Chapitre 11: Partie 4

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Bonne Lecture ~♡    

Il est huit heures, j'ai un carton plein à craquer dans les mains et je ne sais absolument pas ce qui m'a pris. Qu'est-ce que tu fiches devant cette maison, bordel ?!

Je regarde le contenu du carton, j'imagine que c'est le seul moyen de bien repartir à zéro, n'est-ce-pas ? J'appuie sur la sonnette, au dessus de mon doigts inscrit « Wheeler ».

Je rends rapidement tout ça à Brittany et je fiche le camp, récapitulai-je mentalement.

La porte s'ouvre sur madame Wheeler, grande, blonde, aussi belle que sa fille.

- Scarlett, s'écrit-elle en descendant les marches. Ça fait longtemps !

- Oui, souris-je gênée.

- Tu viens voir Britt ? demande-t-elle en ajustant son foulard bleu roi.

- Exactement...

Son sourire colgate m'éblouit presque, je la suis alors qu'elle ouvre le pas vers l'intérieur.

Tu lui donnes et tu pars.

Elle me guide dans cette maison que je connais si bien, jusqu'à la chambre de Brittany avant de taper deux fois sur la porte. Un « oui » énervé se fait entendre et la porte s'ouvre sur Britt. Elle est assise sur son grand lit à baldaquin, tout de soie vêtue. Je vois l'étonnement tout doucement apparaître sur son visage.

- Je vais vous chercher quelque chose à boire, s'exclame la mère de Britt.

- Ce n'est pas la peine je ne serai pas longue, répondis-je précipitamment.

Il y a un mini silence, un « d'accord » et le cliquetis de la porte.

- Je viens juste te rendre ça, chuchotai-je en posant à terre le carton plein de tout nos souvenirs dont j'avais décidé de me débarrasser miraculeusement en me levant ce matin.

- Pourquoi ? questionne-t-elle en regardant fixement le contenu.

- Parce que c'est à toi... Ton pull, tes barrettes, ton rouge à lèvres, tes photos, fais en ce que tu veux, jette les... Je ne sais pas...

- Ok.

On se regarde.

- Je vais y aller maintenant, soufflai-je embarrassée.

- Tu pars où cet été ? interroge-t-elle dans mon dos.

- Chez ma tante...

- Ta tante super sévère ?

- Exactement, ris-je me détendant un peu, et toi ? À Londres chez ton grand-père ?

- Oui.

Deux inconnues qui ne se connaissent que trop.

- J'espère que tout va s'arranger pour toi, avouai-je en regardant ma basket blanche droite sur laquelle un trou trône.

- J'espère aussi.

« À la toute fin, nous ne nous rappelons pas des mots de nos ennemis, mais du silence de nos amis. » J'imagine que ce n'est pas si faux.

- À bientôt, achevai-je en la regardant une dernière fois.

J'ouvre la porte de sa chambre, marche le long du couloir, sors et rentre à la maison.

***

Je m'assieds sur la valise et appuie comme une dingue pour réussir à la fermer.

- Scarlett, dépêche-toi je vais arriver en retard à ma réunion ! s'égosille mon père en bas de l'escalier.

J'agrippe ma valise, glisse mon portable dans ma poche de pantalon et mets mon sac à dos avant de dévaler à toute vitesse les escaliers.

Une fois en bas, j'ai le droit au regard le plus noir de tout New York, puis je me tourne vers Sean qui mime grossièrement notre père pendant qu'il ouvre la porte avant de se prendre une tape sur le ventre de notre mère.

Nous montons dans deux voitures séparées, mon père n'ayant pas voulu changer son emploi du temps, a décidé de m'escamper plus tôt que prévu de la maison, en échangeant mon billet d'avion pour 20 heures avec un pour 13 heures. Coup de grâce il semblerait que je sois la fautive.

Il me regarde dans le rétroviseur... C'est quoi son problème à la fin ?!

Après trente minutes interminables, nous arrivons à l'Aéroport de Newark-Liberty. Mon père ouvre le coffre, en sort ma valise et ma mère garée plus loin arrive avec mon frère.

Le visage de Sean semble plus serein, les dégâts causés par la drogue sur son corps semblent s'estomper de jour en jour. Son mal-être également. Il emménage dans trois jours chez son ami et cela paraît vraiment être une libération pour lui,  bien qu'il n'ait pas prévenu papa et maman, craignant les retours.

Il me sourit, il a même réussi un entretien d'embauche en tant que vendeur dans un vidéo-club, et étant donné la quantité de hipsters dans la ville, c'est certainement l'un des postes les plus sûr à New York. Nous rentrons dans l'aéroport et nous dirigeons vers le quai d'embarquement indiqué sur le billet.

Je me retourne vers ma « famille ». Maman a les traits tirés, Papa est concentré sur son smartphone et Sean me couve du regard.

- À dans un mois ? essayai-je de me rassurer.

- Oui, souffle Sean en m'embrassant.

- À bientôt ma chérie, glisse ma mère.

- C'est cela, répondis-je en me reculant pour éviter son accolade.

- J'espère pour toi que tu sauras de tenir, grince mon père levant finalement les yeux de son téléphone.

- Zut, j'avais l'intention de me taper toute la population masculine de la ville, rétorquai-je en le fusillant du regard.

- Arrête ça, ordonne-t-il.

- Oui chef, je t'aime Sean à bientôt, lâchai-je avant de tourner les talons prête à commettre un meurtre.

J'entends mon père pester, « traînée ».

Je me retiens, prends sur moi, et passe par la douane. Tout contrôlé, ma valise sur le tapis roulant, je me dirige vers l'entrée, tends mon billet à l'hôtesse qui m'indique ma place.

C'est parti...

Je monte dans l'avion, traîne les pieds, avance jusqu'à la première classe, siège 064, je vois finalement le numéro. Un homme imposant est assis juste à côté, je sens la tension monter. Il est caucasien, boudiné, a une barbe plutôt concédante et tape brutalement du pied sur le sol.

Je déglutis difficilement.

En soufflant un « pardon », je m'assieds et retire mon sac. Mon cœur bat vite, un siège à côté de moi est vide... Et je vois bientôt son possesseur arriver. Un quinquagénaire...  Mes mains tremblent, je les crispe sur les accoudoirs. Respire. C'est si étouffant... Je passe une main sur ma gorge, il s'assied.  

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant