Love Pills

Love Pills: 3

Il y avait une solution. Bon, il y avait une chance sur beaucoup que ça fonctionne. En fait ça fonctionnerait seulement si Taehyung le laissait accomplir son plan. Hoseok posa ses mains à plat sur le rebord du lavabo, la tête baissée. Il releva le regard sur le miroir, et son reflet le fit pâlir. Il était beau, pourtant, plus encore depuis qu'il s'était apprêté. Ses yeux soulignés de noir, ses cheveux retombant sur son front, des boucles aux oreilles... Il avait même fouillé dans les armoires de Taehyung pour lui emprunter quelques vêtements. Un jean noir proche du corps, une veste en cuir, et une chaîne argenté qui embellissait encore son apparence. Il était prêt, physiquement. Il se tapota les joues, pour se convaincre lui-même, et se prépara à partir : il allait sauver son camarade. Il essaya de se consoler en se disant qu'au moins, Taehyung le verrait aussi beau avant qu'il ne soit ravagé par le patron. Hoseok aimait Taehyung. Il l'aimait du fond de son cœur, il avait son nom écrit dans son âme. Et il avait toujours voulu être son partenaire. Mais Taehyung ne voyait pas les choses de la sorte. Plusieurs fois il lui avait empêché de se faire refaire le portait par le patron, en s'interposant, quitte à se faire frapper lui-même. Mais c'était le problème avec lui : il faisait ça pour tout le monde, sans exception. Hoseok laça ses chaussures. Son adorable Taehyung... Toujours une main tendue pour aider les autres, toujours un sourire même quand il aurait dû pleurer. Toujours cette lueur d'espoir dans ses beaux yeux et ces rougeurs sur sa peau laiteuse. Hoseok savait qu'il ne l'aurait jamais, à moins que Jungkook disparaisse, et encore. Il avait souhaité que le plus jeune se fasse prendre. Qu'il soit découvert, que le maître l'arrache à Taehyung. Ce dernier, malade d'amour et de tristesse, aurait eu besoin d'une épaule pour le consoler... Et lui, Hoseok, aurait prit ce rôle. Mais quand Taehyung s'était retourné, avant d'être embarqué, il avait eu un tel regard... Des supplications, de la peur, une inquiétude immense, et surtout... De l'amour. Pour Jungkook. Hoseok ne l'obtiendrait jamais. Il ne remplacerait jamais Jungkook. Mais il pouvait remplacer Taehyung de l'autre côté, pour lui permettre d'être heureux. Il allait se rendre chez le maître (le seul moyen d'y parvenir était de causer du grabuge à la frontière de la ville riche, et ensuite d'hurler le nom de son propriétaire). Il ferait en sorte de le convaincre de s'en prendre à lui, en insistant sur le fait que Taehyung soit malade (et c'est la qu'il avait besoin de son assistance), et il se ferait « punir », pendant que Taehyung pourrait regagner son logis. Il jeta un œil vers le canapé, où Jungkook avait fini par s'assoupir après sa crise de larmes.

- Te rends tu seulement compte de la chance que tu as ?...

Puis, se retournant pour quitter le studio, il murmura sur un ton presque menaçant :

- Tu as intérêt de le sortir de cette merde. De toute cette merde.

*****

Taehyung se roula en boule au bout du lit, les yeux fous, les bras autour de son corps nu. Non ! Le patron porta la main à sa joue, là où le petit poing faible de Taehyung venait de le frapper. Il était en colère. De quel droit... ? Il exagérait ce gamin, aujourd'hui ! Déjà tout à l'heure, il l'avait empêché de battre l'autre andouille, et maintenant il allait jusqu'à le frapper, lui, son maître ? ça n'allait pas se passer comme ça.

- Qu'est ce que tu as aujourd'hui ? Hein, Taetae ?

Il avançait sur le lit, son peignoir ouvert, le visage tordu par sa cruauté. Taehyung n'arrivait plus à réfléchir correctement, il avait la nausée, envie de vomir, pas la force de se lever et de courir, plus celle de se défendre férocement...

- Jungkook... gémit- il pathétiquement, sans y penser.

Le patron ne l'entendit même pas. Le désir faisait luire ses gros yeux globuleux. Il attrapa le drap de bain et tira dessus. Taehyung fut secoué de tremblements, et il n'osa pas tourner la tête. Une grosse main poilue se posa sur sa cuisse, le tirant vers lui, et il se sentit tourner de l'œil. « me touche pas, laisse moi, me touche pas... ». Taehyung essaya de résister. Mais il n'y arrivait plus. Il sentit son corps se soulever, se rapprocher du vieux... La sonnerie retentit. Le patron grogna sans pour autant s'interrompre, mais à la porte, on insistait. De mauvaise humeur, il repoussa Taehyung et referma sa robe de chambre avant d'aller ouvrir.

- C'est le vôtre ?

Pas de réponse. Mais un cri de douleur, que Taehyung reconnut sans peine : Hoseok ! Qu'avait- il fait encore ? Il ne pouvait pas se tenir tranquille ? Il ne pouvait pas lui sauver la peau tout le temps... La porte claqua. Taehyung voulut se relever pour voir ce qui se passait mais ses jambes semblaient être de coton, et il ne tint pas debout. Il avait eu peur, il avait toujours peur, la terreur et la honte lui rongeaient le ventre. Le patron revint, et traînant ses pieds derrière lui Hoseok apparut. Il portait ses vêtements. Et ils lui allaient plutôt bien, mais... Taehyung parvint à se relever, à cause de la surprise : son visage harmonieux était strié de coupures, un bleu sur la joue, un œil enflé, et du sang séché sur le cou et dans les cheveux : il s'était fait tabassé ! Le patron, après quelques nouveaux coups, lui hurla dessus sans s'interrompre. Tiens, il faisait les choses dans l'ordre. Hoseok se releva alors, à genoux et il se mit à réclamer avec une voix faussement sensuelle :

- J'ai été méchant, j'ai fait n'importe quoi... Punissez moi, montrez moi que vous êtes mon maître...

Taehyung se sentit défaillir une fois de plus : il était pas sérieux là ?! Pourquoi il faisait ça ?!

- Hoseok...

Ce dernier se tourna à peine vers lui, mais ses pupilles lui disaient clairement de capituler.

- En plus Taehyung n'a plus l'air bon à rien ! Il est malade...

Le patron se retourna vers son garçon principal, les sourcils haussés : il avait l'air d'aller bien pourtant... Taehyung fut de nouveau bloqué par les yeux d' Hoseok qui semblaient lui dire « allez, joue le jeu... laisse moi t'aider ». Il hocha imperceptiblement la tête. Il se sentait immonde de le laisser prendre sa place. Mais Jungkook... Il s'écroula sur le sol, volontairement, son crâne heurta la table de nuit. Le patron hésita encore un peu, mais la position soumise d' Hoseok dût lui plaire car il acquiesça. Il lui ordonna de relever Taehyung et de prendre une douche. Hoseok se précipita à lui. Avec toute la tendresse du monde, il souleva son ami, et l'aida à s'asseoir, avant de le mettre debout :

- Pardon d'avoir pris tes fringues... je devais paraître beau, tu vois ?

Taehyung sentit les larmes monter. Il renifla.

- Tu es tout le temps beau. C'est pour ça que tu es dans cette situation...

Hoseok s'approcha encore de lui, ses lèvres à quelques centimètres des siennes :

- C'est pas pour lui que je voulais être beau...

Taehyung écarquilla les yeux, surpris. Il le fut davantage quand Hoseok posa sa bouche blessée sur la sienne, doucement, juste l'espace d'un instant.

- Désolé de ne pas être l'homme de ta vie...

Il dut l'abandonner à la porte, le livrer aux autorités qui allaient le relâcher dans leur banlieue gangrenée. Taehyung n'avait pas répondu, il en était incapable. Les larmes coulaient d'elles mêmes maintenant, il les laissait creuser ses joues et déformer ses traits.

- Va le retrouver.

Il lui ferma la porte au nez, après un ultime sourire.

(Et.... J'ai pas relu! J'y arrive pas ce soir, parce que je suis crevée mais j'ai quand même envie d'écrire, du coup je peux pas relire mais je le ferai demain, après demain, quand mon cerveau sera enclin à ce genre d'exercice! Amour et chocolats de noël, Kabonazo).