Opra

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Point de vue : ???

Une brise douce contrebalançait avec le ciel grisâtre, orageux. Les nuages étaient sombres, et menaçaient de faire tomber la pluie. cependant, le vent restait calme, ne montrant pas que la tempête s'apprêtait à éclater. Une tempête. Exactement comme ce qui allait se passer. Une tempête pour tous. Une tempête simple, pour les autres humains, une tempête de pouvoirs pour nous, la troisième gérante, Am', et moi. Il y a longtemps, j'avais cru que faire le bien se résumait à empêcher les "méchants" de tuer les gentils. La réalité est loin d'être aussi simple. Dans la vraie vie, les gentils et les méchants se ressemblent, et il est plus difficile de prendre une décision. Parce que les "méchants" sont partout, et, parfois, ils sont méchants pour l'humanité, mais pas avec une seule personne, comme son ou sa compagne. Les méchants ne sont pas des hommes barbus, avec des sourcils prononcés et un gros nez crochu. On n'est pas dans un Disney. Dommage.

La mission aurait dû commencer il y a déjà une demi-heure, mais il semblerait que la troisième gérante soit moins à cheval sur les horaires que moi. Et pourquoi est-ce que je l'appelle le troisième gérante ? Elle a un nom. Opra. Opra est une femme calme, du moins en apparence. En vérité, son cerveau contient tellement d'information qu'il risque à tout moment d'exploser. Elle pense tout le temps sans s'arrêter, elle analyse absolument tout ce qui lui passe sous le nez. Ce puissant esprit d'analyse est très utile, surtout dans des cas comme celui d'Am. Malheureusement, elle sait aussi analyser mon propre visage. Et... Ce n'est pas forcément ce dont j'ai envie. Il est peut-être temps de tourner la page. Voilà ce que mes amis m'ont dit. Tourner la page. C'est si compliquer quand on est plongé dedans. J'avais l'impression que je ne pourrais jamais tourner la page. Nous avions été en couple longtemps. Mais, nous ne nous voyions pas assez, et une fosse s'est formée entre nous. une fosse immense, impossible de la remplir.

Comme elle n'arrivait toujours pas, j'en ai eu marre d'attendre. tant pis, je partis sans elle. Je commençai à traverser une forêt sombre, terrifiante quand on ne la connaît pas. les arbres étaient serrés, leurs branches faisant penser à des membres décharnés, se précipitant inévitablement vers toi. Cette forêt, je la connaissais. très bien même. j'aurais pu trouver la sortie vers la ville les yeux fermés. Tout en marchant je pensai à Opra. Pourquoi n'était-elle pas venue ? je déglutis. Pourquoi n'arrivais-je pas à tourner la page.

Tandis que je m'approchai de la lisière, la lumière commençai à se faire sentir, et je compris que le soleil était revenu. Contrairement à beaucoup, j'appréciais l'obscurité. le fait de ne pas savoir s'il y a quelqu'un proche de nous, s'il se passe quelque chose à deux pas de nous. L'obscurité et le silence. Beaucoup de personne déteste le fait de ne pas savoir ce qui les attend, de ne pas voir si, justement, il se passe quelque chose en face d'eux. Ils veulent savoir, alors que je préfère n'être au courant de rien. C'est un vieux réflexe. J'ai perdu ma famille tôt. Je n'ai pas eu l'occasion de développer réellement le concept de la confiance. Que ce soit en soi ou en autrui.

La ville balnéaire brillait sous les feux du soleil, comme si elle avait été sous la lumière d'un projecteur, sur une scène flamboyante d'un théâtre. La vie est comme une scène de théâtre. Parfois on est dans la lumière, parfois on ne l'est pas. Mais quand on ne l'est pas, on est pas forcément dans l'ombre. Moi, j'ai été dans l'ombre trop longtemps. Et je ne dis pas ça que parce que je veux que l'on me voit, non, non. Je pense qu'on ne peut pas grandir et évoluer si on n'est pas un petit peu dans la lumière quand on est enfant. Ou adolescent. Mais c'est trop tard. J'ai pris l'habitude de l'obscurité, et rien ne pourra le changer. Soudain, une voix féminine cria mon nom.

<< MICHAEL TROUFION !!!>>

Je me retournai. Opra. Elle m'appelait toujours de la même manière. Depuis le premier jour où nous nous étions rencontrés, jusqu'à maintenant. Opra m'attendait, appuyée sur un mur, qui semblait pourtant près à s'écrouler. Elle portait un haut blanc qui faisait ressortir sa peau sombre, et un jean slim. Ses cheveux crépus étaient noués en une queue de cheval serrée. De la fumée grisâtre émanait d'une cigarette, qu'elle avait, coincée, entre les lèvres. Comme pour lui faire remarquer que je n'appréciai ni le fait qu'elle m'appelle ainsi, ni le fait qu'elle fume encore, je donnais un coup sur sa cigarette. elle se mit à tousser, vexée. Elle dit :

<< C'est bon, si t'arrive pas à penser à autre chose, tu peux me le dire, je serais ta psychologue.
- Très drôle, rétorquai-je. Bon, on y va ? Plus vite on aura fini, plus vite tu ne serais plus obligé de m'appeler Troufion, et d'être ma psychologue. Et puis, c'est pas comme si c'était une affaire facile.
- Oh, pauvre chéri, t'as peur de te rater ? C'est bon, c'est une gamine, elle peut nous faire quoi au pire ?
- Hem... Je sais pas, peut-être utiliser ses pouvoirs pour nous tuer ?
- Elle ne ferait jamais ça. Elle a préféré fuir la dernière fois, je ne vois pas pourquoi ça aurait changé.
- Il n'y a pas qu'elle. Je pensais aussi à...
- Je sais. mais c'est pour ça qu'on est là, donc théoriquement on est censés gérer.
- Et si on gère pas. J'ai jamais affronté un truc pareil ! Et toi non plus il me semble.
- Tout est dans l'association des puissances. Moi, je suis très mentale, et je saurai à quoi elle pense. Toi, tu fais les plans, et tu es organisé. Ensemble, on est infaillible.
- Et si, même en étant infaillible, on se rate ?
- Dans ce cas là, j'arrête de fumer.
- Et si ça me donne envie de rater, cette proposition ?
- Fais comme tu veux, mais c'est toi qui gère après quand ce problème ne sera plus situé juste au niveau de Am'. >>

Je me tu. Elle avait raison. Jamais pour des cigarettes je ne ferais échouer une mission. Je ne suis pas dans ce genre là.

***

Nous étions à peine arrivés devant ce qui semblait être le nouveau logis de Âme, que nous savions que la tâche serait bien plus ardue que prévu. Nous l'avons senti. Ce que nous appelions le problème, avait gagné en puissance.

Bien trop, et de manière bien trop rapide.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 29, 2016 ⏰

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