Chapitre 66

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Si vous avez au moins une fois passé une bonne soirée alcoolisée, vous savez sûrement de quoi je parle ... à moins que vous ayez moins de 20 ans car on s'en remet mieux quand on est jeune. [Le coup de vieux]

À peine a-t-on ouvert les yeux qu'un mal de tête prend l'assaut de nos crânes. Tous les souvenirs remontent, le claquement de nos talons à notre arrivée, nos parfums fraichement pulvérisés sur nos tenues soigneusement choisies, un maquillage intact et lumineux. Et un contraste brutal avec le cours de la soirée, le maquillage qui coule, les "chuchotements" entre copines, ou plutôt des cris au creux des oreilles en espérant briser le bruit étouffant des musiques. Les sons si forts qu'ils font tambouriner le cœur dans la poitrine sur un rythme entrainant, les corps se mouvant à la cadence de la mélodie, l'odeur des corps transpirants les uns collés aux autres. Les cris enjoués perçants la musique, les lumières changeantes, l'esprit embrumé par le poison, la douce brûlure de l'alcool ... le regard de ma meuf quand je danse, quand je déglutis ma boisson ... Le goût de son poison quand ma langue rencontre la sienne ... ses mains sur mon corps ...

Ughhhh maintenant je suis éclatée ET excitée. Foutus souvenirs.

Une soirée comme celle-ci, chaude et bien arrosée est toujours suivie d'un lendemain désastreux, une journée que l'on ne voit pas passer. À dormir jusqu'à 14h, se lever par obligation, pour pisser ou vomir ses tripes, se lever pour aller se recoucher sur le canapé avec un mal de crâne à en mourir. L'impression que chaque petit bruit est intense, chaque odeur donne la gerbe. 

Aujourd'hui est un lendemain de fête arrosée. Et vous savez ce qui est horrible dans ces lendemains de fête ? Les gens qui, eux, n'ont pas la gueule de bois et qui agissent de manière totalement normale alors qu'ils devraient plutôt arrêter de respirer et partir crever ailleurs pour que l'on puisse décuver en paix. L'exemple type : nos colocataires masculins qui claquent les portes, jettent des choses au sol, gueulent dans toute la foutue maison tandis que nous 4 sommes au bord de la mort. 

Elisa et moi avons eu le courage de nous lever pour nous poser sur le canapé en attendant les filles qui, sûrement énervées par les garçons et leurs bruits, sont restées dans la chambre de ma très chère colocataire. Chose que je n'ai compris qu'en recevant un message de ma copine me demandant de monter la rejoindre dans sa chambre si j'espérais la voir aujourd'hui. Chose que j'ai fait sans hésiter, bien trop dépendante de son odeur, son goût, ses bras. Elle seule peut me faire monter les marches deux à deux malgré mon énorme gueule de bois. 

Et nous revoilà, toutes les quatre dans la chambre de ma copine, Hailey allongée sur son lit, un bras passé derrière sa tête, l'autre reposant sur ma hanche. Moi allongée sur mon côté, une jambe sur mon amante, une main écrasée sous mon poids, l'autre caressant son doux visage. Cassie à nos côtés, des écouteurs dans les oreilles, un masque de nuit sur les yeux, la couette remontée jusqu'au nez, nous disant toutes les secondes de fermer nos bouches. Et bien sûr, Elisa, allongée en étoile par terre, à regarder le plafond en nous posant des questions toutes les plus farfelues les unes que les autres ... "Vous pensez que je serais un joli papillon si j'étais un insecte ? Ou plutôt une limace ?" 

Je me tais, regardant passionnément ma petite amie construire une réponse aimable et douce pour dire avec douceur à ma meilleure amie qu'elle nous gonfle un peu avec ses questions de merde alors qu'on a envie de crever. Mais c'était sans compter sur notre chère ...

Cassie : Oh for god sake Elisa can you please shut the fuck up ! You would've been a fucking slug of course ! You fucking pain in the ass ! (Oh pour l'amour de Dieu Elisa, ferme ta putain de gueule s'il te plaît ! T'aurais été une putain de limace bien sûr ! Sale casse couilles )

Hailey : (En riant) Looks like someone's having a hangover right here don't you Cass' ? (On dirait que quelqu'un a la gueule de bois par ici, n'est-ce pas Cass')

[Sorry guys, je vous force à lire des phrases en anglais parce que j'imagine chaque chapitre dans cette langue et cette partie sonnait mieux dans la langue de Shakespeare. Je vous mets une traduction au cas où, dites-moi si ça vous gave ... J'en aurais rien à foutre, mais dites-moi. Et remerciez-moi de vous rendre bilingues mes puces.]

Hailey et moi nous mettons à rire tandis que Cassie est énervée par les interruptions répétées de son coma par ma meilleure amie, qui quant à elle, a les bras croisés sur sa poitrine, une moue d'enfant sur le visage ... enfin, je pense la connaissant. Car mes yeux dévorent purement et simplement ma belle Britannique. 

[Vous vouliez du Love ... Je vous noie dedans]

Sûrement un peu gavée par l'ambiance d'Ehpad ou les attaques récurrentes de Cassie pour obtenir le silence, Elisa quitte la pièce. Très certainement pour aller manger un peu ou aller se reposer dans ma chambre. Le silence est revenu dans la chambre, Cassie dans son coin mon cul pressé contre son corps, malgré la grandeur du lit, trois corps le remplissent plus qu'il ne le faudrait.  

Mais reprenons, mes yeux plongés dans ceux de ma petite amie, sa main caressant ma hanche, descendant parfois sur mes fesses mais pas trop car elle heurte Cassie à chaque fois qu'elle tente une telle action bien trop risquée. Mes doigts caressant son visage, en sentant toutes les courbes et aspérités, tombant dans son cou, redessinant lentement les tracés de ses tatouages, ses cheveux chatouillant mon nez. Son pesant regard perçant mon âme, brulant mon être. Ma main continuant sa course sur ventre, passant sous son t-shirt pour tâter doucement ses abdos. Ses joues se tintant de rose, son regard se remplissant d'amour et de ... désir ? Sa prise claire et rapide d'une de mes fesses dans sa main pour me rapprocher d'elle et pratiquement m'allonger sur son corps chaud. 

ET ... "HMMMMM PUTAIN !"

Elle me regarde, je la regarde, aucune de nous deux ne vient de gémir. 

"VAS Y PLUS FORT !"

Je me relève d'un bond, Cassie retire son masque sans ouvrir les yeux et se tourne vers nous.

Cassie : Je vous jure que si vous baisez à côté de moi je vous tue de suite bande de salopes.

Son regard se pose enfin sur nous, Hailey respirant à peine au risque de ne plus entendre de bruit, moi, debout à côté du lit, immobile et prête à un autre cri. 

"HMMMMMM OUIIII"

What the fuck is going on ...

IVYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant