8. Je suis bête.

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    Je passe d'abord au Starbucks pour commander deux Grande Caffè Americano :

    « Je mets quoi comme noms ? me demande le serveur.

    — Olivia et... Le Bad Boy Père-Noël. »

    Derrière ses lunettes carrées, le garçon de café hausse un sourcil ; un sourire amusé se dessine sur son visage et il s'arme d'un feutre pour écrire les deux noms sur les fameux gobelets en carton :

    « Combien de "y" à Olivia ? me demande-t-il.

    — Écrivez mon nom comme vous le voulez, je soupire désespérée par ce concept idiot.

    — D'accord ! », déclare-t-il en souriant de toutes ses dents. 

    Quelques minutes plus tard, il me tend les deux gobelets : Le Bad Boy Père-Noël  et Eau Lit Vie Ah. Waouh, celle-ci, on ne me l'avait jamais faite. Ce type mérite un emploi à vie chez Carambar.

    Je décide de m'installer sur l'un des nombreux bancs du centre commercial, là où la concentration de Pères-Noël est la plus forte. Aaron devrait passer d'un moment à l'autre...

    Mais tandis que je l'attends, une mère et sa fille prennent place à côté de moi. La gamine me fixe, m'analysant de la tête aux pieds, avant de déclarer à sa mère :

    « Maman, pourquoi la madame elle a deux cafés et elle est toute seule ? Son amoureux il l'aime plus ? C'est parce qu'elle est moche c'est ça ? »

    La mère rougit et se lève, tentant de faire partir sa fille, qui la presse de répondre :

    « Hein ? Pourquoi elle est toute seule ?

    — Parce qu'elle attend son Père-Noël. », déclare une voix masculine. 

    Aaron.

    « Père-Noël ! s'exclame la petite fille.

    — Salut ! », répond-il joyeusement.

    Il discute quelques instants, offrant même une fausse Barbie à la petite fille qui s'éloigne toute guillerette, sautillant dans le centre commercial. Aaron se tourne vers moi, et s'affale sur le banc :

    « C'était quoi ça ? je lui demande.

    — C'était Aaron le Père-Noël ! déclare-t-il avec une petite mimique débile digne d'un acteur de publicité.

    — C'était horrible.

    — Dit la fille qui vient de se faire traiter de moche !

    — Oh la ferme... »

    Il m'énerve à toujours avoir le dernier mot.

    « Il est pour qui ce café ?

    — Bah pour toi sombre idiot, je t'en dois un.

    — Tu y as pensé ? Incroyable ! »

    Il se saisit du gobelet et découvre le nom noté dessus :

    « Pas mal, pas mal.

    — Serais-tu en train de devenir sympa Aaron ? je m'enquis.

    — Hum, c'est très probablement uniquement l'effet du costume, ne rêve pas trop Olivia.

    — Dommage, j'aime bien cette version d'Aaron McMillan.

    — Pourquoi, tu n'aimes pas l'autre ? me taquine-t-il, sûr de son coup.

    — Très franchement ? Pas trop. C'est pas terrible un mec qui ne sait toujours pas ce qu'il va faire l'an prochain.

    — Je prendrai une année sabbatique pour le savoir, me répond-il.

    — Pour passer tes nuits en soirée plutôt ouais ! je le contredis.

    — Peut-être bien. Mais où est le mal ?

    — Laisse tomber. » je soupire en prenant une gorgée de café. 

    Il m'imite et nous sirotons quelques instants en silence notre boisson. Finalement, il relance la discussion :

    « Au fait Olivia, pourquoi tu es là ? Je doute fort que ce soit simplement pour rembourser ta dette et discuter avenir.

    — Non, c'est vrai. C'est juste que... »

    Est-ce que je vais vraiment me mettre à lui parler de mes problèmes avec ma meilleure amie ?

    « C'est juste que je me suis disputée avec Haileen et comme tu es la seule personne à qui je parle encore...

    — Attends, je t'arrête tout de suite : tu crois sincèrement que je vais t'écouter me raconter tes petits soucis ? »

    Il se lève et me plante au milieu du centre commercial.

   J'aurais dû m'en douter en même temps...

    Lorsque je passe le pas de la porte, ma mère m'accueille, une casserole de lentilles dans une main, la cuillère dans l'autre :

    « Bah alors, t'étais où ?

    — Au centre commercial. J'avais envie d'un café, je réponds.

    — Mais on en a à la maison...

    — Ah ouais, j'y avais pas pensé. », je mens en me dirigeant vers ma chambre. 

    Je ferme la porte à clef et me laisse tomber sur mon lit. Mais à quel moment j'ai pu croire qu'Aaron allait m'écouter ? J'ai vraiment dû avoir l'air bête...

    Tandis que je me morfonds en fixant le sommier de mon frère au-dessus de moi, mon téléphone vibre : si c'est encore Haileen, je la tue.

    Un nouveau message de Burrito

    Quoi ?


[hello ! ça va les amis ?

le froid commence à se faire sentir par chez vous ? perso je suis congelée dans mon appart x)

prenez soin de vous <3

flouce]

Le Père-Noël est un Bad BoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant