Chapitre 13

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Vendredi 16 février – Noé


Mon repas était terminé de préparation, et j'entendais Nute rire avec Miles dans mon salon, complimentant Nash de temps à autres. Je n'étais pas avec eux, et je n'avais même pas eu l'avantage d'aller le saluer depuis son arrivée. Je l'avais appelé, je lui avais demandé de venir, mais je n'avais pas le courage d'aller le voir. Il avait remarqué que j'avais pleuré avant qu'il n'arrive, et je n'avais pas besoin d'avoir une discussion du genre « pourquoi » et « parce que » à ce moment-là, au contraire. J'avais peut-être juste besoin de m'isoler. Surtout que depuis les trois dernières heures, j'avais l'esprit complètement tourmenté. Lorsque je m'étais retrouvé béat après le dernier appel que je lui avais passé, je m'étais surpris à m'imaginer avec lui, dans des situations peut-être un petit peu trop embarrassantes pour moi. Je m'étais toujours considéré comme ayant besoin d'une femme, d'une personne à aimer et avec laquelle je pourrais avoir plusieurs enfants issus de mon sang. Mais je m'étais retrouvé face à face avec le visage de Nute qui déclenchait en moi quelques émotions bien plus puissantes que tout ce que j'avais pu ressentir pour même une amante qui m'avait fait éprouver les sensations les plus extraordinaires que j'aie pu connaître.

Comment pourrais-je regarder Nute en face alors que je m'étais retrouvé en extase avec son image derrière les yeux ? Comment pourrais-je ne serait-ce que lui parler sans rien laisser paraître ? Surtout que le pire n'était pas, selon moi, le fait que j'avais dû assouvir un désir en songeant à mon hôte. Oh, non. Le pire, selon moi, c'était le plaisir que cette image m'avait procuré, le plaisir que j'avais encore rien qu'en y repensant. J'aimais tellement rien que revoir ce visage qui m'était apparu lors de ces instants... Sauf que je ne voulais plus y penser. Je ne voulais même plus me dire que mon jean était devenu trop étroit encore quelques heures auparavant, et encore moins savoir à cause de qui, ni même savoir comment ce petit désagrément s'était résolu. Cette situation me mettait dans l'embarras, et il était probablement inutile de dire qu'il y avait des éléments subtils de la vie à oublier.

-Noé ? Tout va bien ? cria une voix que je reconnus être celle de Miles par-derrière la porte. On ne t'entend pas depuis tout à l'heure.

-Oui, ça va, répondis-je tout bas, comme s'il pouvait m'entendre.

Bien sûr, la demande récidiva, et je jurai entre mes dents. J'étais en train d'aplatir ce qui allait me servir de pâte feuilletée, avec le maigre espoir que ma cuisine ait bon goût, quand mon frère défonça presque la porte dans mon dos, me faisant sursauter. Un éclair de soulagement passa sur son visage lorsqu'il me vit, puis un air de curiosité suivi d'une lueur d'inquiétude. Il s'avança lentement vers moi, passa un doigt sur mon visage, et fronça les sourcils. Il se retourna vers la porte où Nute nous surplombait, et fit un geste du menton pour l'inciter à retourner dans le salon, tout en lui demandant de fermer la porte derrière lui. Nash ne se fit d'ailleurs pas prier pour réclamer son père à travers l'issue.

-Qu'est-ce que tu as ? C'est à cause de moi ?

-Non.

-Tu me mens. C'est parce que je sais que tu dragues une femme et que je t'ai dit que tu n'avais rien à voir avec elle ? Hein ? Ou peut-être est-ce à cause de mon insistance vis-à-vis de ton homosexualité ? D'accord, je te jure d'arrêter. Mais je veux que tu me parles. Je ne sais pas qui est cette Macy, j'ai peur que tu fasses des conneries en choisissant quelqu'un qui te fera du mal. Je veux que tu me montres que je peux être tout à fait sûr que tu ne souffriras pas. Je veux que tu me dises ce qui ne va pas, là, maintenant. Parce que, mon Dieu, je déteste te voir dans cet état. Et le pire, c'est que tu y étais déjà tout à l'heure ! J'ai cru que tu t'étais calmé et je n'ai pas insisté.

Dangereusement Engagés [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant