La Larme de Sang tome 7 La rose des Immortels

Chapitre 14 Un voyage pas comme les autres

14. Un voyage pas comme les autres

Angela

Voilà presque trois jours que Jude dormait d'un sommeil de plomb et que nous nous activions pour que tout soit près avant la date fatidique. Le palais était en ébullition les dirigeants discutant ou plutôt se disputant lors de réunions interminables, les disciples entraînant Ryan au combat et Lorenzo et moi tentant encore et encore de maîtriser le don de l'autre pour que lorsque le moment serait venu nous puissions appliquer le plan de mon amie.

Nolan s'inquiétait pour Jude comme toujours, il ne comprenait pas pourquoi elle ne se réveillait pas, il avait même tenté de la réveiller lui-même en vain. J'avais essayé de le rassurer, sa femme était simplement épuisée par toutes les visions qui ne cessaient de l'assaillir. Et je ne pouvais que la comprendre, au début de ma vie d'immortelle ça avait été la même chose pour moi, sans arrêt submerger par les pensées des gens m'environnant. J'étais si fatiguée que je ne faisais que dormir ou presque. J'aurais voulu discuter avec elle avant mon départ, hélas elle ne semblait toujours pas prête à se réveiller et moi j'étais déjà en train de faire mes valises. D'ici quelques heures je m'envolerai pour Budapest avant de rejoindre Nyirbator où Élisabeth avait élu domicile.

-Tu es prêtes ? m'interrogea Lo en entrant dans notre chambre mon manteau contre-plié sur son avant bras.

Je jetais un dernier regard à ce qui avait été pendant des mois ma chambre, mon foyer, ma bulle. La coiffeuse au miroir picté par le temps, le parquet sombre aux lattes tâchées par la cire de bougie, le lit au tissu capitonné et soyeux, tout cela et bien plus encore me manquerait. J'allais quitter un château que je connaissais maintenant presque comme ma poche où se trouvaient mes amis, mieux, ma famille pour un lieu inconnu où devait régner la crainte et l'horreur, et j'avais terriblement peur.

Je respirais un bon coup et esquissant un sourire hochais la tête sans rien dire pour éviter que mon conjoint n'entende ma voix qui à coup sûre chevrotait.

Il me le rendit plus par politesse que pour autre chose.

-Inutile de faire semblant avec moi mon amour, je peux ressentir la moindre de tes émotions et je partage tes angoisses. Je déteste au plus haut point t'imaginer loin de moi et surtout auprès d'elle mais c'est ce qu'il y a de mieux à faire d'accord ? Et puis je sais que tu t'en sortiras, après tout tu l'as fait durant des siècles non ?

Mon cœur se serra un peu plus dans ma poitrine. Il ne connaissait qu'une partie de notre projet, mais comment aurais-je pu lui en dire plus en sachant qu'il refuserait avec véhémence que je leur en vienne en aide ? Il fallait bien que je fasse quelque chose pour Irina et Dimitri quand bien même je prenais de gros risques.

-Les choses sont différentes aujourd'hui, tu sais aussi bien que moi combien Báthory est...

Il plaqua délicatement son indexe sur ma bouche à la vitesse de l'éclair m'intimant de me taire.

-Certes mais je sais également à quel point tu débordes d'ingéniosité et d'intelligence, ais confiance en toi et tout ira pour le mieux, murmura-t-il avant de déposer un tendre baiser sur mes lèvres me prenant les valises des mains.

-C'est toi qui décide o maestà, tentais-je de plaisanter en effectuant une révérence volontairement exagérée.

-Bien, je préfère ça, j'aime t'entendre le dire, rit il avant de sortir de la chambre. T'entendre parler italien me rappel tant de souvenirs, notre langue me manque.

Je lui emboîtais le pas me forçant à paraître décontractée.

-A moi aussi.

Nous traversâmes les interminables couloirs des étages où nos pas me semblèrent résonner si fort que c'en était ridicule avant de descendre le grand escalier, c'était le moment ou jamais.