Chapitre 23

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Lundi 19 février – Noé


Je m'étais levé relativement tôt pour aller travailler. A cinq heures je m'étais pointé devant les portes de l'immeuble et j'étais monté grâce à l'un des doubles des clés que m'avait confié Ernest. Je m'étais réjoui de trouver le réconfort du travail, même aussi tôt. Mais le tout fut particulièrement éprouvant au fond. Mes collègues n'étaient pas arrivés beaucoup plus tard, et nous avions fait le tour des enregistrements pour le documentaire. J'avais jonglé entre les divers angles de tournage, fais des choix entre quelques scènes, décrété que tel ou tel moment n'aurait aucun intérêt à apparaître. Bon, Ajax m'avait recadré pour me dire qu'il serait préférable que mes humeurs restent en dehors du travail, et nous nous étions légèrement chamaillés. Puis j'avais réussi à me concentrer légèrement, et à mettre ma rage de côté.

Mais tout était bien difficile. J'avais passé une nuit monstrueuse, et le manque de sommeil se ressentait tout particulièrement. A vrai dire, je n'avais pas vraiment dormi. J'avais plutôt oscillé entre ma chambre et ma salle de bain, à essayer de calmer mes ardeurs et à tenter de retrouver mon self-control. Mais je n'étais pas brillant dans ce domaine. J'avais dû me soulager bien des fois, et même la douche froide que j'avais dû prendre au milieu de la nuit n'avait servi à rien. Et puis une fois que tout cela s'était calmé j'avais fini par pleurer, pleurer, pleurer... Puis vomir à force de tousser. J'avais fini par rester assis par terre dans ma salle de bain, les bras croisés sur le couvercle de mes toilettes. Oui, ce que j'avais ressemblait fortement à une dépression nerveuse. Mais il n'en était rien. Je ne déprimais pas. J'étais juste perdu dans mes sentiments, amer...

Et comme j'avais passé une autre partie de ma matinée au travail à tenter de diriger les opérations avec un air autoritaire que je n'avais jamais eu auparavant, Neth m'avait pris à part à la fin de mes heures, et nous nous étions retrouvés enfermés dans les vestiaires. Mais étrangement, je n'avais pas la moindre envie de parler à mon meilleur ami, et encore moins de ce dont il avait voulu me parler. Il m'avait interrogé brièvement sur ma relation avec Nute –comment était-il déjà au courant ? Je ne lui avais pas demandé- et lorsque je lui avais répondu que c'était au point mort et que ça y resterait, il s'était étonné. Et lorsque je lui avais dit la raison de cette distance que j'avais imposée entre le militaire et moi, alias les fiançailles de Nute, il s'était complètement indigné. En levant le poing, il avait traité le concerné d'un tas de noms d'oiseaux avant de proférer des menaces à son encontre, selon lesquelles il allait commettre un meurtre, au risque de partir en prison. Visiblement, il était complètement enragé. Et j'avais dû lui faire promettre de ne pas lever la main sur Nute pour qu'il se calme. Puis il m'avait serré dans ses bras, avant de m'embarquer dans une embrassade pleine de réconfort. A vrai dire, je n'aurais même pas été surpris de le voir se rendre à l'hôtel avec une batte de baseball et demander à Miles le numéro de chambre du militaire.

Au final, je m'étais résigné. J'avais pensé qu'aller au travail aurait été la meilleure façon de purger mes soucis, mais cela n'avait fait qu'accentuer toute la douleur de ma séparation imposée avec Nute. Après tout, n'étais-je pas moi qui l'avais repoussé ? N'aurait-ce pas été normal que je ne sois pas anéanti par cette distance qu'il y avait entre nous ? Qu'est-ce qui clochait, chez moi ? Mes larmes avaient de nouveau roulé sur mes joues, et Neth avait heureusement été là une nouvelle fois pour m'aider à tout calmer. Je cherchai encore comment rattraper mon erreur avec Nute, du coup. J'étais complètement dépassé par les évènements. Lorsque je me souvenais de l'expression de douleur qu'il avait abordée la veille avec Anna et Aaron, mon cœur s'émiettait. Et je ne voulais pas que cela continue. Je voulais au moins être l'ami de mon employé actuel. Si je refusais qu'il y ait quoi que ce soit entre nous, je pouvais bien tout de même envisager une relation amicale, non ?

Dangereusement Engagés [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant