Chapitre 1

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Aimer.


C'est un mot simple, si simple, de deux syllabes seulement, de six petites lettres de rien du tout. Il regorge de choses et d'autres, de beaucoup trop de choses , noirs et blanches, multicolores, souvent trop fades, trop ternes, mais il n'en reste pas moins un mot simple. Seulement un mot simple. Rien qu'un mot simple.


Simple.


C'est la définition que moi, Yaku Morisuke un lycéen bien lasse, donnerait à ce terme, à ce sentiment.


La simplicité est omniprésente, je la vois chez cette homme d'affaire qui ressort promu du bureau de son patron pour ensuite rentrer chez lui et embrasser sur le front l'enfant que j'étais il y a encore quelques années, je la vois dans les yeux de mes camarades bruyants qui se plaignent sans cesse de ce qu'ils finissent par surpasser enthousiastes, je la vois dans les discussions qu'il m'arrive d'écouter au détour d'une rue piétonne, d'un supermarché, entre chacun des termes utilisés par mes proches, dans tous les termes que j'utilise, je la vois dans l'amour, dans la vie.


Et cette simplicité me lasse complètement.


J'ai couru au travers de ma pensée, effrité les roches épaisses qui l'entravaient, l'empêchaient d'avancer. J'ai inventé des détours pour que les chemins aujourd'hui dégagés soit plus long à arpenter. Et aujourd'hui chaque détour ne me parait plus en être un, l'habitude, après avoir parsemé mon quotidien de son fléau, s'est répandue sur toutes les suites de dalles de mon esprit. Je m'ennuyais. Alors je suis tombé amoureux. J'espérais enivrer mes sens et me duper moi même, dépasser l'habitude, dissimuler la simplicité, mais l'amour n'est qu'une drogue à laquelle on s'adapte. On l'ingère. On s'accoutume.


J'avais choisi un lycéen d'un an mon ainé, une sorte de tête de classe modèle, trop modèle pour que personne ne s'intéresse à lui, à part moi apparemment. J'étais persuadé qu'un type toujours plongé dans un océan d'ouvrages complexes m'aiderait à trouver l'inconnu. Mais sa complexité n'était en fait rien de plus qu'une simplicité faussement complexifiée, elle ne m'apportait rien à moi, ne m'aidait pas à sortir de ma lassitude, et je présume qu'elle n'apportait rien non plus à son détenteur, au mieux elle était bénéfique pour son futur, pour son égo?


Je l'avais choisi, et en était vraiment tombé amoureux.


Il était devenu aussi important que le passage devant le miroir de ma mère le matin, aussi important que les vérifications assoiffées des sms des élèves après chaque cours, aussi important que les sucreries préférées que l'on dévore en milieu d'après midi. Il était devenu vital peut-être? Je l'observais d'un coin de l'œil en rougissant, m'irritait quand il abordait cette fille à l'horrible poitrine débordante de son uniforme serré, tentait chaque jour d'en savoir plus sur lui. Une avidité habituelle qui ne m'apprenait que du sable poudreux sans grande valeur, qui ne m'apprenait que de la simplicité sans pareille que je stockais studieusement dans un coin de mon cerveau sans m'y intéresser grandement.


Un jour ce garçon m'a adressé la parole, une simple excuse due à une bousculade soudaine. J'avais souris bêtement le reste de la journée. C'était stupide. Stupide! Le bonheur ne m'était jamais parvenu! Ce n'était qu'illusion. L'inattendu n'était rien d'autre qu'une simple illusion... L'amour n'était qu'illusion...

Je crois qu'il me manque quelque choseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant