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Summer

« -Tu m'aides à décharger mes bagages ? »

Liam est assis sur son lit et tourne la tête vers moi. J'essaie de déballer mes affaires en tirant furieusement sur la boucle de ma grosse valise sans pour autant réussir à l'ouvrir. Liam s'approche et tire un coup sec. Comme par magie, la valise s'ouvre. Je vois à l'intérieur mon chemisier rose bonbon, mon jean bleu clair et ma veste blanche immaculée toute douce. Je les prend et les serre contre ma poitrine en m'imprégnant de leur odeur. Ils sentent la lessive de ma mère, un parfum qui m'est familier et qui risque de me manquer horriblement.

Gizem débarque dans la chambre, une casserole à la main. Ses cheveux sont attachés en une queue de cheval brouillonne, son tablier est maculé de tâches et elle porte d'horribles pantoufles avec une tête de lapin ; pourtant, même comme ça, elle est jolie. Lorsqu'elle croise le regard de Liam, elle détourne rapidement les yeux. Il ferme la valise et sort de la pièce. L'air mi-gêné, mi-énervé, Gizem me demande ce que j'aimerais manger ce soir.

« -On a pas grand-chose, précise-t-elle : donc ce sera soit soupe de patates, soit soupe de poireaux.

-Tu n'as qu'à mélanger les deux, je suggère. Ça en fera plus et on pourra faire des courses. »

Ça fait vraiment bizarre d'être sans adultes. J'ai l'impression d'être ma mère ou mon père, qui se demandent ce qu'ils vont cuisiner pour leurs enfants le soir, et je réalise qu'il va falloir se partager les tâches et y mettre du sien. Entre le ménage, la cuisine, les courses, la lessive... ça va être compliqué.

Il y a un début à tout, je pense.

Le soir. Nous venons de finir la soupe poireaux-pommes de terre qui était très bonne (bien qu'un peu tiède). Candace borde ma sœur dans mon lit. Pour une fille qui n'a pas de petite sœur, elle est très douce. Je dois avouer que je lui suis reconnaissante d'avoir pris Sunday endormie dans ses bras et de l'avoir couchée à ma place.

Nous allons enfin nous coucher à quatre heures du matin. Puisque Sunday dort dans mon lit, j'irai dans le sofa. Ça ne me dérange pas. Il m'attends les bras ouverts, doux et moelleux comme un rêve.

Je me laisse tomber dessus, exténuée, et contemple le plafond, les yeux à demi-clos, jusqu'à ce que je plonge dans le sommeil.

***

Zack

Je m'enfonce sur le lit, le cœur battant. Ça y est, j'y suis. La Thaïlande. Un rêve que je n'ai jamais pu réaliser.

En vérité, je suis déjà venu ici avec ma famille. Dans ce même camping, en plein cœur de la forêt. C'était magnifique ; tout était arbres, oiseaux multicolores et lagons turquoises. Ce furent sans doute les meilleures vacances de ma vie. Mais ce sont aussi durant ces vacances que papa a fait une dépression nerveuse, et trois mois plus tard, il se suicidait. Je repense souvent à ce moment ; que ce serait-il passé si je l'avais su avant ? Aurais-je pu l'empêcher de mettre fin à ses jours ? Qui sait... Mais comme disait mon frère, il ne faut pas trop s'attarder sur le passé. Seul le présent compte. Même si aujourd'hui il est en prison, je viens parfois le voir pour qu'il ne se sente pas trop seul. Maman ne lui a toujours pas pardonné d'avoir volé une voiture avec ses amis, et ça se comprend.

J'ai vécu des moments douloureux, c'est vrai ; mais maintenant, j'ai changé. J'essaie de travailler dur pour éviter plus de problèmes à maman. Notre famille a déjà tant souffert, je ne veux pas la détruire encore plus. Et puis, il y a un an, j'ai rencontré Lou.

Au début, on ne se parlait pas beaucoup ; j'étais plutôt discret, et cette fille blonde pleine d'énergie, avec ce grand sourire au lèvres, elle m'intimidait un peu. Je crois même que j'en étais jaloux : sa vie semblait être si facile en comparative avec la mienne. Finalement, c'est elle qui a fait le premier pas en m'invitant à prendre un café après les cours. C'est devant la tasse fumante que je lui ai déballé toute ma vie, avec les problèmes que j'affrontais chaque jour ; la mort de mon père, la tristesse dans les yeux de ma mère, mon frère en prison... Avec elle, je pouvais parler. Elle m'écoutait, les yeux rivés sur moi, hochant la tête à chaque fois que je m'adressais à elle directement. À ce moment, Louise est devenue ma meilleure amie, ma confidente. Grâce à elle, j'ai peu à peu repris goût à la vie, et je lui en suis reconnaissant. Je ne sais jamais vraiment comment la remercier, mais tout en elle – ses yeux pétillants de malice, son grand sourire radieux, les deux fossettes qui se creusent dans ses joues – semblent dire : « Je te comprends. ».

Deadly SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant