Le baiser aux lèvres gercées

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|Clarifications|
Franke est une fille de 16 ans.

Le sens du texte et la compréhension des métaphores est de la libre interprétation. On va sûrement tous comprendre des choses différentes.

Oui, l'histoire avance vite, mais il faut tenir en compte que c'était dans le cadre d'un examen scolaire.

Bonne lecture, et merci. xx

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Il arrivait parfois, dans la vie de Franke, qu'elle avait envie de mourir.

Le ciel était vidé d'étoiles, les criquets d'un silence insolite et la brise d'été bien trop glacée sur les bras dénudés de Franke; une atmosphère lourde régnait en cette soirée.

Elle n'y fit pas attention, croyant simplement que c'était le poids de son malheur qui lui lacérait le coeur. Alors assise sur l'une des glissades du parc, cigarette à la main, l'esprit suicidé et les yeux cernés; l'adolescente se sentait glisser, un peu comme son existence lui glissait entre les paumes.

D'un regard amorphe, elle observait la fumée quitter ses lèvres avec une certaine jalousie. Elle souhaitait être capable de se dissiper dans l'air, comme cette fumée cancéreuse, avec autant d'élégance et de subtilité. Au lieu de cela, Franke était ici sur terre, s'empoisonnant l'être et rêvant au Nirvana.

La jeune était tellement absorbée dans son univers qu'elle ne remarqua pas les balançoires s'agiter, la fumée tournoyer, telle une tornade, et le léger chantonnement dissimulé dans la brise. Ce fut la caresse au bas de son dos qui l'alerta.

Un profond malaise s'ensuivit. Cette caresse glaciale semblait provenir d'une main et le chantonnement bien trop doucereux venait d'une voix à l'allure féminine. Pourtant, Franke était complètement seule; au sens propre et figuré.

L'adolescente le mit sur le compte de la fatigue, se forçant d'ignorer les folies de sa fumée, ainsi que celle des balançoires.

«Boo», susurra une voix teinté de malice contre l'oreille de Franke.

Un frisson lui parcourut l'échine et ses mains commencèrent à trembler lorsqu'elle croisa les yeux couleurs noir nuit de son interlocutrice. Franke pensait halluciner quand elle vit que l'être étranger assis à ses côtés était fait de filaments vaporeux noirs s'enroulant en forme de corps et qu'entre ses fins doigts de tenait une faux, scintillant sous le clair de lune.

La chose semblait aspirer lentement l'oxygène des alentours car les fleurs commencèrent à se faner et Franke sentit ses poumons se comprimer. Néanmoins, l'être était d'une beauté à jalouser.

Franke ne put s'empêcher d'échapper une hurlement effrayé, tandis que la beauté devant ses prunelle esquissa un sourire moqueur.

«Voilà une façon bien cliché d'accueillir le spectre de la mort», ricana cette dernière.

Elle avait une forte voix, empreint de confiance et de dominance, le genre qui intimidait quiconque à qui elle s'adressait. L'obscurité devant Franke dégageait un aura à la fois inquiétant et envoûtante.

«Que fais-tu ici ? interrogea l'humaine d'une voix qui se voulait ferme, mais qui vacilla à la fin.

-Tu sais, ça fait une éternité que je fais le travail du spectre de la mort, vaguant seule d'un endroit à l'autre. Le temps devient long puis la solitude devient étouffante, c'est pire que la mort... » un rire ironique lui échappa.

Baiser aux lèvres gercéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant