Chapitre 15

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Samedi 17 février – Noé


Le manque de sommeil me tiraillait les yeux, mais je savais que si je retournais me coucher, je ne m'endormirais pas pour autant. J'étais resté toute la nuit les yeux fixés sur mon plafond, les larmes coulant le long de mes joues trempées, et j'avais sangloté pendant tout ce même temps. Alors que la chaleur était volontiers l'amie de mon appartement, j'avais eu l'impression de me retrouver enfermé dehors sous une avalanche. Je suffoquais, j'avais terriblement peur, et j'étais frigorifié.

Quand est-ce que Miles allait rentrer ? J'avais pensé que la veille, après son départ, il reviendrait pour s'expliquer avec moi, qu'il allait rentrer à la maison pour voir Nash et tout lui expliquer, qu'il appellerait Claire pour clarifier les choses. A la place, je l'avais attendu toute la nuit, et je n'avais pas entendu le moindre bruit, extérieur comme intérieur. Je ne savais pas où mon frère était, et vraisemblablement, il ne voulait pas que je le sache. J'avais envoyé un message à l'un de ses employés de l'hôtel : il aurait pris congé.

J'avais essayé maintes et maintes fois de joindre Miles, mais tous les appels s'étaient terminés en échecs cuisants. J'avais pris grand nombre de vents, et mon crédit était épuisé. Je pouvais toujours envoyer des messages, mais je ne pouvais plus joindre personne oralement, ce qui m'agaçait réellement. J'avais l'impression qu'il ne s'agissait plus qu'une illusion, que je n'avais jamais eu de frère. Peut-être fallait-il simplement que je me dise sans plus que tout était éphémère avec un goût amer ?

J'avais, bien entendu, la veille au soir, dû aller réconforter Nash qui avait tout entendu et qui pleurait comme tous les enfants de son âge lorsqu'il apprenait quelque chose de ce genre en voyant deux adultes se disputer. Mais là, j'aurais pu être avec sa mère et demander le divorce, l'effet aurait été exactement le même. Je l'avais serré dans mes bras avec toute la tendresse dont j'étais capable sur l'instant, tentant de le rassurer avec tous les mots qui me passaient à l'esprit, et il avait fini par s'endormir.

Il n'avait alors resté que moi, en proie à ma solitude, que j'avais moi-même provoquée. Je m'étais senti tellement seul, et surtout tellement coupable. Oui, ma culpabilité en avait pris un coup. « Comment as-tu pu oser coucher avec ma fiancée ? ». Oui, comment avais-je pu ? Je n'en savais rien moi-même. D'autant plus que c'était elle qui était venue me solliciter. Et s'il allait la rechercher, désormais ? Peut-être était-ce là-bas qu'il se trouvait ? Je pinçai les lèvres, et me retournai dans mon lit. Non, il ne pouvait pas être avec elle : personne ne savait où la famille Brewswell se terrait.

Luke m'avait rappelé, également, durant la nuit, pour « vérifier » si je dormais. Il m'avait raconté tout un tas d'absurdité avec « l'espoir de me faire rire » mais vraisemblablement, j'étais difficile à ramener dans le monde des vivants. Il avait discuté avec Lane, me l'avait passé, et ce dernier m'avait sorti un certain nombre de situations dans lesquelles il s'était retrouvé confronté avec son frère aîné, et j'avais été à la limite de la syncope. Sauf que rien n'était comparable avec ce que je vivais actuellement.

J'avais dialogué par messages avec Neth, également, dans mon élan, et j'avais été d'ailleurs surpris de le trouver réveillé à trois heures du matin. Je ne lui avais absolument rien dit de ma situation, et j'avais fait comme si tout allait très bien, et visiblement, il n'avait pas laissé paraître quoi que ce soit qui aurait pu me laisser penser qu'il avait compris que mon moral était au plus bas. Et d'ailleurs, il n'avait pas arrêté la conversation. Je parlais d'ailleurs encore avec lui à l'heure qu'il était, et je me demandais quand est-ce qu'il avait dormi. J'hésitai, depuis que la conversation avait commencé, à lui poser la question. J'avais même presque peur de savoir la réponse, au fond. Sauf que mon audace –si je pouvais l'appeler ainsi-, reprit le dessus.

Dangereusement Engagés [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant