Arielda das Wisser -un autre monde-

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Deux semaines se sont maintenant écoulées depuis ma rencontre avec la crysantine (que j'appelle aussi la sylphide) et je n'ai encore parler de tout cela à personne. Mais mes questions à son sujet n'ont pas cessé de se bousculer dans ma tête. Nous sommes aujourd'hui le 24 mai et aucune autre créature de l'air n'est venu interrompre mon quotidien.

"Vector Vonbrick, voulez vous m'énoncer le théorème de Pascal que je viens de dicter, et que je crois, vous connaissez déjà.
-Pardonnez moi Herr Hose, je réfléchissais à...
-À des choses infiniment au-dessus des pauvres petits mortels que nous sommes ! Si vous écoutiez plus attentivement mon cours, vous sauriez que le théorème de Pascal dit que..."

Et nous voilà repartis dans le monde merveilleux des mathématiques ! Ô joie ! Après avoir écrit son fichu théorème, je me replonge dans mes pensées. Je pense maintenant à ce qu'il a dit à propos des "choses infiniment au-dessus des pauvres petits mortels que nous sommes"... Serai-ce vrai ? Tout cela relèverait-il du domaine du divin ? Non. Le flocon ne trace pas la destinée d'un dieu mais d'un être humain normal ayant un avenir qui lui est extraordinaire ! Tout cela me paraît bien étrange...

De retour chez moi, je m'allonge directement sur mon lit et ferme les yeux. Je suis fatigué. Je n'ai pas dormi cette nuit. En fait cela doit faire environ deux semaines que je n'ai pas eu de sommeil assez long pour tenir toute la journée sans m'écrouler dans mon assiette ou dans le lavabo de la salle de bain (ce qui m'est arrivé). Je dois avoir atteint mes limites de résistance à la fatigue car je m'endors immédiatement.

  Dans mon rêve, je suis dans une forêt telle que je n'en ai jamais vu : elle est si verte, si pleine de vie comparée aux nôtres que je m'y sens tout de suite mal à l'aise... La pollution n'existe donc pas ici ?! Génial ! Je m'avance pas à pas mais ne vais pas loin car un éclair roux me fouette le visage et je tombe en arrière. Ma vue se trouble et j'entends alors une voix :
  "Tu es prêt, me dit-elle, tu es prêt Vector. Tu es prêt."

  Je me réveille dans ma chambre. Rien n'a changé mais aussi étrange que cela puisse paraître, ce rêve m'a bouleversé ! Ce n'est pourtant pas la première fois que je rêve !

  Je me lève, m'approche de ma fenêtre et aperçoit le premier flocon de neige. De la neige au mois de mai ?! Ce n'est scientifiquement pas possible ! Je veux voir ça de plus près ! Je m'élance vers la porte de ma chambre, dévale l'escalier, saute dans mes baskets et me précipite dehors. Je suis dans la rue mais à mon plus grand étonnement, je semble être le seul à trouver étrange le fait qu'il neige à cette période de l'année ! Bizarre ! Aucun des passants que je croise ne semble se préoccuper des flocons innombrables qui tombent du ciel, s'accrochent aux toits, à la route et aux murs. J'en recueille un au creux de ma paume et l'observe attentivement. Il prend une couleur vermeille tandis qu'un frisson me parcourt de la tête jusqu'aux pieds et que je m'envole vers le ciel.

  Je survole ma ville, m'en éloigne. Je continue mon ascension, la panique augmentant en même temps que ma montée vers les cieux.

  Cela fait bien une heure que je vole et je suis maintenant largement au-dessus des nuages. Je devrais avoir froid à cette attitude mais une sorte de "bulle" translucide s'est formée autour de moi lorsque j'ai quitté le sol. La peur à fait place à la curiosité et à l'excitation. A défaut de regarder en bas (oui, j'ai le vertige !) je lève les yeux au ciel, ou plutôt ce que je n'ai pas dépassé. J'aperçois une paroi semblable à un miroir (ce doit être pour cela que j'y vois mon reflet) qui se rapproche à vue d'œil. Pas étonnant ! D'après mes calculs (et à mon expérience) ma vitesse est considérable : 20 000 km à l'heure et pourtant je ne suis pas secoué !

  Je regarde la paroi se rapprocher bien trop vite à mon goût et commence à prendre peur. Cette barrière étrange me semble bien trop rigide pour être traversée sans dégâts ! Je pressens plutôt une arrivée dans le mode "crêpe au plafond" ! Je ferme les yeux. Je ne suis plus qu'à quelques mètres. J'espère que ma bulle et équipée d'un mode bouclier ou c'en ai fait de moi ! Je m'arrête soudainement dans mon élan. J'ouvre les yeux prudemment pour me retrouver le nez collé au "miroir". Ma bulle s'est volatilisée à mon plus grand regret. C'est vrai quoi ! Je me sentais bien dans ma bulle ! Mon nez s'enfonce peu à peu dans la substance liquide (étrange non ?!) et je me retrouve de l'autre côté, de nouveau dans ma sphère translucide. Je m'extirpe entièrement du mur liquide et me retrouve devant un spectacle que je n'avais jamais vu qu'à la télévision. L' Espace avec un grand E s'offrait à mes yeux ébahis ! Cet infini aux étoiles innombrables, aux spirales argentés, aux planètes multicolores et silencieuses. Je déambulais dans ma bulle mais me rendit compte que je me dirigeait vers une sorte de grand vaisseau d'un blanc immaculé et voluptueux que nous voyons tous dans nos rêves, nous les arieldiens. Le Nuage originel, celui d'où nous venons tous. Au fur et à mesure que nous approchons, je vois de petites billes scintillantes. Elles sont par milliers ! Je slalome maintenant entre elles et je comprends : les arieldas ! Toutes ces billes sont des arieldas et lorsque je me retourne...

  Je suis au bout de ma vie ! Le Monde originel ! Celui autour duquel nous vivons, celui qui est le centre de toute chose ! Il est si beau ! Sphérique, tâché du blanc des nuages (les normaux, hein), du bleu des océans et des mers, du vert des forêts, du brun de la terre et des montagnes, de l'or des déserts. Je suis si pétrifié par cette vue sublime et parfaite que je ne remarque pas que je pénètre peu à peu dans une autre arielda.

Là-bas Où les histoires vivent. Découvrez maintenant