•Mirror • || kth-jjk

°Partie Unique°

Bonne lecture.
_______________

Os ✒ Mirror.

Aujourd'hui il pleut, dehors les gouttes d'eau s'accumulent et coulent le long des feuilles rougeâtres. En cette saison d'automne la ville laisse place à un arc-en-ciel multicolore, malgré cela les couleurs sont plus concentrées dans les tons chauds ce qui est paradoxal à la température fraîche qu'aborde la saison.

Debout de l'autre côté me voici  à observer silencieusement le paysage endormi. Non, que dis-je ..

Je l'observe lui.

Comme toujours.

Sa fine silhouette installée sur le canapé face à moi, telle une ombre il fait fondre sa masse avec l'obscurité de la pièce en ce jour pluvieux.

Il devrait rester dans la lumière.

Sa carrure mince et délicieusement musclée, son nez fin avec en bout son grain de beauté empli de charme, ses doigts gracieux installés le long de la couverture de son ouvrage. Il lit dans une posture digne d'un noble, ses doux cheveux châtains retombant en des pointes lisses épousant parfaitement son front. Il est tout simplement parfait, la perfection même.

Alors que moi, je suis une pâle copie de sa personne . Je suis tellement banal que c'en est effarant. Les cheveux noirauds, ma carrure paraît aussi parfaite malgré que pour certain elle effraie. Pour finir, mes yeux d'un sombre inconnu pour quelques-uns sont d'un profond infini.

Caché parmi les meubles, je le suis secrètement du regard, prenant garde à ce qu'il ne me remarque pas encore.

Je l'admire, l'idolâtre, l'apprécie, mais avant tout le jalouse. Il a tout ce que je ne possède plus. Il est la personne aimée de tous, je suis celle qu'on déteste désormais. Il est l'honnêteté même tandis que moi, je suis le mensonge. Il est la personne qu'on admire, je suis celle qu'on veut oublier. Il est l'ange ...je suis le démon.

Chaque jour, son indifférence à mon égard me tue un peu plus. Il se rend naturellement vers moi, me regarde sans me voir et, enfin, s'éloigne sans dire un mot.

Il lui est arrivé, une fois, de m'adresser la parole. Ce n'était pas grand chose, il ne savait pas vraiment que je l'écoutais, mais j'en étais ravi et je n'avais pas pu m'empêcher de sourire discrètement : «Allez, je sais qu'on peut le faire, réussissons cet examen aujourd'hui !»

J'étais tellement heureux, il m'avait pour la première fois accordé de l'attention, une fois qu'il était parti je lui avait souhaité bonne chance dans un souffle qu'il n'avait pas senti. Mais ce jour-là, il m'avait regardé moi et c'est ce que je me forçais à penser.

Même si je voyais bien qu'il n'avait pas fait exprès.

Aujourd'hui il s'est arrêté une nouvelle fois face à moi, une expression d'interrogation figée sur son visage. Il s'est avancé jusqu'à moi avant de reculer en plissant ses beaux yeux. Je sentais mon coeur battre tellement fort, il m'avait approché. Mais alors que je pensais qu'il allait partir comme toutes les autres fois, par je ne sais quelle pensée qui lui avait traversé l'esprit, il m'a touché.

Il n'aurait pas dû.

Il a caressé d'une délicatesse qui lui est propre ma joue. Ce mouvement créa une sorte de tension de mon côté, je me sentais d'un coup plus proche de lui.

Il m'avait éveillé, écourtant la distance entre nous deux, ouvrant une porte vers lui.

Ce geste qu'il avait osé m'a rendu fou, je ne saurai dire ce qu'il m'est arrivé. Un frisson horriblement plaisant m'a traversé d'une lenteur extrême, profitant de chacun de mes membres.