Chapitre 14

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Samedi 17 février – Nute


Mon réveil avait été tout sauf habituel. Non seulement j'avais passé une nuit terrible à cause des ronflements de mon neveu qui était tombé subitement malade, mais en plus, j'avais encore les mots de Noé en travers de la gorge. Je ne savais pas ce qu'il avait eu, la veille, mais la manière dont il m'avait dit que je ne le connaissais pas, et donc que je n'avais pas mon mot à dire, m'avait profondément vexé. J'avais l'impression qu'il me détestait. D'autant plus que lorsque j'étais parti, il n'avait pas dit la moindre chose. Il n'avait même pas tenté de me rattraper. Son comportement avait été particulièrement contradictoire tout le long de la soirée. J'avais même cru qu'il allait m'embrasser, un moment donné, avant de se reprendre. Je ne savais pas si ce n'était qu'une illusion. En tous cas, j'avais vraiment été tenté de relever légèrement la tête pour poser mes lèvres sur les siennes. Il avait été si proche. Il avait été si entreprenant et si distant à la fois. Il m'avait rattrapé la première fois que j'avais voulu retourner dans le salon, il m'avait parlé avec tant de tendresse avant de me redescendre sur Terre.

Entre Noé et moi, dans tous les cas, cela ne pouvait pas fonctionner. Il était complètement épris d'une femme –quoique, je commençais sérieusement à avoir des doutes- et surtout, j'étais fiancé à Alexy. Je ne pouvais pas le laisser tomber. Il avait été là pour moi lorsque j'avais été au plus bas, et j'avais été là quand lui-même n'allait pas bien. Certes, je ne pouvais pas dire que notre relation avait des fondements glorieux. Tout avait commencé dans une prison souterraine face à deux cadavres de femmes, qui étaient, d'autant plus, de notre entourage. Ce n'était pas signe d'un destin merveilleux. Oui, on pouvait dire que j'étais assez superstitieux, et les signes de la nature ne trompaient jamais.

Mais Noé me tracassait véritablement, au fond. Jamais personne ne m'avait préoccupé à ce point. Je l'avais trouvé non seulement très vide vis-à-vis de l'après-midi, et son sourire avait complètement disparu. Il m'avait paru triste, peut-être même un petit peu inquiet. J'avais eu l'impression que Miles le travaillait beaucoup, ce qui me paraissait plutôt normal, dans sa situation. Je ne voyais pas ni l'un ni l'autre énervé, ni même capable de s'entretuer, mais il m'avait paru évident que Noé ressentait de la peur vis-à-vis de son frère aîné. Pourquoi ? Là était la question. Une chose était sûre : je détestais le voir dans cet état là. La faiblesse dont il avait fait preuve m'avait brisé le cœur.

Je me relevai, profitant de la chaleur du sol sous mes pieds nus, et me dirigeai directement dans la salle de bain sans allumer la lumière de la chambre. Il était hors de question que je réveille Aaron qui avait été malade toute la nuit. Certes, il m'avait empêché de dormir, mais se venger sur un enfant était vraiment bas. J'étais sûrement beaucoup moins épuisé que lui. Se lever la nuit pour courir aux toilettes n'était pas une chose qu'on pouvait qualifier d'amusant ni de reposant.

Je pris ma douche, trouvai des vêtements chauds, plaçai mon téléphone dans ma poche avant de descendre au rez-de-chaussée où je m'attendais à voir Miles. Mais le fait était qu'il n'était pas là, et qu'il y avait tout un service de remplacement. Cet hôtel ne manquait vraisemblablement pas de personnel. Je commandai mon petit-déjeuner, seul à ma table, et sortis mon téléphone pour voir un message, justement, du propriétaire des lieux dans lequel je logeai. J'avais presque eu peur de lire qu'il y avait un problème avec son frère, qu'il avait sauté par la fenêtre, ou que j'allais être forcé de payer le prix de l'hôtel –ce qui m'était vraiment impossible, même malgré mes économies-, mais la seule chose que je vis me tira juste un soupir, tant de soulagement que de déception. D'ailleurs, quand avais-je pris le numéro de Miles, et quand avait-il pris le mien ?


De M. Trusbell : Bonjour, Nute, et excuse-moi de te déranger de si bon matin. Je voulais juste te faire part de ma volonté d'abandonner les tentatives pour séparer mon frère de cette femme. Et je voudrais également te transmettre mes excuses pour hier soir. Nous n'avons pas été très polis à ton égard (surtout Noé). Je ne serais pas à l'hôtel aujourd'hui car j'ai besoin de prendre un peu l'air vis-à-vis du travail, donc il est inutile de m'y chercher. Je te remercie de ta compréhension. Miles Trusbell.

Dangereusement Engagés [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant