_ Bérenger ! Bérénice ! Descendez toute suite ! Hurla Mme Berrot en bas de l'escalier.
Les enfants avaient été réveillés en sursaut en entendant la voix de leur mère. Que ce passait-il ? A bien y regarder, ça donnait l'impression que le monde était entrain de basculer pour une raison inconnue. D'abord hésitant, le frère et la sœur finirent par quitter la chaleur protectrice de leurs couettes pour s'aventurer dans le couloir de l'étage. Deux têtes somnolentes apparurent entre les barreaux de l'escalier, ils arboraient un air craintif et méfiant à l'égard de Bernadette.
_ Aller, descendez ! Dit-elle sur un ton autoritaire.
Bérenger et Bérénice se regardèrent l'un l'autre pour savoir s'il convenait d'obéir. Malheureusement aucun d'eux n'était décidé à affronter la colère maternelle. Ils restaient désespérément agrippés aux barreaux de l'escalier de peur qu'on vienne les déloger. Bernadette tapait du pied, impatiente face à la résistance qu'elle rencontrait.
_ Bande de petits... Monstres ! Je sais que c'est vous.
_ Mais on a rien fait, répondit Bérénice en sanglotant.
_ Menteuse ! Vous et votre bande de copains, vous ne perdez rien pour attendre. Si c'est comme ça vous êtes privé de Noël.
Un coup de massue venait d'être porté sur le crâne des enfants. En tendant l'oreille, on aurait peut-être entendu leurs petits cœurs se briser. Leur réaction ne se fit pas attendre, les premières larmes perlaient sur leurs petits visages bouffis de sommeil. Ils vivaient la plus cruelle des injustices sans même savoir de quoi on les accusait.
_ On a... rien... fait on on t... on t'as dit, hoqueta Bérenger qui réprimait tant bien que mal sa tristesse.
_ Moquez vous en moi en plus ! Ce n'est pas vous qui avez volé les conserves de Mr Dustrie et les illuminations de Noël peut-être ?
_ Mais non, répondit Bérénice avec une petite voix aiguë.
_ Je vous savais méchants et sournois mais à ce point là... Vous me décevez. Allez vous coucher.
Ils étaient inconsolables et choqués. Ils n'allaient pas vraiment être privé de Noël n'est-ce pas ? On ne pouvait pas priver quelqu'un de Noël. Face à l'indifférence de leur mère, rien ne pouvait leur remonter le moral cette nuit. Tant bien que mal, ils quittèrent les marches de l'escalier, traînant les pieds, reniflant fort et essuyant leurs yeux mouillés. Bérenger s'arrêta à la fenêtre qui donnait sur l'avenue. Il se hissa sur la pointe des pieds et colla son nez contre le carreau froid pour mieux voir dehors.
Tout était étrangement calme. Trop calme. Là, il vit qu'il n'y avait plus les illuminations sur les réverbères. Les décorations avaient disparu du jardin. Le petit garçon fit signe à sa sœur de venir voir. Le chagrin céda rapidement sa place à la surprise. C'était magique. Mais une horrible magie qui leur avait arraché tout espoir. Une immense détresse brillait dans leur yeux sous la lueur blafarde de la lune. Ils n'étaient plus que deux petites ombres dans l'hiver.
Quelqu'un était adossé contre le mur de la maison d'en face. La silhouette s'amusait à lancer et rattraper négligemment un objet métallique jusqu'à ce qu'une main surgisse de l'obscurité pour le saisir. Là, elle le manipula comme pour l'étudier avant de le jeter dans une poubelle à proximité.
_ De la dinde en converse...
_ Mettez du mercantilisme en boite et vendez le en faisant croire qu'il s'agit du Bonheur.
_ Ils sont naïfs.
_ Ou extrêmement stupides.
_ Voire même aveugles.
_ Avec les papilles gustatives complètements atrophiées.
_ Et un estomac à toutes épreuves.
Les deux silhouettes haussèrent les épaules. Les excentricités humaines les dépassaient depuis bien trop longtemps.
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Les voleurs de Noël
FantasíaL'hiver est arrivé et avec lui les fêtes de fin d'année. Une période joyeuse et festive que tout le monde attend avec impatience. Mais, une ombre plane au dessus de l'esprit de Noël. Quelqu'un ou quelque chose s'agite dans la nuit... La magie du 24...