Chapitre 45 : May

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(Et oui ! Surprise! J'espère que vous apprécierez ce chapitre qui est un des derniers !)


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Comme si deux simples soldats allaient m'empêcher de m'enfuir.

J'en ris intérieurement en enjambant les deux corps inertes sur le sol.

Je quitte la tente où, dans une piètre tentative pour me garder prisonnière, les Résistants m'ont enfermé. Une chance que Myla ait dû partir, autrement, je n'aurais pas échappé à sa surveillance. Mais deux misérables idiots n'auraient rien pu contre moi, elle aurait dû le savoir. Elle le savait sûrement d'ailleurs...

Mais quand l'occasion d'aller sauver son cher cousin s'est présentée, elle n'a pas hésité longtemps entre s'assurer de mon emprisonnement, et rejoindre son Jeremy.

Voilà pourquoi au Gouvernement, on tente d'empêcher les Uniques de rester proches de leurs familles. Voilà pourquoi il faut être seul pour gouverner. Parce que quand vient l'heure de prendre une grande décision, il ne doit pas y avoir d'hésitation. Les sentiments ne doivent pas entrer en jeu.

Heureusement pour Myla, ces dernières quarante-huit heures l'ont démise de son poste au Gouvernement, ainsi que celui auprès des Résistants. Elle ne risque plus grand-chose à rejoindre sa famille. C'est même sûrement la dernière chose qu'il lui reste. Grand bien lui fasse.

Quant à moi, je n'ai plus rien. En dénonçant les activités du Gouverneur et de son fils, j'ai trahi le Gouvernement et je sais qu'on ne me pardonnera pas, peu importe mon utilité. Mais j'ai tout de même un avantage. Comme je n'ai rien à perdre, je peux encore me venger.

Tout ça, c'est à cause de cet insupportable petit parasite. Henry James me mettait déjà des bâtons dans les roues et j'ai bien fait de le supprimer. Mais sa prétendue fille est encore pire que lui. Impossible de m'en débarrasser et impossible de me résoudre à la tuer moi-même... Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé !

Il ne me reste donc plus qu'une seule solution.

Je dois accomplir ma vengeance.

Silencieusement, je traverse le camp en utilisant l'obscurité pour me couvrir. J'observe les alentours, écoute attentivement le bruit des gardes qui font la ronde, et cours au moment opportun pour rejoindre les sous-bois.

La lune éclaire à peine la nuit obscure, si bien que je ne vois pas où je mets les pieds. Alors je ralentis pour éviter de faire trop de bruits en trébuchant, et patiente une vingtaine de minute avant de me mettre à courir de nouveau.

Je me dirige grâce aux étoiles en continuant toujours plus loin vers le nord, traversant les bois, les routes puis, bientôt des zones désertes et abandonnées depuis longtemps. Je me déplace vivement, discrètement, méthodiquement.

Il y a longtemps que je sais me rendre invisible aux yeux des autres, simplement en étant plus silencieuse et plus maligne qu'eux. C'est toujours plus facile d'évoluer seule. De pouvoir décider rapidement et judicieusement sans prendre en compte les autres.

L'aube pointe le bout de son nez quand enfin, je trouve une voiture à réquisitionner. Malheureusement, je n'arrive pas à allumer le moteur. J'imagine que le véhicule n'a plus de batterie depuis longtemps.

Sans me départir de ma détermination, je continue sur la même route qui sillonne les champs. Je déteste la campagne. Toute cette verdure, ces bruits d'animaux qu'on ne peut pas voir, les insectes, la boue, la neige... Je souhaite bonne chance aux Résistants pour survivre dehors dans la nature, sans l'aide du rationnement et des foyers bienveillant mis à disposition par le Gouvernement. Ils réaliseront vite tout ce que le Système a fait pour eux et ce qu'ils ont perdu en se rebellant.

- Unique - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant