Le journal du maire

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Royaume Uni au début du XIXème, époque riche de découvertes intellectuels, scientifiques et culturelles. L'Europe était entrain de changer. Bientôt, la Révolution Industrielle pointerait le bout de son nez! La fierté de toute une nation Britannique que d'être à l'avant garde du progrès! Folles inventions et progrès incroyables que nous n'aurions jamais l'occasion de connaitre. Loin d'être un jeune homme insouciant, j'ai été élu maire de Rothbury, sympathique ville du comté de Duskwood au nord de l'Angleterre. Bien souvent, nous étions confondu avec Rothbury dans le Northumberland. Tout au moins, c'était avant que notre ville ne soit tristement rebaptisée Raven Hill. Pour ceux qui retrouveraient trace de notre sombre et tragique existence, je tenais à vous léguer les quelques pages d'un journal soigneusement tenu depuis mon premier jour à la tête de la ville.

« [...] Hélas, voici une bien triste nouvelle je ne me devais de consigner dans ce journal. Au petit matin, le corps de Lord Blackwood a été retrouvé, sans vie, gisant près de son bureau. Les autorités avaient conclut à un meurtre. La famille a été grandement choquée. J'ai senti que si nous n'intervenions pas très vite, les habitants risquaient de demander des comptes. Chose tout à fait compréhensible lorsque l'on savait que le Lord était un personnage important et apprécié à Rothbury. [...] »

Le 5 mars 1840


« [...] L'enquête avançait et cela non sans grandes difficultés. Il fallait avouer que la famille Macadam ne facilitait d'aucune façon que ce soit la progression de l'enquête. Mais ce détail m'incitait à penser qu'ils cachaient plus de choses qu'ils ne voulaient bien nous faire croire. Malgré les mises en garde, j'avais alors entrepris d'explorer les anciennes mines appartenant à ces notables. On racontait par ici que cet endroit était hanté. Toutefois, après une nuit dans les entrailles de la roche, nous n'étions pas tombé nez à nez avec des esprits en colères, mais bel et bien sur un trésor d'une valeur presque inestimable. J'y découvris, par la même occasion, les objets qui avaient été dérobé à Feu Lord Blackwood. Que devais-je en conclure ? [...] »

Le 23 mars 1840


« [...] Cette histoire ne cessait de monter en puissance. Les dernières informations de l'enquête laissaient à croire que les Macadam étaient à l'origine de nombreux cambriolages dans la ville. Cela m'avait donc forcé à faire quelques recherches personnels sur cette illustre famille. Tache d'ombre dans la lumière, le cadet de Lord Macadam était un criminel de haut vol. Ainsi avait il fuis la capitale pour trouver refuge auprès de son père. La nuit suivante, après une investigation rudement mené, je manquais d'être victime d'un meurtre. Avais je malencontreusement déterré quelque chose? [...] »

Le 27 mars 1840


« [...] S'il plaisait à Dieu d'éprouver mon âme, il m'avait fait grâce de la vie. Peut-être n'était-ce que le fruit d'un hasard. Dans tous les cas, j'ai été sauvé par mon brave ami Peter, ce dernier mettant en déroute le vile rôdeur de l'ombre. Le meurtrier effarouché avait fui avec une terrible maladresse, bousculant deux officiers en patrouille. Peter s'était alors mis à crier de l'arrêter, qu'il avait tenter de m'assassiner. Mais par cette action civique, mon brave camarade de toujours se retrouvait instigateur d'une force qui allait devenir des plus incontrôlable. [...] Le tapage avait réveillé bon nombre de mes chers concitoyens. Certains disaient avoir vu l'agresseur prendre la direction du Manoir Macadam. Il n'en avait pas fallu plus pour provoquer la colère et l'indignation. [...] J'avais bien tenter de leur faire entendre raison, de les calmer. Mais rien ne parvenait à apaiser la rage dans leurs cœurs. Ce dernier événement avait fais basculer la ville dans un climat de vengeance sans précédent. [...] Torches enflammées pour guider les habitants dans la nuit, tous gravissaient l'allée qui avait revêtu des airs sinistres. Impuissant, j'avais suivis la foule. J'étais résolu à tenter tout ce qui était en mon pouvoir pour éviter le pire. Le mécontentement grondait pareil à un orage menaçant. Les Macadam étaient réfugiés à l'intérieur de leur manoir. Seul, le maître des lieux avait eu le courage de se tenir face à cette horde hargneuse qui grognait à sa porte. Attentif, j'avais remarqué les rideaux qui bougeaient aux fenêtres. Les gens de la maisonnée observaient l'extérieur. Peter en tête, il avait pris la parole pour parler au Lord. Mais très vite, le ton était monté, les choses s'envenimèrent plus rapidement qu'une traînée de poudre. Les gens excédés n'écoutaient plus un traître mot de ce qu'on leur disait. L'opinion publique était plus dangereuse que n'importe quelle armée lorsqu'il était ancré chez chacun l'idée que c'était autrui le coupable. Ainsi avais-je beau hurler de toute ma voix pour tenter une dernière fois de leur faire entendre raison, mais à moi seul je ne pouvais combattre l'indignation générale. [...] Le toit s'enflamma sous mes yeux, une vive lueur orangée éclaira le visage des habitants. Tel un millier de flèches brûlantes, les torches s'abattaient sur l'imposante bâtisse. Désespéré, j'étais le témoin d'une vengeance cruelle et démesurée. Je n'avais été qu'un des maillons d'un ensemble tellement plus complexe. »

Nuit du 27 au 28 mars 1840


« [...] Il ne restait du Manoir Macadam, que des pierres noircies et des poutres carbonisées. On avait retrouvé plusieurs corps sans savoir précisément de qui il s'agissait. [...] »

Le 29 mars 1840


  « [...] Au lendemain de ce terrible sinistre, une étrange brume avait enveloppé la ville et ses environs. Lorsque celle ci se leva, elle dévoila un paysage sombre et Ô combien terrifiant. Nos vertes prairies, tout ce qui avait autrefois fait la beauté de notre comté était devenu sinistre. Le mal s'était emparé de nos terres. Mais il y avait pire que cela encore... Nul d'entre nous ne pouvait quitter le comté. Chacun revenait inexorablement à l'entrée de la ville. [...] »

Le 30 mars 1840

« [...] Plus monstrueux encore, il semblait que de nombreux lieux à l'extérieur de Ruthbury soient envahis de créatures épouvantables. Il m'avait été rapporté ce matin que des araignées, aussi grosse que des chiens, se baladaient près de la mine. Tandis que du côté du cimetière, des silhouettes décharnées divaguaient dans la brume. [...] »

Le 31 mars 1840


« [...] Le temps semblait s'être arrêté pour la grande horloge. Ce fut avec tristesse que ce jour là la ville fut rebaptisée Raven Hill, cela entre autre à cause des corbeaux qui ne cessaient d'affluer ici. Comme nous, ils étaient bloqués ici, sans espoir. [...] »

Le 6 février 1840


« [...] Je comptais encore les jours, mais il me semblait qu'ils aient arrêté de s'écouler pour nous. Plus personne n'éprouvait la faim ou la soif. Le sommeil nous permettait encore de croire que nous étions vivants. Aujourd'hui, j'étais allé faire une balade du côté des écuries. J'y avais découvert avec stupeurs que les animaux avaient été victimes d'un étrange maléfice. Nos chevaux avaient tous une robe noire et les yeux complètement blancs. Ils ne semblaient pourtant pas aveugles. Nos chiens et nos chats, tout aussi fidèles qu'ils étaient, paraissaient indifférents à tout cela. Bien qu'il m'était évident que quelque chose avait changé en eux aussi. [...] »

Le 20 février 1840


« [...] Je ne savais plus depuis combien de temps tout cela était arrivé. Impression fugace qu'une éternité avait défilé sous notre nez sans parvenir à la percevoir. [...] »

Le ?


« [...] Aujourd'hui, quelque chose d'étrange était arrivé. Tout au moins un curieux personnage avait fait son entrée à Raven Hill. Nous n'avions pas vu de nouvelle tête depuis fort longtemps. Je m'étais d'ailleurs étonné de voir son costume. Il n'était vraiment pas... d'époque. Il se disait pourtant anglais. Et lui comme nous, était condamné à rester ici pour toujours. [...] »

Le ?


« [...] Parfois, les jours apportaient leurs lots de voyageurs égarés. Perplexe face à la diversité dont ils faisaient preuves, j'avais fini par comprendre qu'à l'extérieur du comté, le temps avait continué inexorablement sa course. Nous ayant oublié. [...] »

Le ?


Ainsi l'auras tu compris cher lecteur, Raven Hill est victime d'un terrible sortilège. Oeuvre d'une vengeance maléfique, cette malédiction piège ceux qui entrent dans la brume. La technologie ne fonctionne pas. Il n'y a aucun élu pour sauver cette population perdue, pas de héros. Il te faudra survivre, mortel que tu es. Et ce n'est pas dans la mort que tu trouveras le salue éternel, car ton âme est condamnée à errer sans but sur cette terre maudite. Il s'agit là d'une aventure sans retour.  

The DuskwoodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant