Le jour se lève.

XIII - Un renouveau

- J'ai fais beaucoup d'erreur. Mais de t'aimer n'en a jamais été une et je ne m'excuserais pas pour ça encore au jour d'aujourd'hui.

Je reste dubitative. Vient-il vraiment de me dire qu'il m'aimait ? Ou du moins qu'il m'aimait jusqu'il y a un passé proche ?
Je suis comme pétrifiée, incapable de le regarder tant je n'arrive pas à remettre de l'ordre dans mes pensées.
C'est tellement peu croyable que je peine à me remémorer ce qu'il vient de me dire.

- Tu m'aimes encore ?
Je ne sais pas ce qu'il me passe par la tête à ce moment précis, mais j'ai comme l'ultime conviction qu'avoir une réponse est plus important que paraître débile à poser la question.

Il tire sur sa cigarette, comme si il avait une réponse évasive possible à cette question.
Je commence à regretter mes paroles quand il me lâche enfin quelques mots.

- Disons que c'est assez compliqué.

- Comment ça ?
Je sais que je lui en demande déjà trop pour tout ce qu'il vient de m'avouer mais j'ai un besoin incessant de réponses depuis qu'il a débarqué dans ma vie et j'ai comme l'impression qu'elles n'arriveront jamais si je ne le force pas à cracher le morceau.

- Ella... pas maintenant.

- Autant dire jamais dans ce cas. Dis-je froidement pour paraître vraiment en colère contre lui.
Mais je le suis.

J'en ai marre de n'avoir que dès réponses bidons ou aucunes raisons tout court. Cette impression d'avoir été bête de poser des questions qui n'avaient pas lieu d'être en plus de n'avoir aucune réponse. Je crois que ma vie avec lui se résume très concrètement à ça. Moi me demandant des milliards de choses alors que je suis la fille la moins prise de tête au monde, et lui prenant son mal en patiente et ne crachant jamais un mot de vrai.
J'ai eu tendance à m'écraser devant lui. À sentir que c'est moi qui était en faute. Quand je suis revenue de ces fameuses vacances avec Martin et lui, j'ai compris que je n'arriverais jamais à rester dans cette situation bien trop ambiguë à son égard. Mais c'était bien plus fort que ça je crois.
Je crois qu'en me prenant la main se jour-là pour me ramener jusqu'à la voiture de ma mère j'ai su que plus rien ne serait comme avant.
Et peut être que ce n'était qu'enfantin dans ma tête, mais je l'ai perçu.
Malheureusement je n'avais pas tord. Je n'avais pas tord de penser que les choses ne seraient plus comme avant, mais pas de la même manière dont cela s'est déroulé.
Il est parti deux semaines plus tard avec sa mère et j'ai bien pensé que c'était qu'une erreur de plus dans ma vie sentimentale si on peut le considérer comme en faisant parti.
Je me suis promis de ne jamais plus me faire du mal inconsciemment et j'aurais dû m'écouter un peu plus.

Ce gars a quand même eu l'audace de revenir ici, de refaire surface dans ma vie comme si de rien était et arriver à me faire oublier Max.

C'est drôle comme j'ai l'impression que ma vie amoureuse n'a fait que tourner en rond depuis des lustres.
Est ce qu'on vous a déjà dis qu'il y avait un point de non retour ?
Je crois que ce soir c'est le cas, et le vin blanc que j'ai bu vingt minutes auparavant n'arrange rien à mon renouveau.
J'ai décidé de prendre les choses en mains, aujourd'hui j'en fais acte.
Je ne partirais pas de ce fichu balcon sans avoir eu les réponses que j'attend.

- Je ne vais plus t'attendre Yann. J'avais même fini par arrêter de le faire quand t'es parti et voilà que tu te sens obliger de revenir dans ma vie. L'ironie du sort je crois... je crois que je suis condamné à revivre incessamment l'histoire dans ma tête puisque tu as décidé de faire parti de mon quotidien en revenant ici.

- Tu crois sincèrement que c'est ce que je voulais ? Dit-il en se retournant pour me faire face. Tu crois sincèrement que je voulais partir puis revenir pour refaire une vie que j'ai laissé tomber auparavant? Tu crois que ça me fait plaisir de revenir et de me rendre compte que la personne qui se tient tous les jours à tes côtés était mon meilleur pote et toi..toi...