Marie

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"Mandy ? Je peux te parler ?"

La jeune fille ricane et me toise de haut en bas. Ses amies l'imitent, comme les fidèles servantes qu'elles sont. Bande de cruches. Elle vous manipule, vous le savez, et vous aimez ça.

Bien que je sois plus grande que Mandy et que je n'ai rien à me reprocher, elle me regarde comme si je l'importunais. Elle me lance, d'un air plein de dédain :

"Et bien vas-y, parle sale thon."

Je grince des dents et elle reprend, mimant faussement la surprise :

"Oh pardon ! Tu ne t'ai sûrement pas regarder depuis longtemps dans un miroir. Ta laideur doit te faire peur."

Je n'en reviens pas qu'elle m'attaque sur mon accident. Cette fille n'a pas de coeur. Mais si elle pense me connaître, elle se trompe lourdement. Je me moque qu'elle m'insulte, son venin ne m'atteint pas. Mais elle s'en ait prise à la chair de ma chair. Et ça, c'est impardonnable.

"C'est ta débilité qui me fait peur à moi. Tu n'es qu'une stupide bimbo de plus sur terre, juste bonne... Bonne à rien en vérité. Tu n'es rien du tout Mandy. J'ai voulu être gentille, je t'ai laissé la chance de s'expliquer en privé mais tu ne l'as pas saisie."

Elle tente de me couper, mais je lui lance un regard plus que noir et furieux. Si je pouvais je la frapperais. Au diable le fait d'être pacifiste ! Il y a des baffes qui se perdent. Je me demande où sont les parents pour éduquer d'aussi vils progénitures. C'est étrange, elle et ses amies ne ricanent plus. Je continue donc sur ma lancée :

"Tu n'as peut-être pas compris que personne je dis bien PERSONNE ne touche à ma sœur. Enfin bon, le terme toucher ne doit pas t'être familier vu le nombre de gars qui te tripotent ? Et ne joue pas l'innocente, après tout tu devrais être fière d'être une trainée ! Tu veux que je te dise ? Tu es une fille pourrie gâtée qui flingue la vie des autres parce que la sienne est nulle à chier. Peut-être que cela t'amuse de te comporter comme une enfant de 5 ans.
Alors oui tu peux te cacher sous tes couches de maquillages et tes seins siliconés, mais ça ne change rien à ta laideur intérieure."

Je m'approche d'elle, menaçante, et elle recule d'un pas. Elle ne fait plus la maline, étrange. Je pose mon doigt sur son torse et je continue :

"La prochaine fois que tu essayes de toucher à ma sœur, je te détruirai. Crois moi, je te ferais tomber de ton piédestal en moins de deux. Et la seule chose que tu pourras faire, c'est pleurer. Et toutes tes fausses amies et tes aventures d'un soir... Ils seront tous partis. Tu seras seule et tu l'auras mérité."

Je vois qu'elle essaye de reprendre contenance, de mordre, mais je ne le lui en laisse pas le temps et tourne les talons avant de partir dignement. C'est étrange, cette sensation grisante de pouvoir. J'ai presque envie de retourner la voir et de continuer à lui dire ses quatre vérités.

Mais tant qu'elle ne s'en prend pas à nouveau à ma sœur, je ne l'attaquerai pas. J'ai horreur d'être méchante avec les gens et de les critiquer. Cette situation ne se reproduira pas, sauf si elle est trop stupide pour avoir compris mes menaces. Peut-être que je suis pacifique parce qu'on s'est trop moqué moi ? Peut-être bien, oui. Je ne sais pas vraiment, j'ai volontairement oublié oublié cette période sombre de mon existence.

Je secoue la tête pour sortir de mes pensées. Je vois mon ancien groupe d'amis qui discute, affalé sur un banc. Je sais que si je ne fais pas le premier pas, même si cela se transforme en randonnée, je resterais seule. Surtout que j'ai une heure de permanence. Je m'approche donc et m'affale à leur côté en demandant d'une voix posée :

"Alors quoi de neuf ?"

Laurie s'écarte prestement, comme si ma présence la dégoûte. Manon et Louane firent de même. Nathan me répondit d'une voix tout aussi calme que la mienne :

"Et bien Benji a changé de lycée. Oh, et puis Victoire est morte, t'es pas au courant ?"

Je serre les dents. Ils savent très bien que je me sens coupable d'être encore en vie et pas elle. C'est une amère blessure qui na pas encore cicatrisée et ils osent m'en reparler ?! Je n'en reviens pas qu'ils m'attaquent sur ça, puisque les filles ont le même regard avec cette lueur de reproche. Je ne peux supporter cela, le fait de se sentir moins importante, presque insignifiante par rapport à quelqu'un d'autre.

Alors je retiens mes larmes, attrape mon sac et sans répondre, je pars et me dirige vers le CDI. J'entends au loin leurs rires moqueurs. Leurs paroles blessantes, tranchantes comme des rasoirs, pénètrent ma peau et s'infiltrent dans mes veines.

Tu ne sers à rien, Marie.

Et je me rend compte qu'en laissant s'éloigner certaines personnes, on s'aperçoit qu'on ne les a jamais connues. Si elles reviennent vers vous, c'est qu'elles sont vos amies. Si elles ne reviennent pas, c'est qu'elles ne l'ont jamais été. Et j'ai l'impression qu'une part de mon existence m'est enfin révéler : un véritable mensonge.

Je vais m'asseoir sur les escaliers devant le CDI et sors mon carnet de croquis, avant de me mettre à dessiner. Je me débrouille plutôt pas mal, ça fait quoi... 7 ans que je prends des cours ? La musique à fond dans mes écouteurs, je suis perdue dans mon monde. J'aime cette sensation d'être seule avec mes pensées, de pouvoir réfléchir sans être dérangée. Pouvoir pleurer sans que personne ne s'en soucie.

Soudain je me rend compte d'une présence car Tiffanie me touche gentiment l'épaule. J'enlève mes écouteurs et lui adresse un sourire, qui ressemble plutôt à une grimace je pense. Elle m'apostrophe gentiment, penchée vers moi :

"Tu veux venir t'asseoir avec nous ?"

Elle me désigne un groupe de filles et de garçons non-loin. Je ne les connais pas mais bon... les personnes que je pensais connaître n'étaient enfaite que des inconnus. Alors pourquoi ne pas faire de nouvelles connaissances ? Je ne veux pas finir seule et sans amis tout de même...

Je hoche donc la tête et range mes affaires, avant de la suivre. Elle me présente, même si je pense que ce n'était pas nécessaire grâce à la publicité des médias, puis chacun se présente. La plupart essayent de m'inclure dans la conversation, et j'essaye au mieux de leur répondre. Soudain une fille, Élisa je crois, demande au groupe, et aux filles en particulier :

"Vous avez vu le nouveau pion ? Il est trop canon !"

Les filles commencent à papoter sur ce mystérieux bel inconnu. Cela me fait bien rire. Apparemment il a 19 ans et il a des yeux bleus à se damner. Lorsque j'ai le malheur d'annoncer que je ne l'ai pas vu, Élisa et Tiffanie se mettent en tête de me le montrer sur le champ.

Nous voilà donc toutes trois parties, en quête du beau et mystérieux surveillant... Arrivées à la rambarde du premier étage, elles pointent du doigt un jeune homme de dos. Et lorsqu'il se retourne, ma bouche reste ouverte d'étonnement et d'excitation.

Mais que fait le frère de Damon ici ?

Un voeu, un sourire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant