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Tata Maïna m'a expliqué quand je suis rentrée. Mais d'abord, elle avait dû s'occuper de la plaie que je m'étais faite à la sortie de l'école. Dan, un des amis d'Anna m'avait bousculée pour rigoler. Ce n'était pas vraiment drôle pour moi, me voilà avec une grosse blessure au genou droit.

Mais j'ai pas pleuré devant eux. Je suis plutôt fière. Tata m'a dit que c'était bien et que j'étais courageuse et ça m'a fait plaisir. Par contre mémé elle ne m'a pas cru. Elle m'a juste grondé en disant de faire plus attention sans me laisser le temps de lui expliquer.
Toute façon je ne vais jamais leur raconter que les enfants sont méchants avec moi.

Ils ne vont pas me croire et si c'est le cas, ça va m'apporter encore plus de problèmes. Alors comment expliquer que je suis triste partout où je vais ?
Je risque de les attrister aussi. Ou de les mettre en colère. Ou les deux, tiens.
Malgré ça, je me dis qu'il y a pire que moi. Certains sont plus malheureux, n'ont ni d'abris, ni de nourritures et en plus n'ont peut-être pas plus d'affection que ma misérable personne.

- Liliane ! Viens manger ! M'appela ma grand-mère.

J'allai dans la salle à manger directement en ayant pris soin de me laver les mains dans ma salle de bain. Papi était déjà à table. On n'attendait plus que moi on dirait.

- Hey Lili passe moi la bouteille d'eau s'il te plaît, me demanda papi.

- Papi on pourrait pas changer de chaîne s'il te plaît ?

Je lui tendis la bouteille.

- Non mais pourquoi tu veux changer de chaîne ? Pour regarder des bêtises au lieu de regarder le journal. Mange là-bas tchrr, me gronda ma grand-mère.

Je baissai la tête et le repas finit par le bruit de la série Borgia. On n'avait même plus regardé le journal. Elle était nulle sa série comparée au documentaire sur l'être humain que je voulais regarder. Tant pis.

Après avoir débarrassé mon repas, j'allai dans ma chambre, là où tata m'attendait. Son air sérieux ne m'annonçait rien de bon. Qu'est-ce-que j'avais encore fait ?

- Lili vient t'asseoir s'il te plaît. J'ai quelque chose à te dire. N'aie pas peur il n'y a rien de grave, me rassura t-elle avec une voix douce.

Ça ne m'avait pas rassuré au fond. Je m'assis sur le lit à côté d'elle, la regardant droit dans les yeux. Ce qui lui arracha un sourire triste. Comment arrivent-ils à sourire lorsqu'ils sont tristes ? Je n'arrive pas à le faire. Ça m'aurait peut-être aidé à paraître moins faible.

- Bon... Lili tu sais que je t'aime et que tu es ma deuxième fille après Anita ? Pourquoi tes yeux sont humides ? Je n'ai encore rien dit. Pleure pas hein. Tu sais quand tu pleures, j'ai envie de pleurer.

En me souvenant de cette petite chanson ça me fit un peu sourire et elle continua. Mais j'aurais souhaité ne jamais l'entendre finir de parler.

LilianeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant