OS

502 39 4
                                    

Comme des Enfants


Ce jour-là, il pleuvait à torrent sur Séoul. C’était une fin d’après-midi, le soleil déjà peu visible se couchait lentement alors qu’ils avaient prévu d’aller dîner dans un bon restaurant. A croire que le temps en avait décidé autrement.

Ils courraient au bord de la route, comme des enfants la sortie de l’école, jusqu’à atteindre le porche d’une maison. Ils étaient essoufflés, bien que ceci n’empêchait en rien leur rire de rivaliser avec le son assourdissant de la pluie, qu’ils pensaient pouvoir échapper plus tôt.

Nous n’étions pas fous.

Le plus petit des deux s’était précipité sur la porte, fouillant dans ses poches la clé qui les mettrait à l’abri. L’excitation mêlée à la précipitation ne l’aidait pas vraiment à sa recherche, deux autres mains s’étaient donc jointes aux siennes, et, quelques secondes plus tard, ils se retrouvaient à l’intérieur. Malgré l’obscurité qui les entourait, le plus petit avait retrouvé ses repaires et, prenant la main du plus grand, il les avait menés dans une grande pièce qui se trouvait être le salon. Celle-ci une fois éclairée, ils s’étaient dévisagés avant de rire à gorge déployée face à leurs vêtements et têtes trempés.

-   Satané pluie, on a l’air fin comme ça, commenta le petit brun qui observait les traces d’eau sur le sol sans trop s’en soucier.

-   J’ai froid, hyung !

-   Chocolat ?

La lueur dans les yeux du plus jeune répondit à sa place et, toujours main dans la main, ils marchèrent jusque dans la cuisine, se déchaussant au passage. L’ainé s’était jeté sur le chocolat en poudre et le lait, puis en remplit deux tasses avant de les mettre à chauffer. Il s’était retourné par la suite, afin de passer le temps, et avait vu le plus jeune essayer de se réchauffer les mains en les frottant l’une contre l’autre. Il ne pouvait que sourire à cette image.

Il n’avait plus dix ans, mais c’était tout comme.

Il s’était approché de lui et avait pris ses mains glacées entre les siennes avant de les apporter contre ses lèvres et souffler dessus. Le plus grand soupira d’aise, tout sourire, ne lâchant pas son aîné des yeux.

-   Tu devrais enlever ton pull, tu vas avoir froid, avait-il dit tout bas, le visage penché en avant, ses mains sur les hanches étroites du plus petit.

-   …Charge-t’en.

Ils s’étaient regardés, amusés, et le plus jeune n’avait pas attendu pour obéir. Il avait soulevé le tissu épais et trempé de son ami d’enfance, passant ses mains sur son ventre pâle et froid avant de les remonter à sa poitrine. Il pouvait sentir le plus vieux frissonner sous son toucher. Ce dernier avait entouré ses bras autour de son cou, collant leur corps ensemble.

-   Jongin…, avait-il murmuré lorsque les lèvres du garçon s’étaient déposées sur sa peau.

Sa bouche, tout comme ses mains un peu plus tôt, avait voyagé sur le torse nu du plus petit et, contre toute attente, il faufila sa tête sous le pull, les emprisonnant tous deux dans le noir. Le tissu trempé cachait leur visage – c’était une drôle de scène, deux garçons sous le même habit – et Jongin en avait profité pour joindre ses lèvres à celles de son aîné qu’il convoitait tant. Il n’y avait pas plus douce sensation, peut-être était-ce dû au fait qu’ils avaient patienté longtemps, très longtemps avant de pouvoir échanger ce baiser.

En effet, les deux jeunes hommes se connaissaient depuis leur plus tendre enfance. Ils habitaient dans le même quartier, et leurs parents étaient bons amis, les pères travaillant dans la même entreprise. Les sorties et dîners ce faisaient assez souvent, et les enfants avaient l’occasion de se voir tout le temps, que ce soit en famille ou bien à l’école qu’ils fréquentaient. Leur amitié était forte et réelle, et il fallut attendre le jour du déménagement du plus jeune, Jongin, pour qu’ils s’en rendent compte. Les parents de Jongin s’étaient séparés, et même si ceux de son ami avaient essayé de les rabibocher, il n’en fut rien. Jongin était parti en compagnie de sa mère, il n’avait que treize ans, tandis que son cher hyung en avait quatorze. Les jours, les mois, les années étaient longues, Jongin avait souvent voulu retourner chez son père, histoire de revoir son ami mais il apprit que ce dernier avait, à son tour, déménagé pour Séoul. Il avait tenté de le retrouver sur les réseaux sociaux seulement il était introuvable, ce qui ne l’étonnait pas, il savait que son ami n’aimait pas ça. Il décida tout de même de partir à Séoul pour ses études, en parti pour réaliser ses projets, l’Université de Séoul étant très réputée, mais aussi pour le retrouver.

Âgé de dix-neuf ans, Jongin put s’inscrire dans l’établissement. C’était une nouvelle vie qui s’offrait à lui, mais ses objectifs ne changeaient pas pour autant. Il y avait énormément d’étudiants ce qui n’était pas avantageux, mais en demandant au secrétariat l’existence de son ami, son sourire ne pouvait plus quitter ses lèvres. Il était bien ici, en deuxième année, et il comptait l’attendre à la sortie de ses cours. La surprise ne pouvait être plus grande, et son hyung, une fois sorti de sa classe, en cria de joie. Ils ne se quittaient donc plus, comme s’ils n’avaient jamais été séparés.

Nous étions, au fond, encore des enfants.

Le baiser s’éternisait, le bip du micro-ondes vînt les arrêter. Jongin avait soupiré avant d’enlever entièrement l’habit de son hyung. Il n’avait plus froid et ne voulait plus du chocolat chaud, tout ce qu’il voulait c’était d’être avec lui. Il s’était levé pour s’avancer vers lui, qui s’occupait des boissons, et lui avait pris la main. Il aimait cette sensation, la chaleur qui l’envahissait lorsqu’il le touchait, et ce sentiment d’apaisement, comme un soulagement. Il pouvait respirer. Il n’y avait que lui qui comptait.

-   Hyung…

Le plus jeune n’en pouvait plus. Ses sentiments étaient clairs et il voulait les lui prouver, jour après jour, année après année. Ce baiser n’était, pour lui, que le commencement d’une grande histoire. Leur histoire.

Kyungsoo s’était retourné, face à lui, une lueur brillant dans ses grands yeux émotifs. Il était si beau, si pur. Il ne pouvait se retenir plus et décidait de prendre, une nouvelle fois, possession de ses lèvres charnues. C’était un baiser chaste, mais le plus petit voulait l’intensifier. Leur échange avait donc pris une autre tournure, plus passionné, rempli d’amour et de désir. Leurs mains parcouraient le corps de l’autre, cherchant à en avoir plus. Ils s’étaient aventurés à l’étage, se courant après, pour rejoindre la chambre de plus vieux. Cette course leur rappelait l’époque où ils jouaient à chat, ce qui ne manquait pas de leur décrocher un sourire. Une fois à l’intérieur, ils s’étaient laissé tomber sur le lit, leurs lèvres scellées. Jongin dominait son hyung, ce qui n’avait pas toujours été le cas entre eux. Mais il était plus grand et plus fort désormais, il voulait lui montrer qu’il pouvait le protéger. Le plus petit passait ses doigts dans les cheveux noir de son ami, tout était parfait, exquis. Leur cœur battait vite, à l’unisson. Leur bouche se mouvait entre elles, ne laissant que peu d’air passer ce qui rendait leur échange saccadé. Ils étouffaient, oui, mais c’était plaisant. Ils aimaient cette sensation, et ne voulaient pour rien au monde arrêter. L’on pourrait presque croire à un baiser désespéré. Ils se détachaient instinctivement, afin de reprendre leur souffle. Leurs yeux se rencontraient et leur sourire ne quittait plus leur visage.

-   Kyungsoo…, celui-ci frissonnait à l’entente de son prénom, la voix de son ami était roque. Kyungsoo…

Il répétait son nom, encore et encore, entre chaque baiser, chaque touché. Ils ne voulaient plus se quitter, non, ils ne voulaient plus être séparés. Ils avaient passé la nuit dans les bras de l’autre, corps contre corps, à éprouver cet intense plaisir. Il n’y avait plus rien autour d’eux.

Au matin, ils avaient rejoint le rez-de-chaussée, constatant les taches d’eau sur le plancher et les deux tasses de chocolat refroidies. Ils pleuvaient encore sur la ville, les deux garçons se souriaient à n’en plus finir. Ils étaient heureux, amoureux et souhaitaient rester comme ça le reste de leur vie.

Comme des Enfants [KAISOO]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant