou. J'avais envie de voir, ressentir, apprécier, détester, connaître la vie. Enfin ça j'en avais envie, mais bien trop froussard pour faire le changement moi-même. Alors j'attendais simplement qu'un beau jour, tout bascule. Et c'est comme si les dieux avaient entendus mes prières. Car un jour, lui et ses fossettes sont rentrées dans ma boutique. Il avait vingt-et-un ans et toute la vie devant lui. Il était beau et respirait la vie. Il était souriant mais distant. Une sorte de prestance qui étonne tout le monde. Il est entré, la boutique s'est illuminé, ou bien était-ce moi qui fut illuminé. Mais à ce moment, bien qu'il soit plus jeune que moi, je n'ai pas su garder mon sang-froid. Je sentais mes joues me brûler, et mon coeur s'emballer. J'avais l'impression que quelque chose c'était passé, que ma vie venait de s'ouvrir à moi.
Après cela tout s'est passé bien vite. Nous nous sommes revus plusieurs fois à la boutique, avant que finalement je fasse le premier pas et l'invite à boire un verre, il a accepté et une relation bien timide et très émotionnelle à débuté.
Les mois sont passées et la dépendance à grandit, nous nous connaissions par coeur, chaque habitude, mimique, tout. Nous n'avions aucun secret. Je connaissais sa vie, il connaissait la mienne. L'âge ne nous gêna en rien, bien au contraire. Je me servais de mon expérience de la vie pour l'aider quand il n'y arrivait pas. Nous nous sommes aidé mutuellement, nous avons continuer de grandir et pour moi vieillir à deux. Mais vous savez, lorsque je vous le raconte comme ça, c'est une histoire bien banale. Détrompez-vous. Il y avait cette chose en plus, cette chose que je n'avais jamais connu, cette chose qui rendait tout parfait. Il y avait l'amour. Chaque baiser était unique, emplit de frissons et d'appréhension. Chaque souvenir que l'on se créait comblait le vide de notre ancienne vie. Les promesses remplissaient notre avenir et nous vivions comme si demain ne nous laisserait pas de seconde chance. Nous avions prévu notre vie ensemble. Nous étions un couple, un vrai. Et c'était l'amour, le seul, le vrai.
Mon attachement pour lui n'avait aucune limite. Ma vie était rythmé par son prénom. Ma vie je la vivais pour lui. J'étais accro, accro à lui. Je le connaissais par coeur, et si le talent m'avait été donné, je pourrais vous le peindre encore aujourd'hui, dans les moindres détails. Chaque partie de son corps, chaque centimètre de sa peau, chaque grain de beauté, chaque cicatrice, chaque marque, chaque courbe. Tout. Son corps, l'image de son corps est gravé en moi. Une beauté charnel que je n'avais jamais vu. Un désir de le toucher et de le caresser, de le contempler et de l'idolâtrer. Un désir de lui montrer à quel point c'était une personne digne d'être un dieu. Et c'est ce que j'ai fais. Je lui ai montré, je lui ai dit. Son estime pour lui même est monter petit à petit. Et j'en étais fière. La personne que j'aimais s'aimait et j'avais l'impression d'avoir réussit. Il avait compris la personne exceptionnel qu'il était. Et pas seulement physiquement, il savait qu'il avait le savoir, la prestance, il avait tout. Et ses défauts en devenaient des qualités. Il avait compris qu'à mes yeux il dépassait de loin un dieu grecque. Mais avais-je eu tord, de lui montrer ? De lui montrer à quel point il était beau. Car lorsqu'il a eu confiance en lui, il a disparu. Du jour au lendemain. Dans les bras d'une autre personne. Et je l'ai perdu. Pensant avoir trouvé mon âme-sœur. Il s'est envolé. Ma vie n'avait plus aucun sens après son départ. J'avais construit mes habitudes pour lui, ma vie pour lui et lui il avait réussit à se détacher de notre quotidien bien trop facilement. M'aimait-il vraiment ?

One Shot. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant