Terreur Lunaire - Livre 1 - Vers le Cœur Arkhale

II - Escapade Royale - Partie 2

Le cadavre d'une créature serpentine gisant par terre, Grenat et Saphir accomplirent avec succès leur mission. Au terme d'une course effrénée entre les arbres de la forêt, le monstre avait voulu attaquer ses deux poursuivantes. Hélas, il tomba dès lors qu'il s'était arrêté, fauché par les lames acérées du duo. Le danger écarté, les techniciens pouvaient revenir pour réparer les canalisations défaillantes.

Elles rentraient donc d'un pas léger à la capitale, se complaisant dans la joie tranquille d'une mission achevée. Tout le long du chemin du retour, Saphir resta silencieuse, poussant Grenat à plaisanter sur cette attitude qui contrastait avec ses tendances loquaces.

— C'est juste une petite fatigue, mentit la princesse pour cacher son appréhension.

Elle montra son épée et haussa les épaules.

— Vous avez une très jolie lame, d'ailleurs ! Je ne me souviens pas vous avoir vu la tenir avant.

— Oh, s'écria Saphir retrouvant sa joie, c'est la Saphirslame, un cadeau de père !

— Une Slame ! s'exclama Grenat, pourtant peu impressionnable. Vous parlez bien d'une des épées légendaires ?

— Elle-même ! confirma Saphir, excitée.

Elle la dégaina et la mit sous le nez de la générale qui poussa un soupir émerveillée. La lame était toute de saphir et rutilait de magnificence. Ravie de cette arme qui faisait son orgueil, Saphir la rengaina mais Grenat interrompit son geste. Elle reprit la lame et l'approcha de ses yeux. Des mots étaient gravés sur la pierre précieuse.

— « Si les Slames sont réunies, l'Éden renaît. » lut-elle.

— Rien ne vous échappe ! s'étonna Saphir.

— Sa Majesté vous a dit ce que ça signifiait ?

— Du tout. Je me suis rendue à la bibliothèque pour comprendre mais il n'y avait rien de satisfaisant. En tout cas, mon père m'a dit que c'est son propre grand-père qui l'a ramené d'un de ses voyages.

— Vous avez une très belle épée, en tout cas. À la hauteur de votre rang. Les Slames sont tout ce qu'il y a de plus nobles, vous savez. Et vous vous en servez avec beaucoup d'adresse !

— Mais non, voyons, dit Saphir en feignant la modestie. Je ne vous arrive pas à la cheville, ni à vous, ni à votre belle « Sauver La Reine ».

Elle jeta un regard sur la fine lame de platine accrochée au fourreau de Grenat. Saphir ne la laissa pas répondre et poursuivit :

— Père me l'a donnée il y a deux jours... Vous savez, ajouta-t-elle en lui lançant un regard en biais, avant qu'il ne s'en aille, lui, mère et les autres.

L'atmosphère se gâta au quart de tour. Comprenant les desseins de la princesse, Grenat lui rendit son épée et reprit sa route vers le château, qu'elles abordaient déjà. La princesse ne se décourageait pas :

— Je me demande où ils se rendent à chaque fois... Et pourquoi tous les rois de l'Adrastée se mobilisent ? Et pourquoi tant d'agitation ? Que se passe-t-il ? J'ai bien vu d'ailleurs, hier, le soulagement qu'ils avaient tous en rentrant...