2, Timing

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Des secondes auraient pu se dérober sous ses yeux qu'elle ne les aurait pas vu passer. Elles défilaient sans perdre de temps, sans se préoccuper de ce que l'on pouvait vivre à chaque instant. Qu'importe l'importance du moment présent, le temps ne s'arrêtait jamais, lui. Chaque seconde avait une durée de vie limitée. Le temps était temporaire, précaire et pouvait se briser. Erratum. Il n'était assurément pas momentané mais éternel.

Et pourtant, les secondes mourraient sans qu'ils ne les voient disparaître.
Arrêt sur image.

Boom boom.
Boom boom.

Son cœur s'affolait face à cet accident. Mais la jeune femme ne savait expliquer ce qui était réellement entrain de se passer. Pourquoi son cœur battait-il aussi fort ? Avait-elle peur ? Ou bien... Se serait-elle entichée de cet homme ? Non. Pas si vite... Tout s'était passé trop vite. Mais ce fut un fait. Lorsqu'il se précipita sur la jeune femme, ses yeux se sont retrouvés dans les siens. Tous deux s'égarant dans les nuances de bleu de l'autre. Elle, dans un bleu profond, froid. Lui, dans un bleu océan, sombre.

Et c'est à cet instant que tout a basculé, pour elle.

Ses yeux – longtemps restés plongés dans son regard – se sont peu à peu détaché pour venir parcourir chaque centimètre de son visage que la bleue désirait tant découvrir. Et la jeune femme ne fut, en aucun cas, déçue du détour. Dieu qu'elle le trouvait exquis avec ses cheveux brun en bataille qui entouraient son visage hâlé. Des mèches retombaient vulgairement sur son front sur lequel se trouvait une cicatrice au-dessus de son œil gauche, à peine visible – mais qui n'échappa en aucun cas aux yeux inquisiteur de la jeune femme. Son attention se concentra à peine sur son nez fin, aspirant plutôt à descendre sur ses lèvres. Des lèvres fines et sensuelles – qu'elle embrasserait volontiers.

Étonnamment, ni l'un ni l'autre ne chercha à interrompre ce court moment.

Lorsque la bleuté continua son inspection, elle posa son regard sur la chemise à manches courtes qui l'habillait et ce n'était pas ce fameux vêtement qui allait de sitôt la faire sortir de sa transe, bien au contraire. Les premiers boutons détachés de sa camisole ont suffi à la séduire davantage. Elle pouvait entrapercevoir très clairement le début de ses pectoraux ainsi qu'un pendentif – une sorte d'épée qui se confondait avec une croix argenté dotée d'un diamant bleu. La jeune femme arrivait facilement à l'imaginer avec une musculature égalant celle des dieux mythiques grecs, rivalisant sans peine avec Apollon. Et puis peu à peu, sans en avoir vraiment conscience, ses pensées s'obscurcirent lentement. Obnubilée par ce physique exceptionnel – et parfait – la jeune femme s'imaginait déjà des scènes torrides avec lui. Son corps le réclamait, elle le désirait.

Face à cet homme, la femme aux cheveux bleus se trouvait désarçonnée, troublée.

La femme-pluie n'arrivait plus à avoir les idées claires, le contrôle était bien loin de ses pensées actuelles toutes tournées vers un individu en particuliers. Ses yeux cherchèrent à nouveau le contact des siens qui la perturbaient tant de la tête aux pieds. La bleuté voulait percevoir ses ressentis à son égard, ne serait-ce qu'un minuscule signe de sa part. Était-il lui aussi tombé sous son charme tout comme elle l'était ? Peut-être ou peut-être pas, ni elle ni personne n'allait connaître cette réponse. Le court des choses en avait décidé autrement. À peine ses yeux gagnèrent ses lèvres – maintenant entrouvertes – qu'un vêtement se posa sans ménagement sur son délicieux visage, le masquant de part et d'autre.

Saleté d'exhibitionniste ! Évite de te déshabiller en partant de chez moi, imbécile, lança une voix féminine depuis l'intérieur de l'appartement.

AFTER THE RAIN (Gruvia)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant