Le secret!

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Je ne m'étais toujours pas remise de mes émotions à propos de tous ces changements, mais la reprise à l'école ne va pas arranger grand chose, enfin j'espère me tromper.
Il ne faisait jamais beau, la pluie inondait la terrasse du jardin, rendait le toboggan dégoûtant et la pelouse était spongieuse. Je ne pouvais rien faire à part rester avec mon petit frère, il avait tellement grandit; quand je suis seule et triste, je vois dans son regard tout l'amour qu'il dégage. Je sais que lui seul me comprendra plus tard...

Le lendemain matin, je devais prendre mon bus qui normalement doit venir me chercher devant chez moi, j'avais un petit sac à dos rose Barbie. Maman m'avait joliment habillé, en jupe en jeans, des collants épais blancs, des bottines, un pull blanc et pour finir un manteau rose. J'étais sa poupée.
Mais moi qui n'étais pas aussi fines que toutes les petites filles de mon âge, j'appréhendais le regard des autres. De plus, j'étais très grande, on m'a dit que je faisais une poussée de croissance, je trouve ça très tôt mais bon.
J'avais les cheveux détachés bouclés avec un serre tête rose évidemment.
J'avais peur.
Maman ne pouvait pas m'accompagner dans le bus pour mon premier jour, elle devait garder mon frère alors c'est le monsieur de la maison qui devait m'accompagner...
Je me disais que peut être il voudra me parler réellement pour apprendre à me connaître, j'aurai aimé.

Le chauffeur de bus était gros, mal habillé, on aurait dit un pyjama. Il avait les cheveux assez long sel et poivre et barbu. Il me regarde et me dit d'un ton joyeux " Bonjour ma grande, appelle moi Dédé !" Je l'adorait, il était souriant et de bonne humeur. Ce n'était pas vraiment le cas du monsieur de la maison, il avait une tête fatiguée et me tenait par l'épaule avec son bras, il faisait protecteur, j'aimais bien. Il n'y avait pratiquement personne dans le bus, seulement trois, quatre élèves, ils ne prêtaient pas attention à moi.
En arrivant devant l'école, j'étais surprise de la grandeur de l'établissement et de la cour de recréation! Tous les enfants jouaient avec des trottinettes, des ballons, des cordes à sauter et même à la balançoires ! Dans mon ancienne école il n'y avait pas autant d'activité comme il y avait devant mes yeux, je me ferai peut être plus facilement des copines, je l'espère.

La maîtresse m'attendait devant la grande porte d'entrée, elle avait l'air douce, elle avait une voix apaisante, des beaux yeux bleus et une coupe au carré blonde. Tout ce que j'aimais.
Elle demanda au monsieur de la maison :"Vous êtes sûrement le papa j'imagine."
- "Oui!" dit-il d'une voix déterminé.
Mais qu'est ce qu'il raconte ? On se connait depuis une semaine ! Je me posais énormément de questions, il croit que je suis trop jeune pour comprendre les choses, et bien il se trompe. Au contraire, mon mode de vie me permet de devenir encore plus attentive et méfiante. Il est bête.
Elle nous emmenait dans ma salle de classe qui n'était pas si grande que ça mais avec tellement de jouets, pas autant que ma chambre en tout cas.
Ma maîtresse me regardait et me demandait : "Est ce que tu aimes dessiner?"
D'un ton timide je lui ai répondu: "Oui"
Elle m'a donné une feuille blanche et des crayons de couleurs, alors je commençais à dessiner sur une table basse toute seule avec le monsieur de la maison. Il me regardait pendant deux minutes, la maîtresse n'avait rien à dire de particulier : "Je vois qu'elle n'est pas difficile à occuper cette petite !"
Bien sûr que non je ne suis pas difficile, j'ai été élevé comme ça, à dessiner et ne rien dire. Je dessinais beaucoup de personnages qui parlaient dans des bulles, cela m'aidait à m'exprimer à travers mes dessins.
Il m'a fait un bisou sur le front en disant "A ce soir ma puce!".
À l'instant où il est parti je me sentais perdu, je me demandais ce que j'allais faire quand les élèves seront rentrés de la récréation. Quand soudain une grande femme maigre, vieille et laide me disais : "Bonjour toi, je suis l'assistance de ta maîtresse, sois sage et ne dépasse pas dans ton dessin !" .
Je n'aimais pas sa façon d'être.
Enfin, j'espère qu'elle n'est pas comme ça tous les jours. J'ai décidé d'arrêter le dessin pour pouvoir aller jouer dehors, je ne savais pas où me mettre tellement qu'il y avait du monde, alors je me suis assise sur un petit banc autour d'un arbre. Il faisait bon, j'étais bien. Personne ne me regardait, ils ne me jugeaient même pas! J'avais l'habitude d'observer les camarades jouer mais là c'était différent, heureusement d'ailleurs.

Je commençais à m'ennuyer, quand une petite fille est venu me voir et me demande: "Comment tu t'appelles?"
-"Je m'appelle Laura et toi?"
-"Moi je m'appelle Sandy"

Elle était brune au cheveux longs, elle avait mon âge et c'est avec elle que je resterai dans la classe, elle est tellement gentille ! 
-"Tu veux jouer à la trottinette avec moi?"
-"Je ne sais pas en faire..."
-"Viens, je te montre."

On rigolait tellement bien ensemble, j'oubliais tout ce qu'il se passait dans ma vie, grâce à elle je retrouvais mon âme d'enfant.

-"Je t'ai vu avec ton papa tout à l'heure."
-"C'était pas mon papa."

J'avais oublié ce petit détail, pourquoi avoir dit à la maîtresse qu'il était mon papa. En tout cas, je vais éviter d'y penser parce que avec Sandy je m'amuse bien mais ce soir je ne sais pas comment ça va se passer à la maison.

L'innocenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant