ENIDE

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Je suis perdue. 
Morte. 
Finalement. Tout un désespoir, une peur qui m’a menée vers ce 
destin si recherché qu’est la mort. Tous les jours, ces jours sans fin, j’ai 
tenté, j’ai persisté, je suis restée mais, rien ne marchait. Je n’en pouvais plus, 
je devais partir. Le désespoir a parlé plus fort, je n’ai pu m’en empêcher. 
J'espérais qu’elle soit là. 
Il n’y a rien autours de moi. Du noir. Du vide. Je marche 
silencieusement sur l’air de mon souffle. Je sens ma respiration profonde 
s’agiter. Quel désespoir. Tout est silencieux et pourtant, j’entends des voix. 
Ma voix. Elle murmure des mots absurdes, des mots d’angoisse que je ne 
peux contrôler. Mes souvenirs, ou du moins, ceux qui me restent. Pourquoi je 
parle. A qui? 
Souvent j’ai rêvé de ce moment. Tout abandonner pour une vie 
meilleure, de qualité. Une vie sans devoir travailler, dormir dans la maison 
qui transporte mon passé, avoir froid jusqu’à ne plus sentir mes pieds. Je 
n’en pouvais plus! Je serais certainement très bien ici. Enfin, je l'espère. 
Ici il n’y a pas de vent. Pas de poussière. Pas de soleil. Pas de pluie. 
Cependant, si l’on pouvait seulement imaginer les nuages gris qui me suivent 
depuis le début. J’ai péché et j’en suis consciente. J’en suis même horrifiée. 
Moi, Enide, jeune femme d’à peine une vingtaine d’années, j’ai fait des 
bêtises. Mes erreurs m’ont rapprochée du ciel et m’ont redonné vie. Je peux 
désormais respirer! 
Je me demande ce qui m’attend. 
Je ne sais plus quoi ressentir. La félicité n’est pas adéquate mais la 
tristesse est prévisible. Je ne sais point. La curiosité serait sans doute 
normale, finalement, je marche vers l’incertain mais, ce n’en est rien. Quand 
j’ouvre les yeux, mes doigts affamés tremblent ainsi comme mes jambes et 
mes pieds. Mes cuisses, sans aucun muscle et sans aucune chair, elles 
aussi s'emballent dans une danse rythmée. Bientôt, tout mon corps est en 
fête. C’est l’angoisse et la peur qui parcourent mon corps par des frissons. 
Ce sont elles qui le font bouger, qui le font crier sans voix. Elles qui me 
donnent envie de mourir de nouveau. D’arrêter cette souffrance. De vraiment 
partir. Pour dire vrai, je ne sais ce que je fais ici, consciente. Pourquoi? Que 
veut dire cela? 
Je tente de comprendre, d’imaginer la suite. Est-ce l’idée de la mort, 
ce concept qui semble horrifiant, telle que l’a conçu l’humanité? Que se 
trouve au bout de ce chemin, de ce couloir sombre? Je ne suis plus en moi. 
Je me perds. Je ne me connais plus. Je parle sans rien vouloir dire. Je crie 
sans rien vouloir maudire. Je pleure parce que j’ai peur. 
«Ha. Ha. Ha.» 

Le Début D'une Éternité Où les histoires vivent. Découvrez maintenant