Comme tous les soirs ma mère nous apportait un verre de lait. Soit elle nous le donnait, soit elle le posait sur notre table de nuit. Ma sœur dormait sur le lit côté opposé au mien et finissait toujours ce verre de lait la première. Moi, je prenais mon temps, j'aimais le déguster, souvent en pleine nuit. Après un cauchemar, ça me rassurait de le boire. J'avais l'impression que ma mère se trouvait dans notre chambre et me susurrait les paroles d'une comptine. Je l'entends encore aujourd'hui, ma pauvre mère...
Tout a commencé en pleine nuit. Ma maison était située un peu à l'extérieur du village, loin de la route, loin des bruits de la circulation. Parfois, on entendait des aboiements lointains, parfois c'était le hululement d'une chouette qui venait troubler mon sommeil. Cette nuit-là c'était silencieux, très silencieux. La lumière pâle d'une pleine lune filtrait à travers les rayons des volets de la fenêtre. Ça offrait une certaine pénombre à la chambre. On distinguait vaguement les meubles, les posters, la table de nuit, la silhouette de ma sœur allongée sous sa couette.
Je me suis réveillé à cause d'un sale cauchemar. J'ai aussitôt pris mon verre de lait pour me rassurer. Mais il était vide. Oui, vide. Je n'y avais pas touché quand ma mère a éteint la lumière. J'ai songé à réveiller ma sœur, à lui demander si c'est elle qui avait bu mon verre de lait. Je ne l'ai pas fait. C'est idiot, mais je n'ai pas réussi à me rendormir tout de suite à cause de cette question qui trottait dans ma tête : qui avait vidé mon verre de lait ? Alors qu'au petit matin je parvenais enfin à me rendormir, j'ai entendu comme des craquements, des bruits de pieds faits avec l'os du talon sur le plancher. Ça se dirigeait vers le placard. Je n'ai rien vu alors j'ai pensé que ça venait du plancher en bois du couloir qui craquait de temps en temps. J'aurais tant aimé ne pas me tromper.
Le lendemain matin, ma sœur m'a affirmé ne pas avoir bu mon verre de lait. Elle m'a juste dit qu'elle avait ouvert un œil, car elle aussi avait entendu des craquements.
Le soir suivant, j'ai fait la même chose, j'ai laissé mon verre de lait intact. Ma mère ne m'a pas posé de questions sur le pourquoi du comment. Elle connaissait cette habitude, car quand j'étais très jeune, j'ai souffert de terreurs nocturnes et un verre de lait me calmait après mes cauchemars.
Je ne sais pas pourquoi j'ai eu du mal à m'endormir. Je me trouvais stupide d'angoisser pour un verre de lait que ma sœur aurait bu. J'ai toutefois fini par trouver le sommeil. Pas longtemps je crois. Des chouinements m'ont réveillé.
J'ai aussitôt allumé la lampe de chevet, mais je n'ai rien vu. Sauf mon verre de lait vide. Je me souviens avoir ressenti comme un coup de couteau dans le cœur. Ça m'a fait très mal. Je me suis levé d'un coup et j'ai secoué ma sœur par le col en lui criant dessus. J'étais furieux. Elle s'est aussi mise à crier. Ma mère est entrée en courant dans la chambre et nous a séparés. Je lui ai dit pour le verre de lait. Elle n'en revenait pas de ma stupidité. Au moment où elle a été chercher un autre verre de lait, on a tous entendu un très léger ricanement. On s'est tous regardés : ça venait du placard. Je m'en souviens très bien, ma mère était un peu angoissée à l'idée d'ouvrir la porte. Malheureusement, il n'y avait rien d'autre que nos vêtements suspendus à la tringle et nos jouets au sol. Mais moi j'ai vu le ballon rouler sur quelques centimètres ! Je jure qu'il a bougé ce putain de ballon ! Il a même cogné contre la porte quand ma mère l'a refermée !Le lendemain matin, ma mère m'a de nouveau engueulé, car ma sœur portait des traces de griffures au niveau du cou et de la poitrine. J'ai protesté, j'ai rétorqué que je l'avais juste attrapée par le col du pyjama. Elle ne m'a pas cru et m'a giflé. C'était la première fois qu'elle me giflait, je lui en ai terriblement voulu. Mais ça va mieux aujourd'hui, oui bien mieux, enfin je crois, c'est sûr que je le crois.
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Le Monstre Du verre de lait
ParanormalUn Monstre, Dans un verre de lait, rien de plus simple, un creepypasta plûtot bizarre..