Incertitudes

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Avec beaucoup de chance (et aussi probablement aux prix des chambres), les trois angoisses, posaient leurs bagages au Dylan Hotel. Non seulement, l'hôtel avait quelques chambres de libres (dues à la fuite de quelques client,s suite à la fusillade quelques maisons plus haut) mais en plus il se situait à quelques mètres seulement de la maison de Thomas.

Une fois leurs valises déposées, ils traversèrent la rue pour se retrouver face aux cordon jaune de sécurité que les adolescents pensaient réservé aux séries américaines. Ils eurent beaucoup de mal à atteindre la limite autorisée, et, une fois atteinte, cela fut encore plus compliqué de trouver un personnel des forces de l'ordre qui veuille bien leur adresser la parole. Quand enfin, une jeune policière accepta de les écouter, elle les fit patienter un long moment avant de revenir  avec un homme en blouson de cuir noir, très grand et une barbe rousse qui lui mangeait la moitié du visage. 

- Bonjour. Inspecteur Fossey. Suivez moi. 

Le français presque parfait de l'homme les étonnait tous, mais ils étaient rassurer de pouvoir s'expliquer sans la barrière de la langue. Il les fit monter dans une voiture de police.

- I've something to finish. The get off the plain and discover ...

L'inspecteur leur jeta un coup d'oeil et s'aperçu que chacun suivait la conversation comme s'il parlait dans leur langue maternelle.

- Anyway... Treatment and offers coffee Ok? I'll be here in... 15 minutes.

Puis s'adressant à Madame Fontanes:

- Il vous emmène au poste. Ne vous inquiétez pas, j'ai juste quelques informations à vous poser...

- Et Thomas? Notre ami? Thomas Parme? Vous connaissez??

L'inspecteur regarda la jeune fille avec tristesse et hésita dans le choix des mots qu'il maitrisait mal.

- Ecoutez... Rentrez au poste avec mon collègue, on en parlera à mon arrivé. Je vous expliquerai tout cela. Prenez un café et récupérez un peu...

Personne n'ouvrit la bouche pendant les 10 min qui les séparait de Kichen's Hell. Le silence se prolongeait quand on leur proposa de rentrer dans une salle cosy du commissariat et de s'installer sur des canapés qui dataient de 1912 mais ils avaient l'avantage d'être confortables et rassurants. L'agent qui les accompagnaient pris le temps d'éteindre la télévision qui braillait dans la salle vide.

- Coffee? Sorry. We haven't got croissants here...

Chacun refusa la proposition de l'agent, trop noués par l'information qui allait leur être donnée. 

- Have you got some news? demanda Thomasine dans un anglais mal assuré

- Somebody will come to talk to you...

Quelques minutes plus tard, en effet, l'inspecteur Fossey passa la porte, l'air préoccupé. Il remercia le type qui les avait accompagné, celui-ci ne demanda pas son reste pour quitter la pièce lourde en inquiétude. Il s'assit en face des trois français.

- Thomas Parme a été victime d'une fusillade ce matin aux alentours de 8h. Nous n'arrivons pas à déterminer s'il s'agit d'une victime accidentelle ou s'il était réellement visé. Son épouse nous a expliqué qu'il partait à l'aéroport vous accueillir. Visiblement vous vous êtes rencontré il y a peu, mais vos familles sont amis depuis des générations. Une sacoche qu'il portait sur lui a disparu, mais nous savons de source sure, que personne n'est descendu de la voiture quand la fusillade a eu lieu. Elle a donc disparu entre la fusillade et l'arrivée de la police... Nous examinons les vidéos. 

- Est-ce qu'il est...

Seul Etienne avait osé poser la question.

- Oui. Je suis désolé. Son épouse désire vous rencontrer mais vous demande quelques jours, le temps de préparer leurs enfants et de s'organiser. Elle est profondément choquée, ce qui peut se comprendre mais elle a immédiatement pensé à vous. Elle ne voulait pas vous laissez vous inquiéter.

Les trois français étaient sous le choc. Mais très professionnellement et tout en respectant leur choc, l'inspecteur continua sur sa lancée:

- J'ai quelques questions à vous poser d'accord? Je voudrais connaitre les liens entre la famille de la victime, et la raison de votre voyage.

Thomasine avala sa salive, elle ne devait pas mentir, tout en restant suffisamment évasive pour ne pas éveiller les soupçons de l'inspecteur.

- En fait, c'est moi qui ai des liens avec Monsieur Parme. C'est compliqué à expliquer mais depuis des générations nos familles sont amies. Nous sommes même probablement cousins quelques part, mais ça date. Ma mère m'avait toujours parlé de la famille Parme. J'ai même des photos de moi dans les bras de sa mère... 

Les larmes de fatigue et de découragement montaient aux yeux de Thomasine. Mais elle les essuya du revers de sa manche. Etienne attrapa sa main au vol. Puis ce fut au tour de la mère de famille de reprendre la parole.

- Mon fils et Thomasine sont amis. Enfin... Un peu plus que cela... Je vis à New-york à l'année et je suis rentrée à Paris début décembre. Mon fils m'a présenté cette jeune femme auquel il semblait très attaché. Dans le même temps, sa maman est tombée malade. Je crois qu'elle a eu besoin de retracer l'histoire de sa mère, qui est aujourd'hui, hospitalisée à Paris. La rencontre avec Monsieur Parme était essentiel. Je suis professeure de psychologie, croyez bien que, je sais parfaitement quel traumatisme Thomasine est en train de traverser. Je pense qu'un peu de repos de serait pas de trop...

- Je me doute. Je n'ai rien pour vous retenir. Vous étiez dans l'avion, votre version et la version de son épouse sont les mêmes, et je ne suis pas suffisamment fou pour penser que deux gamins de 16 ans puissent organiser un meurtre à l'autre bout de l'atlantique. Cependant votre arrivée et ce meurtre coïncident de façon surprenante et peut-être que nous pourrions résoudre cette enquête grâce à vous. Pouvais-je vous demander de rester ... "free"?

- Disponible... corrigea la professeure

- Merci... Disponible pour répondre à mes questions...

- Bien sur... Répondit Etienne qui jusque là n'avait pas mouffette.

- On va vous raccompagner. Vous loger où?

- Au Dylan Hotel. Nous devions loger chez la famille Parme mais au vu des événements...

- C'est un excellent hôtel Mrs... Reposez vous un peu, autant que vous le pouvez. Et prenez l'air quand même. Je ferai parvenir à Madame Parme le nom de votre hôtel pour qu'elle prenne contact avec vous. 

Il déposa une main ferme et musclée sur l'épaule de l'adolescente "Restez forte. Vous avez des amis ... amazing."

Le médaillon de MousselineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant