intro -

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Le brun laissa ses doigts fins glisser fébrilement contre le bois vieilli du meuble à l'entrée. Les yeux anthracites se baladèrent sur le mur commençant à être jauni par le temps. Un simple cadre brisé tenait à une simple corde dont les fils se déchiraient petit à petit.

Son cœur sembla soupirer en voyant les visages souriants sur la photographie. Les doigts tremblants allèrent attraper le cadre de bois tâché et fissuré tandis que les prunelles profondes se remplissaient de larmes.

Un petit rire étranglé s'échappa de sa gorge sèche alors que son pouce passait sur le visage aux joues pleines et aux yeux plissés de joie imprimés sur le papier. Sentir le cristal brisé sous la pulpe de ses doigts lui fit prendre une grande inspiration pour éviter que ses larmes ne coulent définitivement.

Il reposa doucement le portrait de lui et du roux sur le meuble, ne prenant pas la peine de le raccrocher sur le mur. Tout ça disparaîtra bientôt, de toute façon.

Lentement il tourna sa tête en direction de la cuisine et son cœur se serra un peu plus en revoyant ce qui avait été son roux, un grand sourire aux lèvres, de la chantilly dans les mèches de feux alors qu'il se revoyait lui-même, en face avec une bombe de crème dans les mains, allant emprisonner son aîné dans une étreinte amoureuse, le couvrant de baisers papillons.

Nouveau soupir, plus audible cette fois-ci. Il ne devait pas se laisser happer par des souvenirs qui ne reviendront plus. C'en était presque fini maintenant.

Prenant sur lui, il se dirigea finalement dans ce qui avait été leur chambre, grande et éclairée. Celle qui avait abrité plus d'une nuit d'amour, de câlin, de douceur et de sauvagerie. En entrant dans la pièce, son cœur se serra automatiquement et il du s'appuyer sur le chambranle de la porte pour ne pas tomber.

C'était si dur de revoir cette pièce après tout ce temps. Les yeux anthracites allèrent glisser sur les meubles largement éclairés par la lumière qui filtrait à travers la fenêtre fermée. C'était comme si le temps n'avait pas détruit ce lieu si particulier, comme s'il s'était fait respectueux des souvenirs qui y étaient enfermés.

Finalement Jungkook posa ses yeux brillants et vides de toute vie sur le grand lit. Les draps blancs et lavandes étaient encore défaits, deux oreillers mis plus ou moins en boule en haut du matelas, la couette repliée sur elle-même.

Cette odeur particulière de ce qui avait été leur nid d'amour remonta à ses narines et lui donna un vertige. La même odeur de mangue et de vanille qu'il y avait deux ans. Celle qui embaumait toujours les mèches rousses. Cette même odeur qui lui manquait tant.

Il vit que le carnet abîmé de son roux était encore là, avec la premier de couverture cornée et les pages jaunies. Simplement posé sur la table de nuit avec un stylo noir qui reposait nonchalamment à ses côtés. Tout était encore tant comme avant, c'était si douloureux. Son souffle se fit encore un peu plus irrégulier en voyant ce qui avait été leur armoire entrouverte, laissant dépasser de nombreux tee shirt en tous genres.

Il se rappelait encore tellement bien la fâcheuse habitude qu'avait Jimin de lui prendre chaque matin l'un de ses tee shirt blanc, tombant alors sur le haut de ses cuisses alors qu'il le saluait de sa voix éraillée et de son visage encore endormi. Et dire qu'avant il détestait cette manie de son aîné. Maintenant il regrettait juste de s'être énervé tant de fois pour ce genre de bêtise. Il l'avait toujours trouvé mignon dans son tee shirt trop grand.

Il s'en voulait tellement. Tous ces souvenirs remontaient bien trop vite dans son esprit, bien trop douloureusement. Le roux n'avait jamais rien mérité de tout ce qui lui était arrivé. Si seulement Jungkook n'avait pas été là les choses n'auraient jamais aussi mal tourné pour son hyung. Il aurait voulu échanger leur place. Il aurait voulu rester avec lui. Pour toujours.

Il aperçu alors le papier à lettre dépasser d'un tiroir de la table de chevet. Son cœur ne pleurait plus. Il en saignait. Fébrilement il s'avança vers les feuilles légèrement froissées et il les tira du rangement. Toutes les feuilles étaient vierges, terriblement vierges. Ses paroles avaient été prononcées, il les avait maintenant gravées dans son cœur.

Alors il attrapa le stylo noir et se laissa tomber sur le lit moelleux. Ses sourcils se froncèrent en sentant encore mieux l'odeur exotique. Il ne devait pas encore pleurer. Il n'en avait pas le droit. Il devait faire un dernier effort, avant que tout ne se termine.

La pointe du stylo de posa sur les lignes bleues claires du papier décoré de quelques étoiles en angle. Et alors que son esprit partait mourir dans ses pensées et souvenirs étouffés, les premières lettres se formèrent. Abîmées et désespérées.

« Capital de ma douleur. Je te l'ai promis, notre histoire ne saurait se terminer de cette manière. Cette élégie douloureuse de mes pensées t'est adressée. Car tu étais persuadé que j'avais un don, car tous les jours tu me souriait en me disant que tout allait bien. Je mets mes mots à ta disposition, toi qui réussissait à faire s'envoler mes maux d'un sourire saturnien. »

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chronique amoureuse au travers de laquelle j'exprimerai mon ressenti, mes peurs, mes larmes et mes colères. mes personnages sont les reflets de ma personnalité, aussi délirante et douloureuse qu'elle soit. ce qui sera écrit dans cette chronique n'est en rien fait pour me plaindre mais pour m'exprimer. car on m'a dit que j'avais quelque chose avec mes mots. et cette chronique elle est pour toi, toi qui ne te reconnaît pas, toi qui croit être là sans être là, toi sur qui je veux faire une croix. toi qui me donne des maux qui ne semblent vouloir que croître. toi qui me fait perdre moi.

CAPITAL DE LA DOULEUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant