Chapitre 16 Loyauté et cruauté

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16. Loyauté et cruauté

Angela

Dès mon arrivée on me pria de rejoindre « la reine » dans son boudoir sans me laisser le temps de suivre Irina ni même de retirer mon manteau. Je fus escortée par deux gardes qui me poussèrent presque dans une pièce au marbre noir et illuminée par des centaines de chandelles mais je n'en vis pas plus. Immédiatement mon regard fut attiré par Sa Majesté Eugénie assise raide comme un piquet dans un fauteuil de velours rose poudrée les traits tirés. Son regard croisa le mien un court instant hésitant entre surprise colère et déception. Elle pensait que j'avais rejoint sa sœur et elle me le faisait clairement savoir en me jetant ses pensées, si difficiles à décrypter d'ordinaire, au visage.

Elle savait que Dimitri était une de mes progénitures et elle s'imaginait que pour lui j'avais rallié sa sœur.

Élisabeth dos à moi, assise dans un sofa, faisait danser ses doigts sur sa cuisse immobilisant dans une position grotesque une humaine, à en juger par les battement convulsifs de son cœur, d'à peine seize ans.

Riant aux éclats elle plia deux doigts dans ma direction, me faisant comprendre sans une parole ni un regard de la rejoindre.

Tendue comme jamais je traversais la pièce en ignorant du mieux que je pus l'adolescente hurlant mentalement que quelqu'un lui vienne en aide.

Son Altesse ne me quittait pas des yeux, qu'elle pense que je la trahissais me brisais le cœur et me coupais le souffle. Qu'elle imagine une seconde que moi la compagne de son premier enfant puisse la trahir de la sorte me rendait presque malade.

Je fis une révérence ne sachant pas comment me présenter.

Báthory ignora ma révérence et inclina un doigt, faisant avancer un fauteuil vers moi.

-Assieds toi et dis moi pourquoi tu rejoins ma cause, murmura-t-elle en hongrois en cessant de jouer avec la mortelle pour braquer ses yeux froids et sombres sur moi.

-Je m'appelle Angelénia, dis-je dans la même langue, et je...

-Je me moque de ton nom je veux savoir ce que tu viens faire ici.

-Mes progénitures se sont ralliés aux voix de l'ombre pour vous rejoindre et après avoir entendu Irina venter vos exploits j'ai voulu en être moi aussi.

-Mes exploits ? demanda-t-elle sceptique.

-Oui ma reine, ce mot me brûla la bouche, il n'est pas donné à tout le monde d'enlever Sa Majesté Eugénie.

Elle ricana visiblement satisfaite de ma réponse en lançant un regard méprisant à sa sœur.

-Et pourquoi cet acte t'enchante-t-il ?

Comment allais-je pouvoir supporter le regard de Son Altesse après ce que j'allais dire ? Jamais Eugénie ne me pardonnerait cela quand bien même elle découvrait que tout ceci n'était qu'une couverture.

Je me mordis la langue avant de prendre une grande inspiration.

-Son idiot de fils Lorenzo m'a délaissé pour une autre après des siècles à ses côtés et j'ai pensé que plutôt que de le tuer je devais le faire souffrir. Et pour cela quoi de mieux que de s'en prendre à sa génitrice ?

-Intéressant. Tu ne me sembles pourtant pas une adversaire redoutable, murmura-t-elle en me jaugeant de la tête aux pieds.

Je haussais un sourcil.

-Là est toute ma force, dis-je en souriant. L'on me sous estime, l'on ne me prête donc aucune attention et pourtant je sais bien des choses.

Je ne mentais pas, pas pour ce qui était de moi en tout cas. Combien de fois m'avait-on sous estimé pour au final le regretter ?

La Larme de Sang tome 7 La rose des ImmortelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant